John Sidney McCain III, né le 29 août 1936, sur la base militaire américaine de Coco Solo, dans la Zone du canal de Panamá, est un vétéran de la guerre du Viêt Nam et un homme politique américain, membre du Parti républicain, sénateur de l'Arizona au Sénat des États-Unis depuis 1987, réélu en 1992, 1998 et 2004.
Après avoir tenté, sans succès, en 2000 de recevoir l'investiture républicaine pour être le candidat du parti à l'élection présidentielle, il est 8 ans plus tard le candidat républicain à l'élection présidentielle de novembre 2008.
En mai 2008, le Time le classe cinquième sur sa liste des cent personnes les plus influentes au monde
BiographieSes parents sont John S. « Jack » McCain, Jr. (1911-1981) et Roberta (Wright) McCain (née en 1912).
Jack McCain est commandant de sous-marins durant la Seconde Guerre mondiale puis amiral en chef de l'US Navy dans la zone Pacifique pendant la guerre du Viêt Nam.
Il est décoré de la Silver Star et de la Bronze Star.
Son grand-père paternel est aussi un amiral de l'US Navy. John Sidney « Slew » McCain, Sr., pionnier de l'aéronavale et amiral dans la flotte du Pacifique, dirigea plusieurs assauts lors de la bataille du golfe de Leyte lors de la guerre du Pacifique durant la Seconde Guerre mondiale.
Il est encore présent sur le pont du cuirassé USS Missouri (BB-63) le 2 septembre 1945 lors de la reddition japonaise dans la baie de Tōkyō avant de mourir 4 jours plus tard.
Durant les 10 premières années de sa vie, John McCain déménage au gré des affectations de son père. Il passe ainsi une enfance entre New London (Connecticut) et Pearl Harbor (Hawaii). Il a 5 ans lors de l'attaque sur Pearl Harbor, le 7 décembre 1941.
Après la Seconde Guerre mondiale, les McCain s'installent dans le nord de la Virginie. John McCain fréquente alors l'école Saint-Stéphane de la ville d'Alexandria de 1946 à 1949, puis fréquente le lycée épiscopalien d'Alexandria.
De 1954 à 1958, il est élève à l'Académie navale d'Annapolis d'où il manque de se faire renvoyer pour ses actes d’indiscipline et des amours agitées notamment avec un mannequin brésilien, ou pour avoir amené une strip-teaseuse à un cocktail en grande tenue de l’amirauté.
Véritable tête brûlée, il s'écrase ainsi à deux reprises à l'entraînement avec un appareil.
Carrière militairePilote militaire, John McCain est d'abord cantonné à la tâche d'instructeur de vol et effectue des missions en mer Méditerranée et en Océan Atlantique.
Le 29 juillet 1967, McCain échappe à un tir de roquette accidentel, à bord de l'USS Forrestal, qui heurte son avion A-4 Skyhawk en stationnement et propage un incendie à bord du navire qui tue 134 marins.
Un peu plus tard, le 26 octobre 1967, au cours de sa 23e mission de bombardement au-dessus du Nord-Viêt Nam où son objectif est la centrale électrique d'Hanoi, son avion est abattu par un missile sol-air SAM-2.
Lorsqu'il s'éjecte, la violence du choc lui brise les deux bras et une jambe.
Tombé en parachute au milieu du lac Truc Bach, situé au cœur de la capitale nord-vietnamienne, il manque de se noyer lorsque des habitants le tirent de l’eau, lui arrachent son équipement et le rossent.
Récupéré par les soldats nord-vietnamiens, un garde transperce son épaule avec la baïonnette de son fusil tandis qu'un autre lui perce la cheville. Il en gardera des séquelles physiques toute la vie comme une cicatrice sur la tempe, un bras gauche qui ne se lève plus, une jambe qui traîne un peu et une démarche assez raide.
Grièvement blessé, il est emmené dans une prison où il est jeté dans une cellule à même le sol.
Durant quatre jours, il est interrogé et battu. Au cinquième jour, quand les Nord-vietnamiens découvrent qu'il est le fils d'un amiral américain, il est transféré dans un hôpital où il reçoit des transfusions de sang et de plasma.
