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 La lente agonie d'un condamné à mort (Dennis McGuire) de l'Ohio

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mimi
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MessageSujet: La lente agonie d'un condamné à mort (Dennis McGuire) de l'Ohio   La lente agonie d'un condamné à mort (Dennis McGuire) de l'Ohio I_icon_minitimeVen 17 Jan - 16:49:58

Exécuté cette nuit,Dennis McGuire a semblé endurer des souffrances intolérables durant 24 minutes après l'injection d'un cocktail létal jamais administré auparavant.

Un condamné à mort de l'Ohio a semblé endurer de terribles souffrances et a pris un temps anormalement long à mourir plus de 20 minutes lors d'une exécution effectuée jeudi 16 janvier par l'injection létale d'un cocktail médicamenteux jamais été testé auparavant.

La lente agonie d'un condamné à mort (Dennis McGuire) de l'Ohio 68569710

Dennis McGuire,53 ans,condamné pour le viol et le meurtre en 1989 d'une jeune femme enceinte,a été déclaré mort à 10h53 (15h53 GMT)à Lucasville ,a indiqué une porte-parole des autorités pénitentiaires de l'Ohio.

Selon le nouveau protocole de cet Etat,il a été exécuté par l'injection du sédatif midazolam et de l'antalgique hydromorphone,dont le mélange n'avait jamais été utilisé aux Etats-Unis.

Comme d'autres Etats américains,l'Ohio a changé de procédure pour les exécutions après le refus des fabricants européens de fournir,pour le châtiment suprême,l'anesthésiant employé jusqu'ici.

"Une peine cruelle et inhabituelle"

L'injection a commencé à 10h29 soit 24 minutes avant l'heure à laquelle sa mort a été prononcée,selon le reporter du quotidien local "Columbus Dispatch".

C'était,d'après le pool de journalistes ayant assisté à l'exécution,la plus longue exécution depuis que l'Ohio a rétabli la peine capitale en 1999.

"A 10h33,McGuire a commencé à se débattre et à haleter fortement,en produisant des sons d'éternuement et de suffocation qui ont duré au moins dix minutes,le poing serré en soulevant la poitrine.

Un râle long et profond sortait de sa bouche",a ainsi rapporté la presse locale.

Ses avocats avaient affirmé que McGuire allait mourir d'asphyxie par un phénomène de "manque d'air" et endurerait "une peine cruelle et inhabituelle" prohibée par la Constitution.

Mais tous les appels du condamné,jusque devant la Cour suprême des Etats-Unis,avaient été rejetés.

Le bureau des grâces de l'Ohio aussi lui avait refusé sa clémence,suivi par le gouverneur John Kasich,qui par le passé a commué quatre condamnations à mort et exprimé des réserves sur la peine capitale.

Un juge fédéral de l'Ohio,Gregory Frost, avait jugé que "la preuve n'avait pas été faite devant ce tribunal que McGuire présentait un risque substantiel d'expérimenter une souffrance sévère",selon le document judiciaire.

En Oklahoma aussi

Sur les trois exécutions conduites cette année,il s'agissait de la deuxième qui,conduite avec de nouveaux produits,semble s'être produite dans des souffrances inhabituelles.

Le 9 janvier en Oklahoma,le condamné à mort Michael Lee Wilson lâchait,dans ses derniers mots sur la table d'exécution : "Je sens tout mon corps brûler",alors que l'injection intraveineuse avait déjà commencé,selon un porte-parole des autorités pénitentiaires,Jerry Massie.

L'Oklahoma avait aussi dû trouver un autre fournisseur pour ses injections létales.

Elles avaient obtenu le barbiturique pentobarbital,communément utilisé pour euthanasier les animaux, auprès d'un préparateur en pharmacie.

Mais ce type de sociétés pharmaceutiques sont placées sous l'autorité des Etats et non de la loi fédérale régissant les grands laboratoires.

Leurs produits ne sont donc pas homologués par l'Agence fédérale du médicament.

Un scandale avait éclaté en novembre 2012 quand l'une de ces officines du Massachusetts avait été jugée responsable d'une épidémie de méningite mortelle par manque d'hygiène.

"Si on observe la longueur et les descriptions troublantes de l'exécution de Dennis McGuire,et si on considère les nombreuses complications sur l'injection létale rapportées dans d'autres Etats,il semble que les procédures d'injections mortelles dans ce pays soient plus scandaleuses et problématiques que jamais",a commenté Deborah Denno,experte de la peine de mort à l'Ecole de droit de l'Université Fordham.






















le nouvel observateur

_________________


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MessageSujet: Re: La lente agonie d'un condamné à mort (Dennis McGuire) de l'Ohio   La lente agonie d'un condamné à mort (Dennis McGuire) de l'Ohio I_icon_minitimeDim 23 Mar - 20:23:33

Lente agonie et pénurie de poison : aux Etats-Unis,la mort à la peine

L'exécution de Dennis McGuire,en janvier dans l'Ohio,fut un supplice.

Boycottée par ses fournisseurs de produits mortels,l'administration pénitentiaire américaine ne sait plus comment tuer.

