Albi est une commune française, située dans le département du Tarn et la région Midi-Pyrénées.
Ses 51 800 habitants (88 000 pour l'agglomération constituée par la communauté d'agglomération de l'Albigeois) sont appelés les Albigeois et Albigeoises. La banlieue s'étend vers Arthès et St-Juéry.
Albi est surnommée la ville rouge du fait de la couleur des briques de sa cathédrale et de son centre ancien
Albi est composée de la cathédrale Sainte-Cécile et du Palais de Berbie qui domine le centre-ville. Ville natale d'Henri de Toulouse-Lautrec, elle abrite un musée regroupant une très importante collection d'œuvres du peintre post-impressioniste.
Enfin, Albi est surtout un haut-lieu historique dont le nom a été donné aux adeptes du catharisme, les Albigeois, qui subirent une répression violente au XIIIe siècle de la part de l'Église catholique connue sous le nom de Croisade des Albigeois
Habitat traditionnel en brique près de la cathédrale Sainte-Cécile
Étymologie Le nom d'Albi aurait deux origines. L'une viendrait de Alp qui est un préfixe qui désigne un lieu escarpé ou un oppidum, tandis que l'autre origine serait Albius qui était le nom d'un notable romain qui vivait à Albi à l'époque romaine.
Une autre hypothèse est alba (blanc en latin) des falaises calcaires entourant la ville.
On note aussi l'orthographe (vieillie) d'Alby.
HéraldiqueLes armes d'Albi se blasonnent ainsi : De gueules au château crénelé de quatre pièces d'argent, maçonnée de sable ouvert du champ de deux portes coulissées d'argent, d'un léopard d'or, les pattes posées sur les quatre créneaux, le tout brochant sur une croix archiépiscopale d'or posée en pal, adextrée en chef d'un soleil du même et sénestrée d'une lune en décours d'argent.
Devise : La devise de la ville est Stat baculus vigilatque leo turresque tuetur ce qui signifie « La croix est levée, le lion veille et protège les tours ». Elle date de 1764. La fait allusion à la croix archiépiscopale des armes de la ville. En 1236, la première devise de la ville était sigillum comutatis albie.
Le blason de la ville est constitué :
Un mur crénelé à deux portes symbolisant la ville fortifiée,
Un mur soutenant en son milieu la crosse épiscopale accostée de la lune (décroissante) et du soleil, tous deux, éléments des armoiries des Comtes de Toulouse puis du Languedoc,
Un léopard placé sur ce mur, symbole de la force.
HistoireLa ville d'Albi est une ville antique dont l'histoire est riche. D'abord fief des seigneurs Trencavel au Moyen-Âge puis du catharisme, elle devient une cité épiscopale dès le XIIIe siècle. C'est durant la Renaissance que la ville s'enrichit grâce à la culture du pastel. Plusieurs hôtels particuliers restent les témoins de cette époque. À la Révolution française, les biens du Clergé sont vendus et les différents bâtiments deviennent des centres administratifs. Le XIXe siècle est marqué par l'essor de l'industrie avec la verrerie et la chappellerie ainsi que l'extraction de la houille près de Carmaux.
Les originesLes premiers hommes s'installent sur les bords du Tarn attirés par l'eau et par l'abondance de galets. Ils laissent derrière eux de nombreuses pierres taillées comme des bifaces, des racloirs ou des choppers. Puis des restes d'objets en bronze puis en fer sont retrouvés dans les environs d'Albi. Un atelier de fondeur est découvert près de l'oppidum naturel du Castelviel. Le Tarn est navigable à partir d'Albi d'où l'installation des premiers hommes dans cette région. De plus, le site est proche de vallées fertiles et de richesses minières exploitables. Durant la seconde moitié du IVe siècle avant J.-C., les Ruthènes, des Gaulois, créent un large domaine correspondant aux futurs diocèses d'Albi et de Rodez.