Au bout du 10e jour d'hospitalisation, un membre du bureau politique du Parti communiste vietnamien lui annonce qu'il va parler à la télévision française.
Suite aux menaces qu'il encourrait pour la suite de son hospitalisation s'il persistait à refuser, John McCain obtempère et reçoit la visite du journaliste français de l'ORTF François Chalais.
Ce dernier diffusera dans Panorama les images de McCain déclinant son identité et en donnera une copie à l’épouse du pilote.
En mars 1968, il parvient pour la première fois à se tenir debout et à marcher mais il est alors placé pendant deux ans en isolement total. Suivront ensuite 3 années de mauvais traitements, de solitude et d’angoisse. Prisonnier de guerre, il est ligoté et humilié régulièrement par ses geôliers qui lui cassent à nouveau le bras ainsi que quelques côtes.
Roué de coups pendant des jours ou suspendu par ses bras fracturés, il en vient à signer des confessions de piraterie aérienne, avant de tenter de se pendre dans sa cellule.
En juin 1968, il refuse, par solidarité avec ses camarades, une offre de libération anticipée lorsque ses geôliers, réalisant que son père venait d'être nommé commandant en chef du United States Pacific Command, ont espéré en faire une opération de propagande. En décembre 1969, John McCain est transféré à la prison de Hoala, le « Hanoi Hilton », construite par les Français en 1945. Cette fois, il n'est plus en isolement total et peut communiquer avec d’autres Américains, notamment un compagnon de cellule qu’on lui adjoint.
À plusieurs reprises, il refuse de rencontrer des délégations étrangères de pacifistes venues à Hanoï, ce qui lui vaut de nouveaux coups et blessures.
En janvier 1972, son père, amiral en chef de la zone Pacifique fait bombarder Hanoï par les B-52 en dépit des risques pour son fils, toujours prisonnier du Việt Cộng.
Libéré en mars 1973, après avoir survécu à ses blessures, aux humiliations, aux coups, aux tortures et à 2 années de confinement solitaire, John McCain est décoré à son retour par le président Richard Nixon.
En 1977, il devient officier de liaison de la Navy au sénat des États-Unis.
En 1981, le capitaine McCain quitte la Navy le jour où, coïncidence, son propre père est enterré au cimetière national d'Arlington. Il est alors titulaire d'une multitude de décorations honorifiques et prestigieuses comme la Silver Star, la Bronze Star, la légion du mérite ou encore la Purple Heart.
John McCain en 1974
Carrière politiqueEn 1982, quand le député républicain de l'Arizona, John Jacob Rhodes, renonce à solliciter un nouveau mandat à la chambre des représentants des États-Unis, John McCain fait acte de candidature pour lui succéder.
Lors de la campagne, à son adversaire démocrate qui le traite de « parachuté », parce que McCain n'a aucune attache dans le district, le vétéran du Viêt Nam lui rétorque « Écoute, vieux, j'aurais aimé avoir le luxe, comme toi, de grandir et de vivre toute ma vie dans un endroit merveilleux comme l'Arizona. Mais en fait, quand j'y pense, l'endroit où j'ai vécu le plus longtemps c'est à Hanoï ».
John McCain est élu.
Durant ses deux mandats, il se fait remarquer par des positions politiques iconoclastes vis-à-vis de son parti et du président Ronald Reagan, notamment quand il s'oppose au maintien des troupes américaines dans la force multinationale stationnée au Liban et approuve les sanctions économiques contre l'Afrique du Sud pour protester contre la politique de l'apartheid qui était en vigueur.
En 1986, il est élu au Sénat au siège laissé vacant par son prédécesseur, le républicain conservateur Barry Goldwater. Deux ans plus tard, il vote en faveur du Family Support Act comme la plupart des sénateurs, qui demande des mères adolescentes, récipiendaires d'aides sociales, qu'elles poursuivent leur scolarité (high school) En 1989, il est impliqué dans le scandale politico-financier connu sous le nom de Keating Five.
