Paul Verlaine est avant tout le poète des clairs-obscurs. L'emploi des rythmes impairs, d'assonances, de paysages en demi-teintes le confirme, rapprochant même, par exemple, l'univers des Romances sans paroles des plus belles réussites impressionnistes.
La famille de Verlaine appartient à la petite bourgeoisie : son père, comme celui de Rimbaud, est capitaine dans l'armée.
Il fait ses études à Paris au lycee Condorcet , puis, est employé à l'Hôtel de Ville.
Il fréquente les cafés et salons littéraires parisiens puis, en 1886, collabore au premier
Parnasse contemporain et publie les
Poèmes saturniens. On y sent l'influence de Baudelaire , cependant que s'y annonce déjà l'« effort vers l'Expression, vers la Sensation rendue » (Lettre à Mallarmé du 22 novembre 1866) qui caractérise sa meilleure poésie.
En 1869, les
Fêtes galantes, des fantaisies évoquant le dix-huitième siècle de Watteau, confirment cette orientation.
En 1870, il épouse Mathilde Mauté, à laquelle il vient de dédicacer
La Bonne Chanson.
L'année suivante, Verlaine prend fait et cause pour la Commune de Paris, réprimée dans un bain de sang par le gouvernement d'Adolphe Thiers. Verlaine quitte Paris avec sa femme par crainte des représailles, et ce n'est que peu de temps après son retour à Paris, alors que le jeune couple est logé chez les parents de Mathilde, qu'Arthur Rimbaud surgit dans sa vie et vient la bouleverser. Verlaine quitte son épouse et part en compagnie du jeune poète pour l'Angleterre et la Belgique.
C'est pendant ces voyages qu'il écrira une grande partie du recueil
Romances sans paroles.
En 1873, lors d'une dispute au domicile de sa mère à Bruxelles, il tire deux coups de revolver en direction de Rimbaud et le blesse d'une balle au poignet.
Bien que Verlaine regrette immédiatement jusqu'à supplier Rimbaud de le tuer, ce dernier prend peur lorsque Verlaine le devance en pleine rue et qu'il porte sa main à son revolver.
Rimbaud fuit et le dénonce à la police.
Bien que Rimbaud aie retiré sa plainte, il est condamné à l'issue d'un procès relaté par la presse, à deux ans de prison, plus en raison de son homosexualité, alors condamnable, que de l'incident. Il les purge à Bruxelles et à Mons.
Durant son séjour en prison, où il élabore la matière d'un recueil qui ne verra jamais le jour (
Cellulairement), son épouse obtient la séparation de corps dont la procédure avait été lancée dès 1871.
C'est en prison qu'il se convertit au catholicisme, au lendemain d'une nuit mystique.
De cette conversion date probablement l'abandon de
Cellulairement et l'idée du recueil
Sagesse, qui profitera, avec
Jadis et Naguère (1884) et
Parallèlement (1888), d'une grande partie des poèmes du recueil mort-né. À sa sortie, il se rend à nouveau en Angleterre, puis à Rethel où il exerce une charge de professeur.
En 1883, il publie dans la revue
Lutèce la première série des « poètes maudits » (Stéphane Mallarmé, Tristan Corbière, Arthur Rimbaud) qui contribue à le faire connaître.
Avec Mallarmé, il est traité comme un maître et un précurseur par les poètes du symbolisme et par les décadents.
En 1884, il publie
Jadis et Naguère qui marque son retour sur l'avant-scène littéraire, bien que le recueil soit essentiellement composé de poèmes antérieurs à 1874.
La même année, dans
À Rebours, J.-K. Huysmans lui réserve une place prééminente dans le Panthéon littéraire de Des Esseintes. En 1885, dans les
Déliquescences d'Adoré Floupette, G. Vicaire et H. Beauclair le consacrent officieusement chef d'école des Décadents.
En 1886 il collabore à la Revue contemporaine d'Édouard Rod.
À partir de 1887, alors que sa célébrité s'accroît, il plonge dans la misère la plus noire.
Les productions littéraires de ses dernières années sont purement alimentaires.
À cette époque, il partage son temps entre le café et l'hôpital.
En 1894, il est couronné « Prince des Poètes » et doté d'une pension. Usé prématurément, il meurt en 1896, à Paris (à l'âge de 52 ans).
Le lendemain de son enterrement, plusieurs quotidiens relatent un événement curieux : dans la nuit qui a suivi les obsèques, la statue de la Poésie, au faîte de l'Opéra, a perdu un bras qui s'est écrasé, avec la lyre qu'il soutenait, à l'endroit où le corbillard de Verlaine venait de passer...
Initialement, Paul Verlaine a été enterré dans la 20e division du Cimetière des Batignolles à Paris (une zone qui se trouve actuellement en-dessous du boulevard périphérique).
En 1989, sa tombe a été transférée dans la 11e division, en première ligne du rond-point central.