C'est un document confidentiel de 13 pages,rédigé par l'administration pénitentiaire de l'Ohio.

Du 15 janvier 2014 à 7 heures du matin jusqu'au lendemain à 12 h 47 min 9 s,ce rapport décrit chaque instant des préparatifs et de la mise à mort du condamné Dennis McGuire,53 ans.

On y apprend tout du compte à rebours qui commence avec son départ de la prison de Chillicothe,où se trouve le couloir de la mort de l'Ohio,pour celle de Lucasville,où a été installée la death chamber,la chambre d'exécution,à quarante-cinq minutes de fourgon cellulaire.

On sait que l'homme a bu du café et du Coca.

Mangé du rosbif et du poulet grillé,des haricots blancs à la sauce tomate et de l'ananas en tranches.

Il a vu ses enfants et parlé au téléphone avec sa mère.

On lui a donné une brosse à dents et du déodorant.

Parfois il a plaisanté avec les surveillants.

A d'autres moments,il s'est laissé gagner par l'émotion.

Il n'a pas souhaité prendre une douche.

Il a volontiers relevé les manches de sa chemise blanche quand on a voulu évaluer une nouvelle fois la qualité de ses veines.

Et comme elles étaient en bon état,il n'y a pas eu de problème pour lui fixer des cathéters.

Alors,on l'a allongé sur le brancard,on a fixé les sangles.

Et quand le directeur de la prison a donné le signal convenu (boutonner et déboutonner sa veste),à 10h27,on a appuyé sur le piston des seringues.

Scandale

Utilisé pour la première fois aux Etats-Unis,le mélange de midazolam (un sédatif) et d'hydromorphone (un narcotique antidouleur) a fait son effet.

A 10h53,le condamné 305-892 était mort.

Puis tout le monde a remballé ses petites affaires.

A 12h47,la famille de la victime,celle du condamné,les avocats,le curé,tout le monde était parti,hormis le personnel pénitentiaire.

Les pompes funèbres feraient leur travail.

On ne sait pas que cette exécution fut un supplice...

A lire un autre rapport confidentiel,adressé dix jours plus tard par l'assistant spécial Joseph Andrews au directeur de l'administration pénitentiaire Gary Mohr,on pourrait croire qu'il s'agissait d'une exécution comme tant d'autres : "Je n'ai aucune observation ni recommandation.

Il n'y a aucune raison de réviser la procédure pour une prochaine exécution.

" Aucune,vraiment ?

Pourtant l'exécution de Dennis McGuire,depuis lors,a fait le tour du monde déclenchant un scandale majeur.

Pas en raison de la personnalité du condamné : en 1989,il a violé et poignardé à mort une jeune femme de 22 ans,enceinte de huit mois,dont le mari s'est suicidé un an plus tard.

Non,ce sont les conditions de sa mise à mort qui ont provoqué l'indignation,au moment où les Etats-Unis se débattent dans une crise sans précédent pour parvenir à exécuter leurs condamnés à mort.

Précisément depuis que les compagnies pharmaceutiques,pour la plupart européennes,qui fournissaient les produits mortels ont cessé,sous la pression de militants abolitionnistes,d'approvisionner les prisons américaines...

Agonie en public

Alan Johnson est un vieux de la vieille.

Ce colosse de 62 ans travaille depuis trente ans au "Columbus Dispatch",le quotidien conservateur de la capitale de l'Ohio.

Depuis 1999,date où la peine de mort a été remise en vigueur dans cet Etat du Midwest américain,son journal "couvre" toutes les exécutions.

La présence de la presse est prévue par la loi.

Lui-même ne sait plus très bien combien d'hommes il a vus mourir.

18 ou 20 ?

A chaque fois,c'est le même dispositif : derrière les familles et les témoins séparés du condamné par une vitre épaisse,les journalistes prennent place.

Ils doivent vider leurs poches.

Pas de téléphone ni d'appareil photo.

On leur fournit un carnet,un crayon.

Dès que l'injection commence,on baisse la lumière.

"Franchement,d'habitude,on a l'impression d'être devant une grande télé et de regarder un type en train de s'endormir.

Parfois,il soupire.

A la fin,il arrive qu'il ait les lèvres un peu bleues,dit le reporter.

Mais ce qui s'est passé ce jour-là, ça,je ne l'avais jamais vu !"

Sur la grande table de conférence du "Dispatch",Alan a posé les feuillets de papier rayé jaune pâle où il a consigné la relation de ce "cas unique".

Pendant vingt-six minutes exactement,McGuire a agonisé en public.

Il a étouffé,suffoqué,grogné,ronflé.

Il s'est débattu.

Il a essayé de redresser la tête pour chercher de l'air.

C'est long,vingt-six minutes.

Plus long qu'aucune des 53 exécutions organisées par l'Ohio depuis 1999.

Pour être bien sûr de se faire comprendre,Alan Johnson imite les bruits,qui étaient à peine assourdis par l'épaisseur de la vitre.

"Et puis un technicien est arrivé.

