lorsqu’elle a reçu sa facture EDF à la fin de l’été, Marcelle Marnat, 87 ans, n’en a pas cru ses yeux.
Selon le document, elle aurait consommé pour 52 231,71 € d’électricité, l’équivalent de la consommation annuelle d’une PME.
« C’est bien simple, indique sa fille Elisabeth, cela fait trois semaines qu’elle ne dort plus. »
Après moult coups de fil au service clientèle, Marcelle, qui vit seule à Bezons (Val-d’Oise), reçoit le 17 août un courrier lui indiquant qu’un rendez-vous a été fixé « pour un relevé spécial de (son) compteur, afin d’annuler une facture aberrante non prélevée ».
« Quand le technicien est venu, il nous a expliqué que, lors du dernier relevé du compteur, en juin 2009, son prédécesseur avait inversé le comptage en heures creuses et en heures pleines. Il a ajouté que nous n’étions pas les premiers chez qui il avait identifié la même erreur », se rappelle Elisabeth.
Une information confirmée par EDF.
Mais à cette erreur humaine s’est ajoutée une erreur informatique.
Bien que le technicien venu en août ait identifié et signalé le problème, Marcelle a reçu le 1er septembre une lettre de relance surprenante et un rien menaçante.
« Après analyse, nous avons constaté l’exactitude du montant de votre facture (mais) il ne nous est pas possible d’en prélever le montant », signale le courrier.
« Heureusement que la banque n’a pas autorisé le virement, s’écrie Elisabeth, toutes les économies de ma mère seraient parties en fumée, et elle aurait sûrement été interdite bancaire ! »
Le courrier ajoute qu’à défaut de règlement son alimentation en électricité pourra être suspendue.
« Entre la visite du technicien et l’envoi de ce courrier, notre serveur informatique n’a pas décelé cette incohérence, déplore-t-on chez EDF. Nous lui avons assuré que le problème allait être réglé, elle va recevoir prochainement une nouvelle facture avec le bon montant. »
Reste que cela ne suffit pas pour Marcelle et sa fille.
Cette dernière exige des excuses, refuse de payer les frais d’intervention du technicien et envisage de réclamer des dommages et intérêts pour préjudice moral.
« Vous imaginez l’effet d’un tel courrier sur une femme de 87 ans ? Comment de telles erreurs peuvent-elles être commises ? » se demande Elisabeth.
Dans son dernier rapport annuel, le médiateur de la République a consacré un chapitre aux « dommages collatéraux de l’ouverture à la concurrence du secteur de l’énergie ».
Il y pointe notamment des erreurs de facturation, la défaillance des centres d’appels chargés d’assurer le traitement des réclamations et l’insuffisante information des clients.