Début d'émeute pour récupérer des vêtements gratuits

La foule s'est rué sur un lot déposé rue des Changes par la boutique Comptoir Basic



« Je n'avais jamais vu cela, note une passante, témoin de la scène mardi soir rue des Changes. Ils se sont tous précipités sur ces cartons, s'arrachaient les vêtements, repartaient avec des sacs pleins. Pire, il y avait même des gens qui se battaient. Comme cette femme qui est tombée, poussée par une autre ».

C'est vrai que la scène était plutôt inattendue.
Mardi vers 18 heures, Gérard Levin et son épouse, propriétaires du magasin Comptoir Basic, rue des Changes, déposent sur le trottoir un lot de cartons contenant des vêtements sous emballages et d'autres un peu plus usés : « C'est ce qu'on appelle un fond d'armoire, précise Gérard Levin. Des jeans, des chemises, des chemisiers et des impers, certains avec quelques petites imperfections, mais tous portables. Au lieu de les jeter, on a pensé qu'il était plus solidaire de les déposer sur le trottoir pour combler certains ».

À peine déposés, les cartons sont pris d'assaut au cours d'une vraie foire d'empoigne : « Très vite, la foule est devenue compacte, reprend le propriétaire dont le magasin est l'un des plus anciens de la rue. Chacun voulait son vêtement. Il y avait un homme en fauteuil roulant, mais aussi des jeunes, des femmes, des bobos. Tous voulaient avoir quelque chose ».

Gérard ne se souvient pas d'avoir assisté auparavant à une telle situation : « Une heure plus tard, tout était parti.
La crise justifie ce rush. Beaucoup de gens sont dans le besoin. Toutes les occasions sont bonnes pour obtenir des choses gratuitement ».


Les cartons vides


Si cette boutique a un comportement solidaire, toutes n'ont pas le même esprit : « Il y en a qui préfèrent détruire les lots impropres à la vente, note un commerçant de la rue sans citer de nom. Plutôt que de les laisser au public ».

Il ajoute : « Vous savez, ici depuis quelque temps, le public s'arrache même les cartons vides, c'est dire ».
A l'heure où les magasins tirent leur rideau, c'est souvent là que la ruée s'amorce : « Ils fouillent dans les cartons, prennent même parfois des vêtements déchirés, bons pour la poubelle. La crise a accentué cette situation », relève Gilles, patron des bonbons Glu'ps. Comme ce jeune de 30-35ans qui chaque soir vient fouiller dans ces cartons vides. Et en retire emballage et papiers divers. Pour en faire quoi ? ».