Avec un stéthoscope,il a cherché le pouls,le coeur.

Ils ont fermé le rideau.

Quelques minutes ont passé.

Le rideau a été rouvert.

Et là,là seulement,on a prononcé l'heure de la mort."

Que s'est-il passé derrière le rideau ?

De sa grosse voix chantante,le journaliste dit seulement : "Vous savez ce qu'on inscrit sur le certificat de décès d'un condamné à mort ?

Homicide.

C'est cela que j'ai vu.

L'Etat qui tue quelqu'un au nom de la loi."

Le lendemain de l'exécution,il est allé en parler à son pasteur,et lui a demandé de prier pour lui.

Il n'avait pas l'âme tranquille.

Quelque chose a cloché

Malgré les rapports lénifiants de l'administration,le gouverneur républicain John Kasich s'est tout de même dit que quelque chose avait dû clocher.

Quelques jours plus tard,il a repoussé de plusieurs mois l'exécution,prévue le 19 mars,de Gregory Lott,qui devait lui aussi goûter aux seringues de Lucasville.

Pour le moment,celle d'Arthur Tyler depuis trente ans dans le couloir de la mort et qui se dit innocent du meurtre pour lequel il a été condamné reste fixée au 28 mai.

Et au 2 juillet celle de Ronald Phillips,repoussée déjà de quelques mois,pour que l'administration puisse examiner sa requête : donner certains de ses organes après sa mort à sa mère et à sa soeur,qui en auraient un besoin urgent.

L'affaire est examinée très sérieusement.

Après consultation de spécialistes,il semble que l'homme doive d'abord être opéré en milieu hospitalier,où l'on pourrait lui prélever de son vivant un rein,un lobe du foie et de la moelle épinière,avant de l'exécuter,une fois rétabli.

Qui paiera ?

Le système d'assurance sociale Medicaid ?

Là est,paraît-il,la question...

Dans une tour du centre de Columbus,un bureau sans âme abrite le cabinet des public defenders,ces avocats de l'assistance judiciaire payés par le gouvernement fédéral pour plaider les recours des condamnés à mort.

Cela peut durer longtemps : dix,vingt,trente ans parfois.

Dans l'Ohio,ils sont 147 à attendre dans le couloir de la mort.

Plus de 3.000 dans tous les Etats-Unis.

Sur le mur du bureau d'Allen Bohnert,l'un des avocats de Dennis McGuire,cinq feuilles sont punaisées.

On dirait la liste des courses sur un placard de cuisine.

Le premier nom est celui de Daniel Wilson,exécuté le 3 juin 2009.

Le dernier,celui de Kareem Jackson,qui devrait l'être le 21 janvier 2016.

Suite à une tentative d'évasion manquée,l'homme est en fauteuil roulant.

Et pourtant le jeune avocat est plein d'espoir.

Malgré les apparences,les choses vont mieux...

L'anesthésiste avait prévenu

Et si la mort de McGuire,au bout du compte,servait à quelque chose ?

Dans les derniers recours déposés en sa faveur en vain,un anesthésiste réputé professeur à Harvard,le docteur David Waisel,avait prévenu des risques provoqués par le mélange de midazolam et d'hydromorphone : la sédation,expliquait-il,ne suffirait pas à entraîner l'inconscience du condamné,qui avait toutes les chances d'agoniser en suffoquant.

D'autant que McGuire était obèse,souffrait d'apnées du sommeil,et que la position allongée n'était guère favorable.

Tout était dit.

Mais on ne l'avait pas écouté.

Au contraire,un expert mandaté par l'Etat avait affirmé que le cocktail induirait sans doute chez le condamné un sentiment... d'euphorie.

Devant pareil ratage,l'administration,désormais, est bien obligée de s'interroger.

D'autant que les enfants McGuire ont décidé de poursuivre l'administration pénitentiaire et ses bourreaux ainsi que le fabricant des produits utilisés,la société Hospira,basée à Lake Forest,Illinois,pour "violation des droits constitutionnels" de leur père.

S'ils venaient à gagner leur procès,quel serait l'avenir de la peine de mort en Ohio,et ailleurs ?

Pentobarbital,propofol,chlorure de potassium

Traquer le produit,et ceux qui le fabriquent : depuis plusieurs années c'est la tâche de Maya Foa,une jeune femme fine et déterminée,qui dirige l'équipe "peine de mort" de l'ONG londonienne Reprieve ("sursis").

Pentobarbital,propofol,sodium thiopental,chlorure de potassium : ces substances n'ont plus aucun secret pour cette juriste transformée en détective.

Elle mène son enquête sur tous les continents : en Europe (Angleterre Danemark,Allemagne,Autriche,Suisse),principal fournisseur des prisons américaines mais aussi en Inde,au Pakistan,en Israël.

Sa technique est rodée.

Elle prend contact avec les compagnies pharmaceutiques.

Leur apprend,quand elles l'ignorent, que leurs produits sont utilisés aux Etats-Unis pour des injections létales,bien loin de leur raison sociale,et entame une campagne de presse.

