Il louche
Les trois premiers mois, il est normal qu'un bébé louche un peu, par intermittence.
Son système visuel est encore immature et ses yeux tentent de faire la mise au point (ou accommodation) sur ce qu'il voit pour obtenir une image nette. Et à cet âge, ils le font de manière exagérée. Au-delà de 3 mois, si le strabisme est permanent ou revient souvent, il faut consulter.
En fait, ce trouble se caractérise par une déviation de l'axe visuel de l'un des deux yeux par rapport à l'autre. Facteurs héréditaires, anomalie de l'innervation ou des muscles sont le plus souvent à l'origine du strabisme.
Pour le dépister, le médecin projette une petite lumière sur les yeux : si le reflet n'est pas au centre de la pupille dans les deux yeux, c'est que l'enfant louche.
Ensuite, le spécialiste place son pouce, deux doigts ou un cache devant un oeil, puis devant l'autre : cela lui permet de vérifier si le strabisme est convergent (l'oeil dévie vers le nez) ou divergent (vers l'extérieur). Dans neuf cas sur dix, il est convergent.
On peut corriger ce trouble en prescrivant des lunettes et grâce à des exercices effectués chez l'orthoptiste, spécialiste du dépistage et, surtout, de la rééducation.
Si, au bout de plusieurs mois, voire plusieurs années, cette dernière ne produit vraiment aucun effet, c'est que le tout-petit souffre d'un strabisme sévère. Il est alors possible de recourir à une opération qui consiste à redresser le muscle responsable de la déviation.
En France, les spécialistes l'envisagent entre 2 et 5 ans.
Il est hypermétrope
L'hypermétropie est due à un oeil trop petit. L'image ne se forme pas sur la rétine mais derrière celle-ci. Ce qui provoque une mauvaise acuité visuelle de près. Tous les bébés naissent hypermétropes puisque leurs yeux n'ont pas atteint leur taille définitive.
C'est pourquoi l'ophtalmologiste va suivre l'évolution de cette hypermétropie au fil des années. En général, elle régresse spontanément. Mais il arrive qu'elle persiste et déclenche un strabisme : faire le point de près demande un tel effort au bébé qu'il en louche.
Si un seul oeil est concerné, l'hypermétropie peut provoquer une amblyopie. Un oeil travaille moins que l'autre et perd de son acuité visuelle.
La visite du neuvième mois est donc très importante.
L'ophtalmologiste effectue un examen, une skiascopie. Il mesure la puissance de réfraction de l'oeil, c'est-à-dire sa capacité à faire la mise au point pour obtenir une image nette.
En cas d'hypermétropie bien installée, il prescrit le port de lunettes. Malheureusement, il y a peu de signes qui alertent les parents, d'où l'importance de consulter à 9 mois, même si le bébé ne semble pas gêné.
Les symptômes sont plus visibles, bien sûr, quand le trouble est bien installé : le bébé cligne de l'oeil ou louche, car l'hypermétropie déclenche déjà un début de strabisme. Dans ces cas-là, bien sûr, la consultation s'impose !
Il est amblyope
Il ne s'agit pas là d'un défaut « de fabrication » de l'oeil lui-même. C'est la conséquence d'une anomalie de la vision, qui fait que l'un des deux yeux ne peut pas apprendre à voir.
C'est pour cette raison que le strabisme et l'hypermétropie sont souvent à l'origine d'une amblyopie : un enfant qui louche voit deux images, et comme le cerveau ne peut choisir, il en neutralise une. Du coup, l'oeil qui diverge ou dont la vision n'est pas nette ne travaille plus, et il s'ensuit une perte de l'acuité visuelle.
Si ce trouble n'est pas repéré, l'oeil concerné peut devenir aveugle ! En revanche, traité avant 3 ans, l'oeil que l'on force à travailler retrouve une vision proche de la normale. On comprend mieux pourquoi les ophtalmologistes plaident pour un dépistage dès les premiers mois de la vie.
Quelques signes peuvent alerter. Le bébé cligne d'un oeil ou se frotte les yeux.
Mais généralement, les parents ne remarquent pas grand-chose. Ils sont même étonnés par le diagnostic et mentionnent souvent que leur bébé est pourtant capable de ramasser une minuscule miette de pain par terre. Mais cela signifie tout simplement que l'oeil sain est tout à fait performant.
Pour dépister l'amblyopie, l'ophtalmo réalise le test suivant : il cache un oeil, puis l'autre, et observe la réaction du bébé. S'il se débat lorsque l'oeil gauche est masqué, c'est que l'oeil droit ne voit pas bien. C'est donc lui qui souffre d'amblyopie.