En 120 avant notre ère, la région est envahie par les Romains, mais la romanisation est faible et Albi conserve son caractère de petite cité gauloise. Le port d'Albi devient un lieu d'échange et de transit de nombreuses marchandises et de voyageurs. L'agriculture reste tout de même l'activité économique majeure de la cité.
Le premier évêque d'Albi est Diogène vers 405 et la première mention de Civitas albigensium date de 406.
En 418, les Wisigoths envahissent la région et en prennent le contrôle, puis les Francs s'en emparent en 507. Le duc Didier la soumet de façon temporaire à la tutelle de Chilpéric Ier, le roi de Neustrie. Rapidement, le royaume de Francs récupère l'Albigeois sous la gouvernance de Clotaire II. En juillet 666, un grand incendie ravage la ville.
Statue au palais de la Berbie
Le Moyen Âge Durant le Moyen Âge, la ville est un oppidum ceint de murailles. Au Xe siècle, le premier pont sur le Tarn est construit à Albi. Il s'agit de l'actuel Pont-Vieux. Ce pont permet le développement de la ville sur les deux rives du Tarn. Vers l'An Mil, Albi entre dans le fief de la famille Trencavel, les seigneurs d'Ambialet. La ville est pourtant fief ecclésiastique, mais comme un Trencavel était toujours évêque, la famille en use comme de son bien.
Aux XIIe et XIIIe siècles, Albi est un centre du mouvement religieux cathare ; une controverse qui s'y tient donne d'ailleurs aux Cathares le surnom d'Albigeois (ceux qui défendent la doctrine défendue à Albi). L'hérésie progresse rapidement et les diverses missions et prédications des prêtres de l'Église catholique n'empêchent pas son essor. Le catharisme est violemment réprimé lors de la croisade contre les Albigeois. Albi passe pourtant dans le camp catholique sans résistance ; le comte de Toulouse, Raimond-Roger Trencavel, perd son fief en 1209 lors de la prise de Carcassonne. Par la suite la construction du palais épiscopal fortifié de la Berbie et de l'imposante cathédrale Sainte-Cécile ancre la ville dans le giron de l'Église. Les évêques veulent marquer le pouvoir de l'Église grâce à ces nouveaux bâtiments. La ville est aussi un important centre culturel connu pour son scriptorium. Il permet de copier des textes et des livres de la vie liturgique.
Au XIVe siècle, la structure de la ville se transforme de façon importante. Elle se divise en six quartiers, ou « gaches » entourés de murailles. Le Pont-Vieux est fortifié à la fois du côté du faubourg et de la ville, avec un pont-levis à chaque extrémité. Il est surmonté de maisons avec en son centre une chapelle dédiée à la Vierge. La Plassa est le cœur de la cité située au pied de la cathédrale. Dans les faubourgs se trouvent les moulins et les tanneries
De la Renaissance au XVIIe siècleL'époque de la Renaissance est marquée par la prospérité grâce à la culture du pastel. La région est un véritable pays de cocagne. De nombreux bourgeois deviennent rapidement riches et influents dans la vie de la ville. C'est l'époque de la construction de nombreuses demeures et hôtels particuliers encore visibles de nos jours dans les rues d'Albi. La maison Enjalbert, l'hôtel Gorsse et l'hôtel de Reynès sont de bons exemples de l'architecture de cette période. Elle se caractérise par l'utilisation exclusive de la brique pour les murs et de la pierre pour les encorbellements et les entourages de portes et fenêtres.