Avec l'entreprise danoise Lundbeck,principal fabricant de pentobarbital (utilisé notamment dans les prisons de l'Ohio),les choses n'ont pas traîné.

Premier rendez-vous en janvier 2011.

Maya Foa a expliqué la situation.

Les Danois se sont émus.

L'un des principaux actionnaires,dégoûté,a revendu 300.000 actions.

L'image de l'entreprise a dévissé.

Au mois de juillet,Lundbeck annonçait une réforme de son système de distribution établie en association avec Reprieve,qui interdit désormais à ses agents de fournir les établissements pénitentiaires ou tout revendeur qui serait en affaire avec eux.

Le schéma a été le même pour l'entreprise allemande Fresenius Kabi,productrice de propofol,l'un des anesthésiques les plus fréquemment utilisés aux Etats-Unis.

Idem pour l'israélien Teva,ou Kayem Pharmaceutical à Bombay...

Des prix multipliés par 35

Maya Foa piste les flacons,les factures,les boîtes postales discrètes.

C'est ainsi qu'elle a découvert,dans l'arrière-boutique d'une auto-école de l'Ouest londonien,Elgone Driving Academy,les locaux de Dream Pharma,une officine discrète qui fournissait l'Arizona,la Californie ou la Géorgie en flacons de thiopental,de chlorure de potassium ou de bromide de pancuronium.

Profitant de la pénurie,elle avait multiplié par 35 les prix de la marchandise qu'elle faisait venir d'Autriche !

Des autorités anglaises,Maya obtient alors l'interdiction d'exporter des produits utilisés pour les injections létales.

Le 20 décembre 2011,c'est la Commission européenne qui déclare illégale l'exportation de sodium thiopental,puis de huit autres produits s'ils sont utilisés par les prisons.

"C'est assez intéressant de prendre la mondialisation à son propre jeu",s'amuse la jeune femme.

Longtemps,les Etats-Unis se sont reposés sur leurs fournisseurs européens.

Pour obtenir le droit de fabriquer de nouvelles substances mortelles,il faudrait passer par la FDA (Food and Drug Administration).

Face au pilonnage d'avocats aguerris,l'hypothèse paraît plus qu'hasardeuse.

Et pourtant,le filet a encore des trous.

Ainsi Hospira,producteur américain de midazolam et d'hydromorphone,avait décidé en 2011 de quitter le marché des exécutions.

Mais comme l'a révélé Andrew Welsh-Huggins,journaliste d'Associated Press,après avoir obtenu devant la justice l'accès aux documents (factures et emballages) qu'on lui refusait,les drogues qui ont tué Dennis McGuire avaient bien été fabriquées par Hospira et achetées en 2012 et 2013 à l'un de ses distributeurs,McKesson,de San Francisco.

Car les administrations pénitentiaires,à travers le pays,ne savent plus comment s'y prendre.

Certains Etats,Arkansas,Kentucky,Missouri,Tennessee... décident d'un moratoire sur les exécutions.

D'autres essaient de se tourner vers les compounding pharmacies,ces établissements qui fabriquent des médicaments à la demande et ne sont pas soumis à la réglementation donc à la surveillance de la FDA.

Mais ils n'ont pas très bonne réputation : en 2012,une enquête a permis de démontrer qu'une de ces officines du Massachusetts,par manque d'hygiène,avait provoqué une épidémie de méningite qui s'était répandue dans 20 Etats,provoquant la mort de 61 personnes et en infectant 700 autres.

Contourner le boycott

L'injection létale étant devenue,de loin,la méthode d'exécution la plus répandue (plus de 1.200 depuis 1976,sur 1.365),les Etats doivent se débrouiller comme ils peuvent pour contourner le boycott des fournisseurs européens.

La Virginie offre ses stocks au Texas,avant qu'ils n'atteignent la date de péremption.

Dans l'Oklahoma,on tape dans la caisse destinée à acheter les tickets de bus des prisonniers pour payer discrètement un fournisseur,en liquide.

Le Missouri et la Géorgie adoptent des lois imposant le secret sur le nom de leurs fournisseurs.

Mais personne n'est dupe de ces tripatouillages morbides.

Le juge Richard Leon de la cour d'appel du district de Columbia a ordonné récemment à la FDA de signifier aux administrations pénitentiaires que l'usage de drogues fabriquées à l'étranger,comme le thiopental,était illégal et qu'ils devaient renvoyer leurs stocks !

Décision confirmée en appel,à la grande satisfaction des opposants à la peine de mort...

Pour Deborah Denno,professeur de droit à la Fordham University de New York,et l'une des meilleures spécialistes de la peine de mort aux Etats-Unis,"nous sommes arrivés à une impasse sans précédent.

Un vrai cercle vicieux : si les Etats décident de changer de méthode d'exécution,cela voudra dire que,depuis trente-deux ans,cette méthode n'était pas la bonne !

Alors qu'elle était censée être le signe de la modernité et apporter la mort sans souffrance !"

Même si certaines administrations évoquent la possibilité de revenir à la chaise électrique,au peloton d'exécution,ou même à la pendaison,les états d'esprit ont évolué.

