L’anticipation et le calme au volant fondent la conduite économique et écologique.
Ce nouveau style de comportement automobile sert à réduire les dépenses en carburant.
"L’adopter ne sera pas facile, car, sur les 38 millions de détenteurs du permis de conduire en France, personne n’a suivi une formation à l’écoconduite", avertit Philippe Olmo, consultant à l’Institut national de sécurité routière et de recherches, chargé de la conduite économique.
Changer ses habitudes représente une gageure, mais l’importance des enjeux devrait motiver chaque citoyen.
Ce n’est pas insurmontable, car, depuis une quinzaine d’années, la technologie des moteurs permet de diminuer les émissions polluantes et la consommation de carburant.
L’écoconduite commence dès le démarrage, en engageant la vitesse supérieure dès que possible.
Les conducteurs de voitures fonctionnant à l’essence ou au GPL devraient pouvoir l’enclencher avant 2 500 tours/minute et ceux des voitures Diesel avant 2 000 tours/minute.
Le principe étant de ne pas "pousser les vitesses", de passer la vitesse supérieure au plus tôt en tenant compte de la topographie et des conditions de circulation.
Sans oublier que chaque véhicule réagit différemment en fonction du couple et de la puissance du moteur.
Lors des premiers kilomètres, roulez calmement, le temps qu’il monte en température.
Vous aurez sous le pied une réserve moindre pour pousser des pointes ou dépasser, mais vous ne perdrez pas de temps pour autant, surtout si vous prévoyez votre itinéraire à l’avance.
"D’après une expérience menée à Nevers sur 15 km en ville et en périphérie, l’écoconducteur qui a emprunté un chemin approprié est arrivé une minute après le conducteur classique, et il a économisé un litre de carburant", relate Philippe Olmo.
Accélérations et freinages répétés pompent beaucoup d’énergie.
Il convient donc de les limiter au minimum.
Le principe : conduire à vitesse constante, élevée tout en restant dans la norme, et à bas régime.
"En agglomération, lorsque la circulation est fluide, vous pourrez peut-être passer la cinquième.
Sur route et autoroute, si votre véhicule est équipé d’une sixième vitesse, passez-la le plus tôt possible."
Regarder loin devant soi afin d’anticiper le trafic s’avère primordial. Pour ralentir ou vous arrêter, vous aurez meilleur compte à décélérer en laissant une vitesse engagée au lieu de freiner.
Les véhicules modernes sont généralement dotés d’une fonction électronique qui coupe l’alimentation de carburant lors de l’utilisation du frein moteur.
Dans les véhicules plus anciens, décélérer ne réduit pas la consommation, mais prolonge la durée de vie des freins.
À la campagne, ralentir 250 m avant un stop laisse le temps d’observer le trafic et de se réguler par rapport aux autres véhicules.
En montagne, restez autant que faire se peut à bas régime dans les montées et n’accélérez pas en descente avant de passer les vitesses.
Il est également recommandé de couper le moteur dès qu’un arrêt dépasse une minute.
La consommation d’un moteur au ralenti équivaut en effet à 18 l/100 km. Arrêter le moteur induit une économie d’énergie malgré le carburant nécessaire au redémarrage, à condition toutefois de ne pas partir en trombe.
Autre élément à prendre en compte : la climatisation, très gourmande en carburant.
Selon l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie, elle augmente la consommation de 18 % pour les moteurs à essence et de 20 % pour les diesels.
Quand vous roulez à moins de 50 km/h, il est conseillé d’ouvrir les fenêtres plutôt que de la mettre en route.
Au-delà, actionnez-la, car la dépression occasionnée par les fenêtres ouvertes ferait perdre trop de puissance au moteur et entraînerait une surconsommation de carburant.
Mais veillez à ce que la différence de température entre l’extérieur et l’habitacle ne dépasse pas 3 °C.
"Réfléchir à son trajet, adopter une conduite apaisée, travailler sur l’anticipation et éviter de solliciter le moteur : tous ces comportements associés engendrent des économies de carburant de 15 à 25 %", assure Philippe Olmo.
Modifier des automatismes exige toutefois de fournir des efforts et suscite parfois des réticences.
Aussi, lorsque la confiance en soi n’est pas suffisante, et en attendant que des formations se mettent en place (pour l’instant, elles s’adressent aux conducteurs professionnels et aux formateurs en auto-école), il est impératif de privilégier la sécurité par rapport à l’application stricte des règles de l’écoconduite.
Voici d’autres principes à appliquer pour limiter sa consommation.
Ne pas trop charger sa voiture.
Une charge supplémentaire de 100 kg entraîne une surconsommation de 5 %.
Il est préférable d’utiliser une remorque ou un coffre de toit plutôt qu’une galerie, qui nuit à l’aérodynamisme de la voiture.
Et pensez à l’enlever après utilisation.
Vérifier chaque mois la pression des pneus.
Des pneus sous-gonflés allongent la distance de freinage, affectent la tenue de route et augmentent les besoins en carburant jusqu’à 25 %.
Entretenir son véhicule.
C’est le meilleur moyen de prolonger sa durée de vie et de renforcer sa sécurité.
De plus, une voiture en bon état de marche consomme jusqu’à 25 % de moins qu’une autre mal entretenue.