En premier lieu, nous nous tenons debout parce que notre squelette nous le permet.
Il ne suffit pas à un quadrupède de se redresser pour devenir bipède : toute l'architecture du squelette est modifiée.
Un squelette très spécialiséLe trou occipital est l'orifice par lequel passe notamment la mœlle épinière.
De la position de ce trou dépend la position générale du corps.
Chez les quadrupèdes, il est en arrière de la tête, dans le prolongement de la colonne vertébrale.
Alors que chez le bipède, il se trouve au centre.
De plus, la colonne vertébrale du bipède forme un angle droit avec la base du crâne.
Elle présente d'ailleurs une cambrure spécifique : on peut y déceler 4 courbures au lieu de 2.
Cela permet de mieux amortir les chocs et les tensions dus à la marche sur 2 pieds.
Plus robuste, plus large et plus bas, le bassin permet de soutenir les viscères et le poids du tronc.
Ce bassin adapté à la bipédie rend l'accouchement humain le plus compliqué de tous les mammifères.
Les bipèdes présentent également une réduction de la longueur des membres antérieurs par rapport aux membres postérieurs.
De plus, le fémur comporte une crête qui maintient la rotule en l'empêchant de se déboîter sur le côté.
Enfin, la forme générale du pied permet d'absorber les chocs dus à la bipédie et de donner une impulsion supplémentaire lors de la marche.
Et le gros orteil est large et aligné avec les autres doigts de pied.
Bipèdes depuis au moins 6 millions d'annéesSi nous connaissons les raisons anatomiques qui nous permettent de tenir debout, nous tâtonnons en ce qui concerne les origines de cette bipédie.
La station verticale a existé assez tôt.
Orrorin Tugenensis, il y a 6 millions d'années, possédait un squelette adapté à la station verticale.
Vers 3,5 millions d'années, des empreintes fossiles découvertes en Tanzanie montrent que les australopithèques se déplaçaient sur deux jambes.
Les scientifiques ont d'abord pensé que le changement de milieu est à l'origine de cette évolution : les australopithèques seraient passés de la forêt à la savane. Ils se seraient redressés afin d'avoir un angle de vision supérieur, d'impressionner leurs adversaires, de transporter des outils ou des armes. Cette hypothèse est aujourd'hui invalidée.
Une autre hypothèse veut que la bipédie soit une acquisition ancienne.
Car l'homme n'est pas le seul à l'utiliser.
Les grands singes comme les chimpanzés ou les bonobos marchent souvent sur 2 jambes.
La bipédie est donc une caractéristique commune à tous les hominidés, pas utilisée par tous à la même fréquence. Cette aptitude se serait amplifiée au cours du temps pour devenir l'unique moyen de locomotion chez les hommes modernes.
Un ancêtre commun déjà sur deux pattes ?Enfin, une dernière hypothèse : nous avons un ancêtre dont la bipédie était le principal mode de locomotion. Cela signifie d'une part, que la lignée humaine n'a pas acquis ce mode de locomotion, et d'autre part, que les grands singes actuels sont devenus arboricoles.
Yvette Deloison, chercheur au CNRS, propose ainsi un ancêtre commun doté d'une attitude bipède redressée. De petite taille, il aurait vécu il y a 15 millions d'années. En effet, la main humaine n'a jamais pu être une patte car elle est beaucoup plus primitive que celle des grands singes.
Ainsi un ancêtre bipède expliquerait que la main soit restée primitive et donc non spécialisée.
Quelle qu'en soit l'origine, tout le monde s'accorde sur le fait que la station debout, par ses conséquences anatomiques, a permis l'augmentation du volume cérébral.
Selon Stephen Jay Gould "l'Homme s'est d'abord mis debout, puis il est devenu intelligent".