En 1474, Louis d'Amboise est nommé évêque d'Albi. Il a été auparavant ambassadeur de France à Rome puis conseiller du roi Louis XI et Lieutenant général de la province du Languedoc. Il est à l'origine de l'installation de Neumeister, un maître-imprimeur originaire de Mayenne et collaborateur de Gutenberg. C'est l'un des premiers ateliers d'imprimeurs de France après celui de Paris et Lyon
Au XVIe siècle, de nouveaux troubles apparaissent et avec l'arrivée du calvinisme en France vers 1540. Le 25 février 1560, Albi organise une grande procession expiatoire et la régente Catherine de Médicis nomme au siège épiscopal son cousin Laurent Strozzi. Il est chargé de défendre la ville contre les protestants. Le massacre de la Saint-Barthélemy (24 août 1572 à Paris) se répéte à Albi le 5 octobre, et donne lieu à des règlements de compte[28]. Albi adhère à la fronde politique de la Sainte Ligue. En 1593, les États de la Ligue ont lieu en présence du duc de Joyeuse. Le Palais de berbie devient une place forte armée jusqu'en 1598, date à laquelle la Ligue disparaît avec la nomination de Henry IV comme roi de France.
Le XVIIe siècle est une période de déclin économique pour Albi et sa région. Le pastel est en perte de vitesse et la ville recherche de nouveaux débouchés économiques. La verrerie, la tannerie et le tissage sont des activités importantes mais la ville n'arrive pas à revenir au niveau de prospérité passée. Plusieurs briqueteries se sont installées en périphérie et fournissent le matériau de construction de la ville. Le contexte économique à la veille de la Révolution française en 1789 est particulièrement difficile
Les XVIIIe et XIXe sièclesÀ la Révolution, Albi perd un temps son rôle moteur au profit de Castres devenu le chef-lieu du nouveau département du Tarn en 1790. Mais les républicains jugent Castres peu sûre et la fuient pour se réfugier à Albi. La ville devient chef-lieu en 1797, après cette brève période d'hégémonie castraise. Les biens du clergé sont vendus et le couvent des Carmes devient l'actuel palais de justice et celui des Cordeliers est transformé en prison. Le Palais de Berbie devient le siège de l'administration départementale jusqu'en 1823. En 1794, les archives du clergé sont brûlées sur la place du Vigan
Au XVIIIe siècle, le marquis de Solages, seigneur de Carmaux, tente l'une des premières extractions industrielles de charbon en France. Il obtient l'autorisation de construire une ligne de chemin de fer hippomobile jusqu'à Albi. Ainsi naît le faubourg de la Madeleine.
Le chemin de fer arrive à Albi en 1864. Un deuxième pont, l'actuel Pont Neuf, est construit sur le Tarn ainsi qu'un viaduc pour le train. La métallurgie s'implante au Saut du Tarn entraînant l'apparition de fonderies spécialisées. Mais l'activité la plus connue est la verrerie, fondée en 1896 en coopérative ouvrière grâce à l'aide de Jean Jaurès. La chapellerie est aussi une industrie importante d'Albi, la plaçant parmi les premières de France au XIXe siècle
Depuis le XXe sièclePendant la Seconde Guerre mondiale, les habitants de la ville subissent un épisode du Régime de Vichy, avec la création d'un Centre de rassemblement des étrangers. Peu avant la Libération, une colonne allemande tenta de passer le Tarn, en venant de la Madeleine. Des résistants locaux et étrangers (beaucoup de Polonais et d'Espagnols) livrent un combat acharné sur le Pont-Neuf avant de devoir décrocher. Un monument aux morts rappelle toujours leur action.
Des unités militaires ont stationné à Albi: le 143e Régiment d'Infanterie en 1906.
De nos jours, Albi est un pôle d'innovation prometteur avec l'école des mines d'Albi-Carmaux (recherches sur l'énergie solaire, les voitures et les carburants propres). La ville met en avant ses atouts naturels (climat agréable et paysages) et culturels pour développer le tourisme vert, qui est en expansion. Par ailleurs, la ville fait des efforts soutenus pour s'améliorer et s'embellir : la place du Vigan, ainsi que, tout récemment, celle de la Cathédrale, ont été entièrement refaites.
Palais de justice d'Albi