Hygiéniques et confortables à l'origine, les toilettes électroniques nippones qui surprennent l'étranger de passage se muent progressivement en véritables laboratoires d'analyses médicales personnels.
Toto, le numéro un mondial du secteur, a ainsi conçu avec le promoteur immobilier Daiwa House de nouveaux sanitaires baptisés "Intelligence Toilets" (toilettes intelligentes), qui analysent l'urine, mesurent la pression artérielle, dosent la proportion de graisse dans le corps, et pèsent la masse corporelle.
Ce n'est certes pas le premier modèle dont les fonctions dépassent largement les simples commodités, mais il s'agit d'un des plus complets.
"Nous avons déjà près de cent commandes depuis que ce modèle est commercialisé", a déclaré à l'AFP une porte-parole de Daiwa House, Miki Chino, précisant que les clients sont en majorité des quadragénaires et des quinquagénaires.
Ces WC intelligents regorgent de technologies mécaniques, chimiques, électroniques et informatiques.
Une employée de Daiwa House contrôle sa pression artérielle dans des toilettes high-tech, le 21 juin 2005 à Tokyo (Photo Yoshikazu Tsuno/AFP)
Pour l'analyse d'urine, une dosette vient se positionner au bon endroit pour recueillir la dose utile (quelques centimètres cube) puis aller automatiquement en déverser une partie dans un système d'analyse situé à l'arrière.
Pendant ce temps, l'usager/patient peut prendre sa pression artérielle à l'aide d'un tensiomètre positionné à côté du support de rouleau à papier.
Une fois ces opérations, indolores, achevées, il ne lui reste plus qu'à se peser, ce qui se fait automatiquement au moment du lavage des mains, le pèse-personne se trouvant inséré dans le sol au bon emplacement.
Enfin, pour achever la séance de contrôle, l'utilisateur devra saisir une sorte de guidon situé devant lui entre le miroir et le lavabo, se placer droit devant, tendre les bras, ce qui permet à l'appareil en question de quantifier la proportion de graisse que contient son corps.
Le suivi médical exigeant régularité et comparaison d'analyses, toutes les données ainsi recueillies peuvent être traitées ensuite sur ordinateur personnel grâce à un logiciel spécifique, qui conservera trace des résultats de toute la maisonnée (quatre personnes sous surveillance régulière au maximum).
Les visiteurs de passage pourront également utiliser ces sanitaires, mais leurs analyses ne seront pas conservées.
Toto domine le marché japonais des sanitaires innovants depuis la fin des années 1970, époque à partir de laquelle les toilettes de style occidental ont commencé à détrôner les traditionnels modèles japonais d'antan, plus proches des toilettes "à la turque".
L'entreprise nippone a acheté à l'époque un brevet déposé par une petite firme américaine spécialisée dans la conception de sanitaires pour handicapés, selon une porte-parole de Toto.
Le numéro un mondial s'honore d'avoir vendu quelque 20 millions de toilettes depuis 1980, au Japon et à l'étranger.
Ce fabricant, peu connu en Europe, a d'abord révolutionné le mode de fonctionnement des chasse d'eau grâce à un système de propulsion qui nettoie la cuvette en utilisant la force centrifuge de l'eau au lieu de simplement la faire couler le long des parois.
Sont arrivées ensuite d'autres fioritures comme le désodorisant et le détergent automatiques, le siège chauffant, la musique d'ambiance, le simulateur de bruit de chasse-d'eau pour couvrir les sons embarrassants et autres gadgets qui font des toilettes japonaises des appareils aussi intrigants que pratiques.
Tous les fabricants de sanitaires nippons (Inax, Matsushita/National) ont depuis suivi la même voie que Toto dans la course à l'innovation.
Selon Toto, il n'y a aucun doute que le succès de ces appareils est né de l'obsession nippone pour l'hygiène et la propreté.