Exploiter des ressources naturelles
Bien avant l'ère moderne, les hommes devaient déjà se nourrir, s'habiller, fabriquer des parures, etc.
On imagine souvent que leur vie est une lutte quotidienne, une sorte de survie. En réalité, ils tirent un maximum profit des ressources de la nature. Peaux de bête, laine, miel, lait, œufs, nacre, soie…
Aujourd'hui, nous les utilisons encore. Quels sont les produits en question ? A quoi servent-ils ? Comment arrivons-nous à nous les procurer et à quelles fins ?
Découvrez comment nous continuons sans cesse à exploiter les joyaux, parfois bien dissimulés, du monde animal.
Tondre pour se vêtir La laine
Il est possible de s'habiller à partir des peaux des animaux chassés et consommés. C'est d'ailleurs comme cela que nos ancêtres préhistoriques faisaient pour résister aux intempéries. La domestication animale a permis aux hommes de ne plus avoir à chasser (du moins, pas en permanence) et de jouir des produits secondaires fournis par les animaux élevés, en plus de la viande. Lait, œufs, laine, etc.… On peut même se demander si la motivation première de l'élevage n'a pas été de pouvoir disposer de ces produits plus régulièrement et plus facilement.Toujours est-il que les hommes ont rapidement compris que la laine est une ressource indispensable pour la fabrication, entre autres, des textiles. La laine désigne les fibres kératiniques des moutons et de leurs cousins de la famille des ovidés. D'autres animaux sont porteurs de laine comme les alpagas et certains lapins angora par exemple.
Depuis la tonte de l'animal jusqu'à la confection des vêtements en laine, il existe une très longue chaîne opératoire qui nécessite la maitrise de nombreux savoir-faire techniques.
Ostentatoire et irisée : La nacre
La nacre est le matériau qui couvre souvent la face interne des coquillages, comme les huîtres par exemple. Tout au long de sa vie, le mollusque sécréte cette substance qui va recouvrir sa coquille régulièrement, sous forme de couches. La nacre est composée de cristaux d'aragonite (carbonate de calcium), de conchyoline qui cimente les cristaux d'aragonite entre eux, d'eau et de divers ions. La disposition particulière de tous ces éléments chimiques est la cause principale de l'aspect irisé de la nacre car elle provoque comme une sorte d'interférence des rayons lumineux. Nous avons toujours récolté les nacres pour leurs valeurs ostentatoires, pour en faire des bijoux ou des objets précieux, au point même aujourd'hui d'élever certaines espèces d'huîtres perlières.
Une fois compris, le mécanisme naturel de la formation des perles peut être artificiellement recréé. La nacre est une matière fascinante car l'animal est capable de la régénérer
Parfum et cachalots: L'ambre gris
Sans rire, il y a un vrai rapport entre les cachalots et les parfums les plus raffinés (et aussi les plus chers), et ce point commun, c'est l'ambre gris.
Les cachalots sont très friands de poulpes, ils en consomment beaucoup. Seulement voilà, ils les mangent tout entiers, sans faire cas de leurs poches d'encre. Du coup, au moment de la digestion, se forme dans leurs intestins une substance solide et grasse : l'ambre gris.
Ramassé sur les plages, l'ambre gris, après avoir été exposé à la lumière et à la chaleur, développe un parfum chaud qui est utilisé par la parfumerie pour fixer ou renforcer d'autres senteurs plus fugaces.
Mais l'ambre gris est un produit très rare donc très cher, c'est pourquoi aujourd'hui on le remplace souvent par des produits de synthèse.
Des vers très luxueux : Les vers à soie
Les vers à soie sont des chenilles particulières. Toutes appartiennent à la même espèce Bombyx mori.
Elevées pour leur soie, ces chenilles ne deviennent guère souvent des papillons car, ce qui nous importe, c'est, avant tout, qu'elles produisent de la soie et qu'elles assurent la survie de l'espèce, donc qu'elles se reproduisent. Tradition chinoise vieille de plus de 4000 ans, les vers à soie élevés sont considérés comme une espèce domestique. La soie qu'ils produisent n'est rien d'autre que le fil servant à fabriquer leur cocon. Ce dernier est sécrété par les glandes sérigènes des vers à soie. Il suffit d'un seul fil pour créer un cocon entier : sa longueur est donc parfois impressionnante, elle peut atteindre les 1400 mètres.
L'or blanc : L'ivoire
L'ivoire est un des éléments qui constitue les dents avec l'émail, la dentine, etc. Cette matière particulière est le résultat d'une calcification progressive de la pulpe intérieure de la dent. En cela, elle est composée en partie de matière organique (pulpe) et de calcium. L'ivoire, c'est aussi le nom donné à la matière compacte que forment les dents extérieures de quelques mammifères comme l'éléphant, l'hippopotame, le morse ou encore le narval. S'agissant d'un matériau très dur, l'ivoire a largement été utilisé dès la préhistoire pour la fabrication d'outils et d'objets d'art mobilier. Par la suite il a été érigé au rang de matière précieuse, ce qui a conduit à de sérieux problèmes écologiques notamment celui de l'extinction massive d'éléphants. Aujourd'hui son commerce est très réglementé voire interdit dans de très nombreuses régions du monde
Le musc : Une origine insoupçonnée: Le porte-musc
Tout comme l'ambre gris, le musc entre dans la composition des parfums. Etonnant de voir à quel point la parfumerie est emprunte de matière animale, car si l'ambre gris provient des intestins des cachalots, le musc est produit par le chevrotain mâle, exclusivement. Pendant la période du rut, cet animal autrement appelé leporte-musc, développe sous la peau de son abdomen une glande. Dans cette glande, une sécrétion brune se forme : c'est le musc. Liquide quand il est dans la glande, le musc devient solide en séchant, ce dernier est bien moins prisé par les nez avertis.
La récolte du musc pose malgré tout un problème. Une glande en contient seulement 30 grammes et pour les obtenir, il faut abattre l'animal. Situation critique lorsque l'on sait que le chevrotain est une espèce menacée d'extinction. Mais aujourd'hui, nous sommes heureusement capables de créer artificiellement l'un des composés de base du musc :la muscone.
Domestiquer pour mieux exploiter
Nous utilisons les ressources que la nature nous met à disposition. Parfois, il nous suffit de nous baisser pour les ramasser. D'autres fois nous devons apprivoiser ces animaux et les soumettre à l'élevage, pour mieux contrôler et disposer de leurs productions. La domestication animale a permis aux hommes d'avoir en permanence des ressources pour se nourrir, pour se vêtir, etc. Une fois les animaux élevés, il est plus facile de les traire, de les tondre, de les tuer que lorsqu'ils sont encore à l'état sauvage.
La sédentarisation, la domestication des plantes qui permet ensuite l'agriculture, la domestication animale et l'élevage sont trois caractéristiques de ce que l'on appelle "la révolution Néolithique". Apparue vers 6000 ans avant J-C, cette révolution a eu un impact aussi fort que la révolution industrielle du XIXe siècle sur notre société