80 peines de mort ont été prononcées l'an dernier aux Etats-Unis,le chiffre le plus bas depuis 1976.

Et 39 condamnés "seulement" ont été exécutés,contre 315 en 1994 ! 55% des Américains (sondage de Pew Research) se déclarent favorables à la peine de mort en cas de meurtre : ils étaient 78% en 1996 !

Le coût des exécutions

Et puis il y a le coût des exécutions : alors que la perpétuité réelle coûte 1 million de dollars,on évalue à 3 millions de dollars les dépenses entraînées par une condamnation à mort,frais des procès et des interminables recours,entretien des couloirs de la mort où les détenus sont isolés...

Les moyens de certains comtés n'y suffisent pas.

Celui d'Okanogan,dans l'Etat de Washington,a dû renoncer à renouveler le parc automobile de sa police pour faire face au coût de son couloir de la mort !

Derrick Jamison a bien connu Dennis McGuire.

Ils ont passé des années côte à côte,dans le même couloir de la mort.

"C'était un bon gars qui a fait un truc affreux."

Son exécution bousillée le rend malade.

Il sait bien qu'il aurait pu être à sa place.

Arrêté à l'âge de 23 ans pour le meurtre d'un patron de bar de Cincinnati,Jamison a lui-même été condamné à mort en 1985.

Après vingt ans de prison,dont dix-sept à l'isolement,il a été reconnu innocent et libéré en 2005,à quelques jours de l'injection fatale.

Casquette de travers,blouson couvert de strass rouge et dents plaquées d'or,cet immense bonhomme en pantalon de cuir noir aux allures de rappeur nonchalant a aujourd'hui 52 ans.

Souvent,il embrasse la lourde croix qui pend à son cou.

"Quand je suis sorti,dit-il,on m'a donné 75 dollars et un ticket de bus."

Jamais il n'a été indemnisé pour sa détention abusive.

Partout où il le peut,il témoigne contre la peine de mort.

Il prépare,dit-il,un livre intitulé "Je suis un miracle".

Quand il est au restaurant,il demande qu'on lui emballe son dîner.

Il n'arrive toujours pas à manger en public.


















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MessageSujet: Re: La lente agonie d'un condamné à mort (Dennis McGuire) de l'Ohio   La lente agonie d'un condamné à mort (Dennis McGuire) de l'Ohio I_icon_minitimeMer 30 Avr - 15:30:45

Lente agonie et pénurie de poison : aux Etats-Unis,la mort à la peine

L'exécution de Clayton Lockett a tourné à la torture.

Boycottée par ses fournisseurs de produits mortels,l'administration pénitentiaire américaine ne sait plus comment tuer.

(Article initialement publié le 22 mars 2014,après l'exécution de Dennis McGuire en janvier dans l'Ohio)

C'est un document confidentiel de 13 pages,rédigé par l'administration pénitentiaire de l'Ohio.

Du 15 janvier 2014 à 7 heures du matin jusqu'au lendemain à 12 h 47 min 9 s,ce rapport décrit chaque instant des préparatifs et de la mise à mort du condamné Dennis McGuire,53 ans.

On y apprend tout du compte à rebours qui commence avec son départ de la prison de Chillicothe,où se trouve le couloir de la mort de l'Ohio,pour celle de Lucasville,où a été installée la death chamber,la chambre d'exécution,à quarante-cinq minutes de fourgon cellulaire.

On sait que l'homme a bu du café et du Coca.

Mangé du rosbif et du poulet grillé,des haricots blancs à la sauce tomate et de l'ananas en tranches.

Il a vu ses enfants et parlé au téléphone avec sa mère.

On lui a donné une brosse à dents et du déodorant.

Parfois il a plaisanté avec les surveillants.

A d'autres moments,il s'est laissé gagner par l'émotion.

Il n'a pas souhaité prendre une douche.

Il a volontiers relevé les manches de sa chemise blanche quand on a voulu évaluer une nouvelle fois la qualité de ses veines.

Et comme elles étaient en bon état,il n'y a pas eu de problème pour lui fixer des cathéters.

Alors,on l'a allongé sur le brancard,on a fixé les sangles.

Et quand le directeur de la prison a donné le signal convenu (boutonner et déboutonner sa veste),à 10h27,on a appuyé sur le piston des seringues.

Scandale

Utilisé pour la première fois aux Etats-Unis,le mélange de midazolam (un sédatif) et d'hydromorphone (un narcotique antidouleur) a fait son effet.

A 10h53,le condamné 305-892 était mort.

Puis tout le monde a remballé ses petites affaires.

A 12h47,la famille de la victime,celle du condamné,les avocats,le curé,tout le monde était parti,hormis le personnel pénitentiaire.

Les pompes funèbres feraient leur travail.

On ne sait pas que cette exécution fut un supplice...

A lire un autre rapport confidentiel,adressé dix jours plus tard par l'assistant spécial Joseph Andrews au directeur de l'administration pénitentiaire Gary Mohr,on pourrait croire qu'il s'agissait d'une exécution comme tant d'autres : "Je n'ai aucune observation ni recommandation.

