Le nom de ce jeune Alsacien,ex-étudiant en psychologie,figure au nombre des 22 000 combattants listés par le groupe Etat islamique.
Ses proches sont abasourdis.Au compte-gouttes,les fichiers attribués à Daech commencent à livrer leurs secrets,réservant çà et là de terribles surprises.
Parmi les centaines de noms de combattants référencés,dont trois terroristes impliqués dans l'attaque du 13 novembre 2015 au Bataclan,émergent en effet d'autres destins encore plus singuliers et des parcours bien plus énigmatiques.
A commencer par ceux de Romain D.,ex-étudiant en psychologie,originaire de la région de Mulhouse (Haut-Rhin).
Ce jeune homme de 26 ans,qui a vivoté grâce à de petits boulots dans la restauration et dans la culture de la vigne,n'était,semble-t-il,jamais apparu sur les radars de l'antiterrorisme : son nom ne figure pas parmi les islamistes radicaux français connus de la justice pour s'être rendus dans les zones de combat.
Plus étonnant encore,sa mère,« sans nouvelle de lui depuis juin 2013 »,a appris l'information de la bouche d'un journaliste anglais.
Ce dernier l'a appelée vendredi pour avoir confirmation de l'état civil de ce combattant présumé de Daech.
Elle est tombée des nues.
Le quotidien « The Telegraph » venait en effet d'obtenir copie d'une partie de la liste attribuée à l'organisation terroriste,par un journal syrien d'opposition.
Les journalistes britanniques cherchent depuis à en vérifier l'authenticité auprès des familles à partir des identités mentionnées dans le document.
« Parmi 1 736 noms de combattants venus de 50 pays figurait celui de Romain D. »,témoigne Henry Samuel correspondant du journal à Paris.
Sous le nom de guerre de Khattab,le Français apparaît sur une liste de candidats « volontaires pour mourir en tant que bombe humaine ».
Dans le registre,face à son nom et à son état civil,est indiqué le numéro de téléphone
de sa mère avec la mention suivante : « Ne les appelez pas,même si je meurs »...
Interrogée par le journal britannique,la mère se dit « ahurie »,évoquant un « possible lavage de cerveau » du benjamin de cette fratrie de deux enfants.
Sa présence en Syrie relève-t-elle de l'erreur,de la rumeur ou est-ce,au contraire,une information crédible ? « Nous nous raccrochons à l'espoir qu'on ait pu lui voler ses papiers et que quelqu'un se fasse passer pour lui car cela ne lui ressemble pas.
C'est comme si on parlait d'un autre,qu'on le salissait et qu'on nous salissait au passage »,explique-t-on dans l'entourage de Romain D.
Ses proches évoquent une personnalité toujours prête à aider les autres « du genre à s'interposer dans une bagarre mais jamais à la provoquer ».
Aucun ne semble avoir eu connaissance d'une éventuelle conversion du jeune homme,décrit comme très perturbé par la mort de sa grand-mère maternelle,atteinte de la maladie d'Alzheimer,à la fin de l'année 2012.
C'est justement l'époque où l'ex-étudiant en psycho quitte le domicile de ses parents pour s'installer à Strasbourg,donnant de moins en moins de nouvelles au fil des mois.
La famille,pourtant « très unie »,aurait alors jugé nécessaire de le laisser prendre de la distance,« en respectant ce choix ».
C'est pourquoi elle n'aurait pas cherché à signaler cette disparition,potentiellement inquiétante,aux services de police.
le parisien