Le pouce ou la tétine pour un tout-petit, c'est normal.
La succion correspond en effet à un besoin physiologique.
En revanche, si cette habitude se prolonge, ses dents risquent d'en souffrir.
Tous les enfants éprouvent le besoin de sucer leur pouce
Et ils commencent très tôt !
Dès la seizième semaine de grossesse, le fœtus le met dans sa bouche.
Après la naissance, la plupart des enfants continuent de sucer leur pouce, tandis que certains préfèrent les autres doigts, une tétine, ou leur doudou - que ce soit une peluche ou un morceau de tissu.
De l'avis des pédiatres et des pédopsychiatres, la succion est un besoin physiologique : elle procure un sentiment de bien-être et d'apaisement immédiats…
« c'est une façon de venir à bout d'une tension, de s'en protéger et de se sentir réconforté ».
Cela aide aussi les enfants à mieux supporter la séparation avec leurs parents, à la crèche, par exemple…
Pas question, donc, d'interdire du jour au lendemain la succion du pouce, de la tétine ou du doudou !
Il faut y aller en douceur, progressivement…
L'idéal étant que cette habitude disparaisse au mieux vers 3 ans, au plus tard 5 ans.
Pourquoi ?
Parce que, si elle persiste, cela peut avoir des répercussions graves sur la dentition de votre enfant.
zoom sur les principales déformations dentaires et conseils clés pour y remédier.
Les premiers temps, pas de panique
Les premiers mois, et même les premières années, la succion ne pose pas de problème particulier sur le plan physiologique.
Qu'il suce le sein, le biberon, la tétine ou un doigt, le bébé s'y prend toujours à peu près de la même façon : il ferme ses lèvres sur le mamelon, la sucette ou le pouce.
Puis il aspire ou il suce en mettant sa langue en avant.
Celle-ci se place spontanément à l'horizontale entre les gencives et les lèvres fermées.
Et lorsqu'il déglutit, la langue reste dans cette position.
C'est tout à fait normal !
Après 2 ou 3 ans, c'est plus embêtant
A partir du moment où les molaires font leur apparition, aux alentours du 24e mois, un enfant mastique les aliments durs avec ces dents du fond, lorsqu'il mordille un croûton de pain par exemple.
Tout en mâchant, il déglutit pour pousser les aliments en arrière et les avaler.
La langue se place alors en arrière, sur le haut du palais, les dents serrées.
Si votre tout-petit continue de sucer son pouce ou un doudou, il va conserver l'habitude de mâcher puis de déglutir en maintenant sa langue en avant.
Certes, cela ne l'empêchera pas d'avaler son morceau de pain !
Mais si sa langue est en avant, et non en arrière, cela risque d'avoir des conséquences au niveau de ses mâchoires et de ses dents.
N'oubliez pas qu'à 2 ou 3 ans, votre enfant est en pleine croissance et que, durant cette période, chaque organe a un rôle à jouer !
Ainsi, la fonction de la langue n'est pas seulement d'envoyer les aliments dans l'œsophage.
En se plaçant en arrière au moment de la déglutition, elle exerce une pression sur la voûte du palais et favorise ainsi la croissance normale de la mâchoire.
En revanche, si la langue reste près des lèvres, il arrive que les os de la mâchoire ne se placent pas dans le bon axe : elle part alors trop en avant, trop en arrière ou de travers, bref se déforme !
Plusieurs cas de figure peuvent se présenter : la mâchoire est déformée, mais les dents poussent normalement, bien à leur place.
Ou la mâchoire est déformée et les dents sont aussi mal positionnées.
Il arrive aussi que les maxillaires ne souffrent d'aucune déformation mais que les dents poussent de travers !
Différentes sortes de malpositions dentaires peuvent apparaître.
Selon les enfants, elles interviennent tôt, dès 3-4 ans, ou plus tard, vers 7-8 ans.
Les malpositions dentaires
Les dents du haut sont trop avancées
Normalement, quand la bouche est fermée, les dents du haut recouvrent celles du bas.
Mais lorsque les tout-petits sucent le pouce ou deux doigts, ceux-ci tirent la mâchoire supérieure et les dents beaucoup trop vers l'avant.
Celles du bas partent en avant
A force de sucer son pouce ou un doudou, non seulement la langue du tout-petit reste en avant mais elle sort même un peu.
Entraînées par le morceau de tissu ou les doigts en permanence dans la bouche, les dents du bas partent en avant et recouvrent celles du haut.
Elles sont trop écartées
Il arrive aussi que les quenottes de nos tout-petits poussent trop écartées les unes des autres, la langue et le pouce ayant empêché un positionnement normal ou les ayant tout simplement déplacées.
Elles poussent en arrière
Là encore, les grands responsables s'appellent pouce, doigts ou doudou.
Ils poussent les dents du haut ou du bas en arrière.