Le médecin effectue également le test des lunettes à secteur. Il colle sur les verres une bande adhésive verticale de façon à en occulter presque la moitié intérieure (côte nez).
Après avoir mis ces lunettes au bébé, il lui montre un objet qu'il fait glisser de gauche à droite.
Si le regard du tout-petit suit le jouet sur la gauche, c'est que l'oeil gauche est sain. S'il est obligé ensuite de tourner franchement la tête pour regarder le jouet sur sa droite, c'est que l'oeil droit est défaillant.
Le port de lunettes, accompagné d'exercices de rééducation, est absolument indispensable.
Il est astigmate
Normalement, la cornée est aussi ronde qu'un verre de montre. Chez les astigmates, elle est déformée et sa courbure n'est pas parfaite. Résultat : l'image manque de netteté.
L'astigmatisme évolue très vite dans les premiers mois de la vie, puis très lentement à l'âge adulte.
La seule solution consiste à porter des lunettes sachant que ce trouble peut disparaître autour de 3 ans.
S'il persiste, il se traduit par une mauvaise vision des deux yeux à l'adolescence, autour de 5 ou 6 dixièmes. L'enfant devra donc continuer à porter des lunettes.
Il est myope
Rare chez le tout-petit, la myopie apparaît plutôt à partir de 6 ans. Pourtant, lorsque les deux parents sont eux-mêmes myopes, il arrive aussi que leur bébé le soit aussi dès la naissance.
En cas de myopie, l'image se forme non pas sur la rétine mais devant, ce qui se traduit par une vision floue de loin.
Bien sûr, pour un bébé, ce qui est éloigné ne se trouve pas à plus d'un mètre. Mais il faut dépister ce défaut de vision car l'oeil voit moins bien travaille moins.
Comme pour l'hypermétropie, les ophtalmologistes mesurent la puissance de réfraction (ou la capacité de faire la mise au point pour obtenir une image nette).
Une fois que la myopie est diagnostiquée, les lunettes constituent la seule solution, parfois à vie. Lorsque leur tout-petit retrouve sa vision nette de loin, les parents sont très soulagés.
C'est un autre enfant, nous disent-ils. Il est plus à l'aise pour découvrir son environnement.
Il gagne en confiance et en vivacité.
Le choix des lunettes
Les parents vivent souvent très mal l'obligation pour leur tout-petit de porter des lunettes. Pourtant, c'est essentiel. Vers 3-4 mois, les lunettes tiennent bien car le nourrisson n'est pas tenté de les enlever.
Les choses se compliquent par la suite. Mais ne vous découragez pas !
Les modèles sont adaptés à l'anatomie des bébés. Leurs branches sont plus basses que celles des adultes et l'écart entre les deux verres est plus rapproché.
De plus, les verres montent jusqu'aux sourcils car les bébés regardent souvent vers le haut. Les lunettes corrigent l'hypermétropie, la myopie et l'astigmatisme.
Elles sont aussi utilisées comme support de traitement ou de rééducation pour le strabisme et l'amblyopie.
Les séances de rééducation
Tout dépend, bien sûr, des troubles visuels concernés. Les enfants qui souffrent d'un strabisme sans amblyopie ou sans hypermétropie (c'est rare mais cela existe) portent des lunettes avec une bande adhésive sur le verre de l'oeil sain, celui qui ne dévie pas et voit très bien.
Cela oblige l'oeil qui louche à travailler davantage et à se redresser. Mais dans l'immense majorité des cas, l'oeil qui dévie est aussi hypermétrope, voire amblyope.
Dans les deux cas, le principe reste le même : on met un cache sur le verre de l'oeil sain. Ainsi, l'autre oeil est obligé de travailler en se redressant et en améliorant sa mise au point.
Pour un bébé de 4-5 mois, l'obstruction peut durer dix minutes par jour.
Vers 8-10 mois, on peut passer à une demi-heure, et à une heure chez l'enfant de 1 an.
Après quelques séances au cabinet médical, les parents procèdent eux-mêmes à l'occlusion de l'oeil sain puis reviennent voir une fois par mois, puis toutes les six semaines, puis à chaque trimestre.
Au tout début, lorsqu'un bébé doit porter des lunettes et pratiquer ces exercices, parents et enfants sont généralement assez tendus.
Mais les progrès sont parfois tellement spectaculaires que la motivation est vite au rendez-vous !
Plus le dépistage des troubles de la vision se fait tôt, plus la rééducation est facile : un nourrisson réagit mieux aux exercices qu'un enfant un peu plus grand et donc plus turbulent.