Il n'y a aucune raison de réviser la procédure pour une prochaine exécution.

" Aucune,vraiment ?

Pourtant l'exécution de Dennis McGuire,depuis lors,a fait le tour du monde déclenchant un scandale majeur.

La lente agonie d'un condamné à mort (Dennis McGuire) de l'Ohio 71114710

Dennis McGuire

Pas en raison de la personnalité du condamné : en 1989,il a violé et poignardé à mort une jeune femme de 22 ans,enceinte de huit mois,dont le mari s'est suicidé un an plus tard.

Non,ce sont les conditions de sa mise à mort qui ont provoqué l'indignation,au moment où les Etats-Unis se débattent dans une crise sans précédent pour parvenir à exécuter leurs condamnés à mort.

Précisément depuis que les compagnies pharmaceutiques,pour la plupart européennes,qui fournissaient les produits mortels ont cessé,sous la pression de militants abolitionnistes,d'approvisionner les prisons américaines...

Agonie en public

Alan Johnson est un vieux de la vieille.

Ce colosse de 62 ans travaille depuis trente ans au "Columbus Dispatch",le quotidien conservateur de la capitale de l'Ohio.

Depuis 1999,date où la peine de mort a été remise en vigueur dans cet Etat du Midwest américain,son journal "couvre" toutes les exécutions.

La présence de la presse est prévue par la loi.

Lui-même ne sait plus très bien combien d'hommes il a vus mourir.

18 ou 20 ?

A chaque fois,c'est le même dispositif : derrière les familles et les témoins séparés du condamné par une vitre épaisse,les journalistes prennent place.

Ils doivent vider leurs poches.

Pas de téléphone ni d'appareil photo.

On leur fournit un carnet,un crayon.

Dès que l'injection commence,on baisse la lumière.

"Franchement,d'habitude,on a l'impression d'être devant une grande télé et de regarder un type en train de s'endormir.

Parfois,il soupire.

A la fin,il arrive qu'il ait les lèvres un peu bleues,dit le reporter.

Mais ce qui s'est passé ce jour-là,ça,je ne l'avais jamais vu !"

Sur la grande table de conférence du "Dispatch",Alan a posé les feuillets de papier rayé jaune pâle où il a consigné la relation de ce "cas unique".

Pendant vingt-six minutes exactement,McGuire a agonisé en public.

Il a étouffé,suffoqué,grogné,ronflé.

Il s'est débattu.

Il a essayé de redresser la tête pour chercher de l'air.

C'est long,vingt-six minutes.

Plus long qu'aucune des 53 exécutions organisées par l'Ohio depuis 1999.

Pour être bien sûr de se faire comprendre,Alan Johnson imite les bruits,qui étaient à peine assourdis par l'épaisseur de la vitre.

"Et puis un technicien est arrivé.

Avec un stéthoscope,il a cherché le pouls,le coeur.

Ils ont fermé le rideau.

Quelques minutes ont passé.

Le rideau a été rouvert.

Et là,là seulement,on a prononcé l'heure de la mort."

Que s'est-il passé derrière le rideau ?

De sa grosse voix chantante, le journaliste dit seulement : "Vous savez ce qu'on inscrit sur le certificat de décès d'un condamné à mort ?


Homicide.

C'est cela que j'ai vu.

L'Etat qui tue quelqu'un au nom de la loi.

" Le lendemain de l'exécution,il est allé en parler à son pasteur,et lui a demandé de prier pour lui.

Il n'avait pas l'âme tranquille.

Quelque chose a cloché

Malgré les rapports lénifiants de l'administration,le gouverneur républicain John Kasich s'est tout de même dit que quelque chose avait dû clocher.

Quelques jours plus tard,il a repoussé de plusieurs mois l'exécution,prévue le 19 mars,de Gregory Lott,qui devait lui aussi goûter aux seringues de Lucasville.

Pour le moment,celle d'Arthur Tyler depuis trente ans dans le couloir de la mort et qui se dit innocent du meurtre pour lequel il a été condamné reste fixée au 28 mai.

Et au 2 juillet celle de Ronald Phillips,repoussée déjà de quelques mois,pour que l'administration puisse examiner sa requête : donner certains de ses organes après sa mort à sa mère et à sa soeur,qui en auraient un besoin urgent.

L'affaire est examinée très sérieusement.

Après consultation de spécialistes,il semble que l'homme doive d'abord être opéré en milieu hospitalier,où l'on pourrait lui prélever de son vivant un rein,un lobe du foie et de la moelle épinière,avant de l'exécuter,une fois rétabli.

Qui paiera ?

Le système d'assurance sociale Medicaid ?


Là est,paraît-il,la question...

Dans une tour du centre de Columbus,un bureau sans âme abrite le cabinet des public defenders,ces avocats de l'assistance judiciaire payés par le gouvernement fédéral pour plaider les recours des condamnés à mort.

Cela peut durer longtemps : dix,vingt,trente ans parfois.

Dans l'Ohio,ils sont 147 à attendre dans le couloir de la mort.

