Si j'étais fée…
Si j'étais fée, oh ! sur la terre entière
Je répandrais le calme et le bonheur ;
Je laisserais les enfants à leur mère,
Je laisserais à la tige la fleur.
L'agneau timide au bord de la rivière
Au nez du loup viendrait boire sans peu ;
Pour l’écolier et pour le chat voleur.
Le nid bavard serait chose sacrée ;
Et le lapin, sur l'herbe parfumée,
Tranquillement se rirait du chasseur,
Si j'étais fée.
Si j'étais fée,
Les nations unissant leurs efforts,
S'empresseraient d'abaisser leurs frontières
L'humanité ne ferait qu'un seul corps.
Tous s'aimeraient, et la haine étouffée
Ne serait plus qu'un posthume remords,
Si j'étais fée.
Si j'étais fée, ai-je dit ; mais, hélas !
Je vois trop bien que je ne le suis pas.
On a perdu la magique baguette.
Les hommes sont jaloux et querelleurs ;
Les nations, qui devraient être sœurs,
S'abandonnant à leur rage inquiète,
A s'entre-nuire appliquent tout leur soin,
Et l'âge alors que je rêve est bien loin.
Et je soupire, en cherchant dans mon coin
Comment guérir notre race insensée :
Si j'étais fée !