Hospitalisée à tort par son ex-mari avec la complicité du médecin de famille,une femme a demandé mercredi au tribunal de récupérer la garde de ses enfants dont elle est séparée depuis.
Dans son petit appartement de Saint-Jean-de-Braye,dans la banlieue d'Orléans (Loiret) les classeurs s'étalent sur la table du salon,jusqu'à la recouvrir entièrement. Fleury-les-Aubrais (Loiret),lundi.
Valérie se bat depuis cinq ans pour récupérer la garde de ses enfants,qu’elle ne voit que deux après-midi par mois depuis son internement.Tous débordent de documents liés aux procédures entamées par Valérie Dubois,engluée depuis cinq ans dans un invraisemblable combat pour récupérer la garde de ses enfants sur lequel s'est penchée la justice mercredi.
En juin 2010,elle a passé 28 jours en hôpital psychiatrique,un placement d'office que son mari contre qui elle venait de porter plainte pour violences avait obtenu grâce à un certificat de complaisance du médecin de famille.
Sur les seuls dires de l'époux et sans l'avoir examinée,le généraliste y évoquait un « délire mystique »,une femme « dangereuse pour elle-même et son entourage »,allant même jusqu'à établir une ordonnance pour de l'Haldol,un puissant neuroleptique
Depuis,les deux hommes ont été condamnés pour faux et usage de faux à huit mois de prison avec sursis pour l'un,six mois avec sursis pour le second.
Hier,c'est devant la chambre civile du tribunal de Paris que la jeune femme de 36 ans et son avocat,Me Raphaël Mayet,ont demandé réparation,assignant l'époux,le médecin mais aussi l'hôpital psychiatrique ainsi que l'Etat,décisionnaire via le préfet,des hospitalisations d'office.
« Dès son arrivée dans l'établissement,Mme Dubois a expliqué ne pas avoir été examinée par ce médecin.
La prudence élémentaire eût été de vérifier la véracité du certificat,argumente Me Mayet.
Un mois plus tôt,ma cliente était venue le consulter,non pas pour des problèmes psychiatriques,mais bien pour des violences conjugales !
Il avait d'ailleurs constaté des ecchymoses et prescrit une ITT de trois jours. »
La plainte avait ensuite été classée sans suite.
Mais pour Valérie Dubois,l'essentiel n'est pas là.
Depuis son internement,elle ne voit plus ses enfants que deux après-midi par mois,sur décision du juge des enfants,dans le cadre du divorce.
« L'hospitalisation d'office signifie que la personne est présumée dangereuse,détaille M e Mayet.
Cette présomption a joué et joue encore contre M me Dubois. »
Pourtant,la mère de famille a fait réaliser des expertises qui ont conclu qu'elle ne présentait aucun trouble.
Las,le juge refuse de revoir sa position,malgré la condamnation définitive du mari.
« Mon client n'a été condamné que pour un certificat,et pas celui qui a servi de base à l'hospitalisation d'office »,nuance Me Caroline Benhaim, son avocate.
Les deux documents sont en réalité identiques,à l'exception de la date.
Elle rappelle également l'existence d'une vidéo,qui a pesé lourd dans la décision du préfet,où l'on voit Valérie Dubois qui chercherait à « désenvoûter » son mari.
Un document « douteux »,selon Me Marie Grimaud,avocate de Valérie Dubois sur le volet familial.
De son côté,l'avocat du médecin,M e Bruno Césaréo,reconnaît que son client a commis une faute mais rajoute qu'il était persuadé qu'elle représentait un danger pour elle et sa famille.
Aujourd'hui,faisant défiler sur son
les photos de Christal,15 ans,et Yann,11 ans Valérie Dubois s'inquiète pour leur santé.
« Ma fille a fait une fugue,se scarifie...
Pourquoi ne les écoute-t-on pas ? On nous a volé notre vie de famille. »
Le tribunal rendra sa décision le 14 octobre.
le parisien