Plus de 3.000 dans tous les Etats-Unis.

Sur le mur du bureau d'Allen Bohnert,l'un des avocats de Dennis McGuire,cinq feuilles sont punaisées.

On dirait la liste des courses sur un placard de cuisine.

Le premier nom est celui de Daniel Wilson, exécuté le 3 juin 2009.

Le dernier,celui de Kareem Jackson,qui devrait l'être le 21 janvier 2016.

Suite à une tentative d'évasion manquée,l'homme est en fauteuil roulant.

Et pourtant le jeune avocat est plein d'espoir.

Malgré les apparences,les choses vont mieux...

L'anesthésiste avait prévenu

Et si la mort de McGuire,au bout du compte,servait à quelque chose ?

Dans les derniers recours déposés en sa faveur en vain,un anesthésiste réputé professeur à Harvard,le docteur David Waisel,avait prévenu des risques provoqués par le mélange de midazolam et d'hydromorphone : la sédation,expliquait-il,ne suffirait pas à entraîner l'inconscience du condamné,qui avait toutes les chances d'agoniser en suffoquant.

D'autant que McGuire était obèse,souffrait d'apnées du sommeil,et que la position allongée n'était guère favorable.

Tout était dit.

Mais on ne l'avait pas écouté.

Au contraire,un expert mandaté par l'Etat avait affirmé que le cocktail induirait sans doute chez le condamné un sentiment... d'euphorie.

Devant pareil ratage,l'administration,désormais,est bien obligée de s'interroger.

D'autant que les enfants McGuire ont décidé de poursuivre l'administration pénitentiaire et ses bourreaux ainsi que le fabricant des produits utilisés,la société Hospira,basée à Lake Forest,Illinois pour "violation des droits constitutionnels" de leur père.

S'ils venaient à gagner leur procès,quel serait l'avenir de la peine de mort en Ohio,et ailleurs ?

Pentobarbital,propofol,chlorure de potassium

Traquer le produit, et ceux qui le fabriquent : depuis plusieurs années c'est la tâche de Maya Foa,une jeune femme fine et déterminée,qui dirige l'équipe "peine de mort" de l'ONG londonienne Reprieve ("sursis").

Pentobarbital,propofol,sodium thiopental,chlorure de potassium : ces substances n'ont plus aucun secret pour cette juriste transformée en détective.

Elle mène son enquête sur tous les continents : en Europe (Angleterre Danemark,Allemagne,Autriche,Suisse),principal fournisseur des prisons américaines mais aussi en Inde,au Pakistan,en Israël.

Sa technique est rodée.

Elle prend contact avec les compagnies pharmaceutiques.

Leur apprend,quand elles l'ignorent,que leurs produits sont utilisés aux Etats-Unis pour des injections létales,bien loin de leur raison sociale,et entame une campagne de presse.

Avec l'entreprise danoise Lundbeck,principal fabricant de pentobarbital (utilisé notamment dans les prisons de l'Ohio),les choses n'ont pas traîné.

Premier rendez-vous en janvier 2011.

Maya Foa a expliqué la situation.

Les Danois se sont émus.

L'un des principaux actionnaires,dégoûté,a revendu 300.000 actions.

L'image de l'entreprise a dévissé.

Au mois de juillet,Lundbeck annonçait une réforme de son système de distribution établie en association avec Reprieve,qui interdit désormais à ses agents de fournir les établissements pénitentiaires ou tout revendeur qui serait en affaire avec eux.

Le schéma a été le même pour l'entreprise allemande Fresenius Kabi,productrice de propofol,l'un des anesthésiques les plus fréquemment utilisés aux Etats-Unis.

Idem pour l'israélien Teva,ou Kayem Pharmaceutical à Bombay...

Des prix multipliés par 35

Maya Foa piste les flacons,les factures,les boîtes postales discrètes.

C'est ainsi qu'elle a découvert,dans l'arrière-boutique d'une auto-école de l'Ouest londonien,Elgone Driving Academy,les locaux de Dream Pharma,une officine discrète qui fournissait l'Arizona,la Californie ou la Géorgie en flacons de thiopental,de chlorure de potassium ou de bromide de pancuronium.

Profitant de la pénurie,elle avait multiplié par 35 les prix de la marchandise qu'elle faisait venir d'Autriche !

Des autorités anglaises,Maya obtient alors l'interdiction d'exporter des produits utilisés pour les injections létales.

Le 20 décembre 2011,c'est la Commission européenne qui déclare illégale l'exportation de sodium thiopental,puis de huit autres produits s'ils sont utilisés par les prisons.

"C'est assez intéressant de prendre la mondialisation à son propre jeu",s'amuse la jeune femme.

Longtemps,les Etats-Unis se sont reposés sur leurs fournisseurs européens.

Pour obtenir le droit de fabriquer de nouvelles substances mortelles,il faudrait passer par la FDA (Food and Drug Administration).

Face au pilonnage d'avocats aguerris,l'hypothèse paraît plus qu'hasardeuse.

Et pourtant,le filet a encore des trous.

