P rès du tiers des quelque 6.000 espèces d’amphibiens recensées sont menacées de disparition.
L’un des coupables de ce déclin est un champignon qui provoque une maladie mortelle chez les amphibiens.
Les changements climatiques sont aussi accusés.
Pour la première fois, des chercheurs montrent clairement que le réchauffement climatique favorise le développement du champignon qui décime les grenouilles, malades de la chytridiomycose.
Ces travaux sont publiés aujourd’hui dans la revue Nature.
Les ravages du Batrachochytrium dendrobatidis ont été particulièrement dramatiques en Amérique latine.
Dans des endroits pourtant protégés comme les forêts du Costa Rica, les deux-tiers des 110 espèces de grenouilles arlequins (du genre Atelopus) ont disparu dans les années 80 et 90.
C’est là qu’Alan Pounds et ses collègues ont mené leur étude.
En se basant sur des registres de températures de l’air et de la surface de la mer, ces chercheurs montrent que la montée des températures créent un climat favorable au champignon.
En effet la couverture nuageuse augmente au-dessus de ces zones tropicales, réduisant les écarts de température entre le jour et la nuit.
Jusqu’à présent les scientifiques butaient sur un paradoxe : B. dendrobatidis aimant avant tout l’humidité et les températures modérées, le réchauffement ne semblait pas offrir les meilleures conditions pour sa prolifération.
Tout dépend de l’altitude, expliquent aujourd’hui les chercheurs.
C’est dans les altitudes moyennes, entre 1.000 et 2.400 mètres, que les Atelopus disparaissent le plus.
C’est là que la couverture nuageuse joue son effet. Plus bas, ou plus haut, l’écart de température est plus élevé, freinant le développement du champignon.
A l’origine, Batrachochytrium dendrobatidis n’était présent que chez des grenouilles africaines du genre Xenopus, qui n’en mourraient pas.
L’utilisation de tissus de ces grenouilles pour fabriquer des tests de grossesse a conduit à leur dissémination sur tous les continents, avec le champignon, qui s’est malheureusement fort bien adapté.