La fille de Meriam n’a que 24 mois. Son père l’a kidnappée avant de rejoindre un groupe djihadiste. 
Delphine ne perd pas espoir de récupérer un jour ses trois enfants,retenus en Syrie par leur père,un islamiste radicalEt les trois enfants de Delphine sont entre les mains de son ex-époux,islamiste radical,à Hamah,en Syrie.
«Je préfère mourir avec mes enfants en terre musulmane plutôt que de les laisser vivre avec une mécréante comme toi. »
Voilà ce que Firas al Halabiya a lancé à Delphine,son ex-femme,la dernière fois qu’il a accepté de lui parler au téléphone.
Fanatisé,cet homme de 37 ans vit aujourd’hui à Hamah,dans le nord de la Syrie,une zone encore tenue par les forces gouvernementales mais cernée par de terribles combats.
Dans le salon du coquet appartement qu’elle partage avec sa mère,dans un quartier populaire de Rennes,Delphine a du mal à retenir ses larmes.
Elle montre les photos de trois bambins souriants.
François a 6 ans,Majed 11 ans,et Hélène,l’aînée,13 ans.
Mariée avec un Syrien,Delphine a elle-même vécu à Hamah.
Elle était amoureuse,comme on peut l’être à 18 ans.
Mais,pour elle,le conte de fée s’est transformé en cauchemar.
« Là-bas,je n’avais pas le droit de sortir de la maison.
Je portais la burqa,ce voile qui couvre tout le corps et tout le visage,je ne pouvais ni travailler ni étudier… »
« Tu ne les reverras plus »En 2007,Delphine parvient à convaincre son mari de venir vivre en France.
« Il s’est laissé tenter parce qu’il avait compris qu’il pourrait obtenir des aides sociales.
Mais à Rennes,son comportement n’a pas changé ».
Le divorce était inéluctable.
Delphine,musulmane de nationalité française,vit désormais à l’occidentale.
Elle trouve un travail d’aide puéricultrice,se débarrasse de son voile et refuse de rester cloîtrée chez elle.
Elle obtient sans peine la garde de ses trois enfants,avec un droit de visite accordé à l’ex-mari un week-end sur deux.
Pendant plusieurs mois,le père des trois petits va faire semblant de s’adapter.
« Pourtant,je savais qu’il ne pouvait pas supporter de me croiser sans mon voile.
Il n’acceptait pas le mode de vie français mais en profitait pourtant »,témoigne Delphine.
Firas al Halabiya parvient tout de même à endormir la méfiance de son ex-femme.
Au début de l’été 2011,il prétend que son propre père est malade et que celui-ci veut revoir ses petits-enfants une dernière fois avant de mourir.
Delphine se laisse attendrir et accepte que les enfants effectuent un bref séjour en Syrie.
Erreur fatale.
Une fois sur place,le père est très clair : « Viens nous retrouver et vivre avec nous à Hamah comme avant ou tu ne les reverras plus. »
Delphine et ses avocats ont tiré toutes les sonnettes.
Au ministère des Affaires étrangères,où elle indiquait qu’elle allait partir elle-même en Syrie,en pleine guerre,pour récupérer ses enfants,on a seulement voulu lui faire signer un papier indiquant que les autorités françaises lui déconseillaient ce voyage !
« J’ai mis de l’argent de côté,j’ai emprunté et je suis partie quatre mois là-bas » raconte-t-elle.
Sur place,elle obtient de la justice syrienne une nouvelle fois la garde des enfants.
Mais,l’un de ses avocats commet une bévue.
Traîtrise ou erreur ? Il appelle le père pour lui signifier le jugement plutôt que d’aller récupérer les enfants avec la police.
Depuis,les trois petits vivent cachés par la belle-famille de Delphine…
« Ma fille est otage »Elle n’est pas la seule dans ce cas.
Meriam,25 ans,qui vit actuellement dans le pays de Gex,à deux pas de la frontière franco-suisse,se bat pour revoir un jour sa petite Assia,qui a eu 24 mois mardi dernier.
Son ex-mari,un Tunisien endoctriné au retour d’un pèlerinage à la Mecque,lui a promis qu’il mourrait en martyr avec sa fille.
Cet homme,qui s’est radicalisé en quelques semaines,a rejoint le front al-Nosra,un groupe islamiste parmi les plus radicaux.
Il serait actuellement à proximité de la frontière turque,côté syrien.
« Ma fille est otage,comme peuvent l’être des journalistes ou d’autres Français retenus en Syrie.
Pourquoi les autorités françaises ne font-elles rien ? »,interroge Meriam.
Au-delà du drame humain que vivent ces familles,il y a,bien sûr,l’extrême difficulté pour ne pas dire l’impossibilité à agir dans un pays en pleine guerre civile avec lequel la France n’a passé aucune convention pour l’application des décisions de justice.
Faut-il pour autant laisser de si jeunes enfants au pays du djihad,leur vie menacée à chaque instant,sans rien tenter ?le dauphiné 
Sujet: Les enfants français de Delphine pris dans le piège syrien 