Il y a une béance entre les deux mâchoires
L'espace est trop grand entre l'arcade supérieure et l'arcade inférieure.
Les fautifs ? Toujours les mêmes : la langue placée en avant, le pouce, un ou plusieurs doigts, la sucette.
Ca se soigne
Tous les enfants qui sucent leur pouce ou une tétine ne souffrent pas de déformation des mâchoires ou de malposition des dents…
C'est avant tout une question de prédisposition.
Mais que l'on se rassure : plusieurs solutions existent pour les petits malchanceux.
Elles dépendent du diagnostic et, bien sûr, du degré de gravité.
Lorsque la mâchoire est déformée, ou quand les malpositions des dents sont très accentuées, certains praticiens conseillent le port d'un appareil dentaire - fabriqué sur mesure et ultraléger, rassurez-vous - dès l'âge de 3 ou 4 ans.
Pourquoi s'y prendre si tôt ?
Parce que l'on intervient alors sur la denture temporaire - les dents de lait - afin de s'assurer que les dents définitives seront bien positionnées.
Mais tous les enfants n'acceptent pas facilement de porter un appareil et, de leur côté, les parents ne sont pas toujours convaincus de son utilité.
Or, leur motivation est aussi importante que celle de leur petit.
De plus, cet appareillage doit obligatoirement être accompagné d'une « rééducation », c'est-à-dire d'exercices simples qui aideront le tout-petit à apprendre à déglutir normalement et à renoncer à sucer son pouce.
On l'aura compris, ce type d'intervention n'est envisagé que dans les cas les plus sérieux !
Heureusement, les déformations et les malpositions les plus courantes se corrigent sans problème, et elles n'exigent pas de traitement précoce.
C'est vers l'âge de 6 ou 7 ans que les orthodontistes préfèrent intervenir.
Contrairement à ce qu'on pourrait croire, l'éruption des dents définitives n'est absolument pas une contre-indication ! Vers 7 ans, l'âge de raison, l'enfant comprend le traitement, et donc l'accepte mieux.
Ce dernier dure de six mois à un an environ et s'accompagne également de conseils pour que le petit patient renonce à la succion et réapprenne à déglutir en plaçant sa langue en arrière.
Mais mieux vaut prévenir
Même si les malpositions dentaires sont le plus souvent sans gravité, mieux vaut prévenir que guérir.
A partir de 3 ans, vous pouvez commencer à aborder le sujet de la sucette ou du pouce.
L'objectif étant d'arriver à vos fins deux ans plus tard, grand maximum !
Avec tact, douceur et compréhension.
Un tout-petit ne suce pas son pouce ou un doudou pour vous embêter.
Rappelez-vous que c'est une vraie source de réconfort pour lui.
Ne le grondez pas, ne lui retirez pas d'office la sucette de la bouche le jour de ses 3 ans et, surtout, ne l'humiliez pas en le traitant de bébé.
Voici les cinq règles d'un « sevrage » tout en douceur.
Soyez logique
Si vous souhaitez que votre tout-petit se passe de sa sucette, ne prenez pas l'habitude de la lui donner dès qu'il chouine… pour avoir la paix.
Oui, un enfant qui ronchonne, c'est fatigant.
On peut se sentir impuissante, et même agacée, après une journée de travail.
Confiez-le plutôt à son papa un moment ou proposez-lui un jeu… mais essayez de vous défaire de ce geste devenu réflexe. « L'idéal c'est de ne jamais proposer la sucette à un enfant, même tout petit, mais d'attendre que ce soit lui qui la réclame. »
Soyez stratège
Demandez-lui d'ôter sa sucette ou ses doigts de sa bouche lorsqu'il parle car vous ne le comprenez pas.
C'est toujours quelques moments de gagnés.
Soyez joueuse
Proposez-lui de laisser la sucette ou le doudou à la maison lorsque vous sortez.
C'est plus difficile avec le pouce ?
Très juste. Faites-en donc un jeu : « Tu ne touches pas à ton pouce pendant qu'on fait les courses, d'accord ? » Qu'est-ce qu'il gagne ?
Vos félicitations chaleureuses !
Il sera très fier de lire de la satisfaction dans vos yeux.
Soyez honnête
Si vous lui disiez la vérité ?
Vous pouvez lui expliquer qu'il faut faire attention à ses dents parce qu'elles sont précieuses et que, pour un garçon comme pour une fille, un joli sourire peut constituer une arme redoutable !
Soyez pédagogue
Dites à votre enfant, sans insister, que les grands ne sucent plus leur pouce ou la sucette.
Ajoutez que lui aussi, quand il se sentira mûr, il arrêtera de lui-même.
Plutôt que de faire le forcing, témoignez-lui votre confiance.
Et rassurez-vous car la mise en place d'une alimentation appropriée, favorisant la mastication et la déglutition normale, ainsi que l'exemple des petits copains feront le reste.