Treize personnes sont mortes et "des dizaines" sont portées disparues depuis le naufrage de leur embarcation sur le lac Tanganyika vendredi soir, dans le sud-est de la République démocratique du Congo, a-t-on appris mercredi de source policière.
"L'accident a eu lieu vendredi soir. C'est par erreur que certains éléments des services maritimes ont parlé de lundi", a déclaré à l'AFP Sadiki Kandolo, officier de police judiciaire (OPJ) du bureau maritime de Kalemie, ville la plus proche du lieu du naufrage, dans le sud-est de la RDC.
Plus tôt, des responsables de l'inspection maritime avaient indiqué à l'AFP que le drame s'était produit dans la nuit de lundi à mardi.
Des habitants de Kalemie et un journaliste local, joints par téléphone par l'AFP, ont confirmé que l'accident s'était produit vendredi soir.
Ils ont précisé que l'information n'était parvenue que tardivement au port de Kalemie, où plusieurs agents affirmaient encore mercredi que le drame s'étaient produit il y a deux jours.
L'OPJ a confirmé à l'AFP le bilan provisoire du sinistre, établi mercredi matin à 13 morts, dont les corps ont été retrouvés, 17 rescapés identifiés et des dizaines de disparus.
Les enquêteurs estiment que l'embarcation devait transporter au moins une centaine de personnes. Outre les 17 rescapés secourus par des pêcheurs, d'autres passagers seraient parvenus à gagner la rive, a-t-on indiqué de source policière, sans être en mesure de donner un bilan plus précis.
L'embarcation, une barge en bois surchargée, a coulé à environ 5 kilomètres de Kalemie, peu après avoir quitté ce port situé à près de 700 km au nord-est de Lubumbashi, capitale de la province du Katanga.
"Il y avait 58 noms sur le registre de navigation, mais on sait qu'il y avait beaucoup de +clandestins+. Les conducteurs prennent toujours le plus de passagers possible", qui payent leur billet mais ne figurent pas sur les registres, a déclaré à l'AFP le commissaire délégué à la navigation de Kalemie, Xavier Kasimbo.
"On ne saura sans doute jamais combien il y avait de gens à bord", a-t-il ajouté.
Les recherches devaient reprendre mercredi, selon les enquêteurs, qui n'avaient guère d'espoir de retrouver encore des survivants.
La barge assurait la liaison entre Kalemie et Moba, cité congolaise située à environ 150 km plus au sud, au bord du lac Tanganyika, frontière naturelle entre la RDC et la Tanzanie.
Selon les premiers éléments de l'enquête, l'accident serait dû "à une erreur de navigation" du pilote.
"Au lieu de prendre directement la direction de Moba, le conducteur a voulu aller récupérer un passager à Kibanga (à plus de 5 km au sud de Kalemie). Il faisait nuit et la barge a heurté une roche. Elle s'est cassée en deux", a expliqué M. Kasimbo.
"C'était la nuit. Beaucoup de gens se sont noyés", a indiqué de son côté Mbutu Nasibu, l'inspecteur maritime de Kalemie.
"Les rescapés ont très vite fui, une fois à terre", a-t-il ajouté, expliquant que ces passagers irréguliers "avaient peur" d'être interrogés par les services de police.
Mardi, des vedettes de l'inspection maritime ont commencé à rapatrier à Kalemie les corps des victimes, et ont remorqué l'épave de la barge, a indiqué M. Nasibu.
La barge, d'une capacité de 9 tonnes, transportait officiellement "10 bidons de carburant et 20 sacs de farine", mais l'inspection maritime estime que l'embarcation devait transporter beaucoup plus de marchandises.
"C'est toujours comme ça. Un bateau ne part que s'il est complètement plein, s'il n'y a plus aucune place pour un bidon ou un passager", a déploré un agent de l'inspection, sous couvert d'anonymat.
Les accidents sont fréquents sur les lacs et rivières de RDC, notamment du fait de la surcharge des embarcations, d'un mauvais balisage des voies navigables et d'erreurs des pilotes, souvent peu formés.