Il s’appelle Eric,mais pas officiellement.
Il est né au centre hospitalier intercommunal de Créteil le 26 février,à 17 h 15. 
Champigny (Val-de-Marne),le 8mai.
Deux mois et demi après sa naissance,Eric,le bébé d’Anabela,n’a aucune existence légale.
La déclaration de naissance n’a pas été prise en compte par le service de l’état civil de Créteil.Il pèse aujourd’hui 5,7 kg et mesure 57 cm.
Il a un tempérament plutôt calme,quelques petits cheveux et un franc sourire qui transparaît déjà dans ses grands yeux clairs.
Pourtant,Eric n’existe pas.
En tout cas,pas aux yeux de la loi.
Sa naissance n’a pas été prise en compte par le service d’état civil de Créteil.
« L’hôpital a fait le nécessaire pour la déclaration de naissance auprès de l’état civil,explique Anabela,pétillante maman de 37 ans installée dans un petit studio à Champigny.
Mais,pour des raisons que je ne connais pas,la ville n’a pas pris en compte cette déclaration. »
Celle-ci doit pourtant être faite dans les trois jours qui suivent la naissance.
« Je suis allée au service d’état civil de Créteil le 9 mars,raconte-t-elle.
J’ai demandé l’acte de naissance de mon fils,mais la personne qui m’a reçue ne le trouvait pas.
Elle m’a dit que je me trompais,que c’était en 2014…
Je lui ai répondu que j’avais accouché une semaine plus tôt et que j’étais donc sûre que c’était 2015 ! sourit-elle.
Mais j’ai compris que quelque chose n’allait pas. »
Seule solution : une procédure au tribunal de grande instanceCe jour-là,la responsable du service lui a remis une lettre dans laquelle elle écrit : « Pour une raison encore inconnue,mais pour laquelle je vous présente mes excuses,il s’avère que la déclaration de naissance n’a pas été prise en compte par le service de l’Etat civil. »
La responsable explique que devant cette grave erreur,elle a contacté le tribunal de grande instance de Créteil pour trouver une solution.
La seule possible est d’engager une procédure de jugement déclaratif.
Néanmoins,l’histoire ne s’arrête pas là.
Le service d’état civil a demandé qu’Anabela née au Portugal lui transmette entre autres une copie intégrale de son acte de naissance,à destination du parquet de Créteil.
« J’ai fait la demande auprès du consulat du Portugal.
L’opération a pris un mois et demi et m’a coûté 68 €.
Mais,à la mairie,on m’a expliqué qu’on n’avait pas le document.
Et le tribunal ne pourra rien faire sans cela. »
Pas de demande de crèche,pas de congé parentalD’ici là,Anabela,qui élève seule Eric,ne peut plus bénéficier de certaines aides : « Je ne peux pas faire de demande de crèche,pas envisager de congé parental,pas voyager avec lui. »
C’est « le bébé qui n’existe pas en France »,lance une de ses amies.
« L’histoire peut faire rire mais,moi,je ne comprends pas. »
Anabela a quitté Leiria pour la France il y a quatre ans pour recommencer de zéro.
Aujourd’hui,elle vit du RSA,de la CAF et de l’aide de ses proches.
« Ma mère est venue passer un mois après l’accouchement,je suis entourée,explique-t-elle.
Mais je ne peux même pas prendre l’air,je suis coincée ici avec le bébé,stressée.
Je ne sais pas combien de temps tout cela va prendre,je ne comprends pas ce qui s’est passé.
Je voudrais juste que mon fils ait une identité. »
le parisien 
Sujet: Eric,le bébé qui n’existe pas dans Le Val-De-Marne 
