Certains enfants parlent à un ami, s’inventent une vie sociale, racontent leurs secrets à voix basse à quelqu’un.
Mais bien que très commun, ce moment d’intimité avec un autre « inexistant », pose quelques questions...
Un nouvel ami
Il a un nouvel ami, chouette !
Sauf que votre enfant parle avec un ami « absent » depuis quelques temps à la maison...
Il lui confie ses secrets, lui raconte ses peines et ses joies, passe du temps à lui parler alors que les parents ne comprennent toujours pas qu’il n’existe pas physiquement.
Faut-il s’inquiéter ? Est-ce fréquent ?
Il apparaît souvent vers les 3/4 ans de l’enfant et devient omniprésent dans son quotidien.
Il disparaîtrait aussi naturellement qu’il est né et les psychologues s’accordent à dire que c’est une étape « normale » du développement psychoaffectif de l’enfant.
A savoir
L’intensité et la durée de la relation avec l’ami imaginaire varient beaucoup d’un enfant à l’autre. D’après les statistiques, un enfant sur trois ne connaîtra pas ce type de relation imaginaire.
Dans la plupart des cas, l’ami imaginaire disparaît progressivement, pour faire place à de vrais amis, lorsque l’enfant commence à fréquenter la maternelle.
Qui est-il vraiment ?
Imagination, délire, présence mystique, les adultes ont du mal à rester rationnels face à cet épisode déconcertant.
L’adulte n’a pas forcément accès directement à cet « ami imaginaire » d’où son inquiétude devant cette relation étonnante et souvent déroutante.
Et l’enfant n’en dit rien, ou peu.
Grâce à lui, votre enfant peut à loisir remplacer les moments de frustration par des moments inventés, un miroir en quelque sorte, sur lequel vont s’exprimer ses identifications, ses attentes, et ses peurs.
Il lui parle à haute ou mi-voix, se rassure de pouvoir partager ses émotions avec lui.
Tout va bien !
D’après les psychologues, , il s’agit d’un « double soi », permettant au jeune enfant de projeter ses désirs et ses préoccupations.
Les psychologues parlent « d’une fonction dans le développement psychique de l’enfant ».
Alors pas de panique, votre bambin a besoin d’un ami à lui, et de pouvoir l’utiliser comme bon lui semble.
En fait, cet ami imaginaire apparaît à un stade du développement où l’enfant a une vie imaginaire riche et foisonnante.
Les scénarios et les histoires inventées ne manquent pas.
La création de ce monde intérieur a une fonction rassurante bien sûr, mais peut être aussi une réponse à des angoisses ou une réalité pas si drôle que cela.
Sous surveillance quand même
Un enfant en souffrance, trop seul socialement ou se sentant exclu, peut être amené à s’inventer un ou des amis imaginaires.
Il a un contrôle total sur ces pseudos amis, en les faisant disparaître ou ressurgir à son gré.
Il projettera sur eux ses soucis, ses peurs et ses secrets.
Rien d’alarmant concrètement, mais restez vigilant tout de même !
Si un enfant est trop replié sur l’exclusivité de cette relation, celle-ci peut devenir pathologique si elle dure dans le temps et le freine dans ses autres possibilités de se lier d’amitié.
Il faudra alors consulter un spécialiste de la petite enfance pour dénouer ce qui se joue derrière cette mise en scène d’une certaine angoisse de la réalité.
Alors du côté des parents, ce n’est pas si simple ! Doit-on rentrer dans son « jeu », ignorer cet « ami » ? Quelle attitude adopter au final ?
Adopter une réaction positive
Dites vous bien que cela ne doit pas vous inquiéter outre mesure, et que c’est une façon pour votre enfant de se sentir mieux dans ce moment singulier qu’il traverse.
Restez simple, sans ignorer ni renchérir son comportement.
Il est important de trouver la juste distance, en s’y intéressant sommairement.
En fait, le laisser parler de cet « ami » c’est le laisser parler de lui, et cela ne peut être que bénéfique pour en savoir un peu plus sur ses émotions cachées, sur ses ressentis bref son intimité.
D’où l’importance de bien savoir doser votre intérêt pour ce monde virtuel, sans être trop intrusif.
Entre le réel et le virtuel
En revanche, il ne faut pas rentrer dans un jeu pervers qui sous entendrait que la limite entre le vrai ou le faux n’existe plus.
Les enfants de cet âge là ont besoin de repères solides et de comprendre via l’adulte ce qui est réel.
D’où l’importance de ne pas s’adresser directement à l’ami en question.
Vous pouvez même lui dire que vous ne voyez pas cet ami et que c’est son envie d’avoir un espace personnel, un « ami », qui lui fait croire qu’il existe.
Pas la peine de disputer ou punir son enfant parce qu’il soutient fermement son existence. Rappelez-lui qu’il fait ça pour de faux et que dans quelque temps il n’en aura plus besoin.
En général, l’ami virtuel disparaît aussi vite qu’il est arrivé.
Au final, c’est un passage normal, (mais pas obligatoire), qui peut s’avérer plutôt positif pour l’enfant s’il reste ponctuel et non aliénant.
Ces pseudos amis sont la trace personnelle d’une vie intérieure riche et même si les adultes n’ont pas d’amis virtuels, ils aiment encore parfois avoir leur jardin secret, tout comme les petits.