Il est alors reproché à John McCain d'avoir accepté, avec 4 autres sénateurs américains, une importante contribution financière à sa campagne électorale de la part du président d'une association de caisse d’épargnes californienne, afin, semble-t-il, de ne pas ébruiter les malversations financières de ce dernier.
La commission d’enquête du Sénat chargée de l’enquête conclut à une erreur de jugement du sénateur de l’Arizona dont l'intégrité avait alors été mise en doute.
En 1993, c'est avec un autre vétéran du Viêt Nam, le sénateur démocrate John Kerry, qu'il milite et obtient la réouverture des relations diplomatiques avec le Viêt Nam.
En 1997, Time Magazine le cite parmi les 25 personnes les plus influentes des États-Unis.
En 1999, il raconte dans son autobiographie intitulé Faith of my Fathers sa détention au Viêt Nam.
L'année suivante, en 2000, John McCain se présente aux élections primaires du Parti républicain en vue de l'élection présidentielle. Son principal concurrent est alors le gouverneur conservateur du Texas, George W. Bush.
Contre toute attente, McCain gagne les primaires du New Hampshire, du Michigan, de l'Arizona, de Rhode Island, du Connecticut et du Vermont et met en difficulté le gouverneur Bush, soutenu par la direction du Parti républicain. Durant ses meetings, utilisant son image nationale d'honnêteté et de probité, il n'hésite pas à se comparer à Luke Skywalker en lutte contre les forces obscures de l'empire, représentés par le gouverneur Bush et les évangélistes Pat Robertson et Jerry Falwell, ces derniers étant qualifiés d’« agents de l’intolérance et de la corruption religieuse et politique ». Cependant, à la veille de l'importante primaire de Caroline du Sud, McCain est victime d'une campagne de calomnie orchestrée par des proches du gouverneur Bush.
Il est ainsi accusé d'avoir fait un enfant à une femme noire, d'avoir trahi au Viêt Nam, d'avoir transmis la syphilis à sa seconde épouse ou d’avoir perdu la raison en captivité.
Il est finalement battu par le gouverneur Bush lequel reçoit la nomination pour être candidat républicain à l'élection présidentielle de 2000. Il s'éloigne alors du devant de la scène pour soigner un début de cancer de la peau et se fait opérer d'un mélanome qui lui laissera une profonde cicatrice sur la joue gauche.
Au Sénat, McCain sera un des plus fermes partisans de la réforme du financement des campagnes électorales, qu'il fait aboutir en 2002 avec le sénateur démocrate Russ Feingold.
Qualifié alors de républicain progressiste, il est souvent assimilé à l'image de l'ancien président Théodore Roosevelt pour « considérer la politique comme une compétition entre l'intérêt national et l'égoïsme des intérêts privés » et défendre « l'idée que le gouvernement devait contrebalancer les abus de la richesse organisée ».
Il rencontre à l'époque des responsables démocrates qui espèrent le faire convaincre de les rallier[ mais c'est le sénateur James Jeffords du Vermont qui finalement quitte le Parti républicain et permet au Sénat de basculer du côté démocrate.
Le sénateur McCain a empêché un contrat espéré par Boeing en 2003 pour le leasing de 100 avions ravitailleurs KC-767 pour 23 milliards de dollars. Boeing étant choisi sans concurrence comme seul contractant grâce à un réseau serré d’influence et de corruption qui déclenchant un scandale qui envoya en prison un des dirigeants de Boeing et la numéro 2 du service des acquisitions de l’US Air Force Darleen Druyun, et coûta son poste au CEO de Boeing, Phil Condit.
Lors de la convention nationale républicaine en 2004, il apporte son plus ferme soutien au président George W. Bush, qu'il a pourtant beaucoup critiqué dans le passé, et prononce un discours de combat contre les démocrates bien que son ami John Kerry, candidat démocrate, ait tenté d'en faire son colistier. Il prononce d'ailleurs à cette occasion un virulent discours contre les « mensonges et manipulations malhonnêtes des pseudo-réalisateurs gauchistes », visant Michael Moore, sans jamais le nommer.