Ainsi Hospira,producteur américain de midazolam et d'hydromorphone,avait décidé en 2011 de quitter le marché des exécutions.

Mais comme l'a révélé Andrew Welsh-Huggins journaliste d'Associated Press,après avoir obtenu devant la justice l'accès aux documents (factures et emballages) qu'on lui refusait,les drogues qui ont tué Dennis McGuire avaient bien été fabriquées par Hospira et achetées en 2012 et 2013 à l'un de ses distributeurs,McKesson,de San Francisco.

Car les administrations pénitentiaires,à travers le pays,ne savent plus comment s'y prendre.

Certains Etats,Arkansas,Kentucky,Missouri,Tennessee... décident d'un moratoire sur les exécutions.

D'autres essaient de se tourner vers les compounding pharmacies,ces établissements qui fabriquent des médicaments à la demande et ne sont pas soumis à la réglementation donc à la surveillance de la FDA.

Mais ils n'ont pas très bonne réputation : en 2012,une enquête a permis de démontrer qu'une de ces officines du Massachusetts,par manque d'hygiène,avait provoqué une épidémie de méningite qui s'était répandue dans 20 Etats,provoquant la mort de 61 personnes et en infectant 700 autres.

Contourner le boycott

L'injection létale étant devenue,de loin,la méthode d'exécution la plus répandue (plus de 1.200 depuis 1976,sur 1.365),les Etats doivent se débrouiller comme ils peuvent pour contourner le boycott des fournisseurs européens.

La Virginie offre ses stocks au Texas,avant qu'ils n'atteignent la date de péremption.

Dans l'Oklahoma,on tape dans la caisse destinée à acheter les tickets de bus des prisonniers pour payer discrètement un fournisseur,en liquide.

Le Missouri et la Géorgie adoptent des lois imposant le secret sur le nom de leurs fournisseurs.

Mais personne n'est dupe de ces tripatouillages morbides.

Le juge Richard Leon de la cour d'appel du district de Columbia a ordonné récemment à la FDA de signifier aux administrations pénitentiaires que l'usage de drogues fabriquées à l'étranger,comme le thiopental,était illégal et qu'ils devaient renvoyer leurs stocks !

Décision confirmée en appel,à la grande satisfaction des opposants à la peine de mort...

Pour Deborah Denno,professeur de droit à la Fordham University de New York,et l'une des meilleures spécialistes de la peine de mort aux Etats-Unis,"nous sommes arrivés à une impasse sans précédent.

Un vrai cercle vicieux : si les Etats décident de changer de méthode d'exécution,cela voudra dire que,depuis trente-deux ans,cette méthode n'était pas la bonne !

Alors qu'elle était censée être le signe de la modernité et apporter la mort sans souffrance !"

Même si certaines administrations évoquent la possibilité de revenir à la chaise électrique,au peloton d'exécution,ou même à la pendaison,les états d'esprit ont évolué.

80 peines de mort ont été prononcées l'an dernier aux Etats-Unis,le chiffre le plus bas depuis 1976.

Et 39 condamnés "seulement" ont été exécutés,contre 315 en 1994 ! 55% des Américains (sondage de Pew Research) se déclarent favorables à la peine de mort en cas de meurtre : ils étaient 78% en 1996 !

Le coût des exécutions

Et puis il y a le coût des exécutions : alors que la perpétuité réelle coûte 1 million de dollars,on évalue à 3 millions de dollars les dépenses entraînées par une condamnation à mort,frais des procès et des interminables recours,entretien des couloirs de la mort où les détenus sont isolés...

Les moyens de certains comtés n'y suffisent pas.

Celui d'Okanogan,dans l'Etat de Washington,a dû renoncer à renouveler le parc automobile de sa police pour faire face au coût de son couloir de la mort !

Derrick Jamison a bien connu Dennis McGuire.

Ils ont passé des années côte à côte,dans le même couloir de la mort.

"C'était un bon gars qui a fait un truc affreux."

Son exécution bousillée le rend malade.

Il sait bien qu'il aurait pu être à sa place.

Arrêté à l'âge de 23 ans pour le meurtre d'un patron de bar de Cincinnati,Jamison a lui-même été condamné à mort en 1985.

Après vingt ans de prison,dont dix-sept à l'isolement,il a été reconnu innocent et libéré en 2005,à quelques jours de l'injection fatale.

Casquette de travers,blouson couvert de strass rouge et dents plaquées d'or,cet immense bonhomme en pantalon de cuir noir aux allures de rappeur nonchalant a aujourd'hui 52 ans.

Souvent,il embrasse la lourde croix qui pend à son cou.

"Quand je suis sorti,dit-il,on m'a donné 75 dollars et un ticket de bus."

Jamais il n'a été indemnisé pour sa détention abusive.

Partout où il le peut,il témoigne contre la peine de mort.

Il prépare,dit-il,un livre intitulé "Je suis un miracle".

Quand il est au restaurant,il demande qu'on lui emballe son dîner.

Il n'arrive toujours pas à manger en public.





















nouvel observateur

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