Qu'est-ce que la rancune ?
La rancune c'est une colère qui contient un désir de vengeance.
Dans certains cas, ce dernier est très vif.
La rancune s'apparente à la révolte par la part d'indignation qui la sous-tend.
Mais elle n'atteint jamais l'intensité que la révolte peut atteindre.
Par ailleurs, la rancune s'applique toujours à des personnes, alors que la révolte peut aussi viser des événements ou même des entités abstraites.
La rancune est une colère "stabilisée", même si elle peut être ravivée et augmenter en intensité si nous évoquons les événements qui en sont la source.
De plus, la colère est installée pour demeurer .
En effet, nous tenons à conserver notre rancune parce que c'est la seule façon qui nous reste de ne pas baisser la tête, de refuser ce qui s'est passé.
La rancune est en effet alimentée par le caractère inacceptable ou intolérable de son origine.
Il nous semble alors que la vengeance rétablirait quelque peu l'équilibre.
Si le responsable pouvait "payer" pour le tort qu'il a causé, il y aurait au moins un semblant de justice.
Mais l'équilibre reste inatteignable car, à nos yeux, le geste est irréparable.
C'est ainsi que nous tentons de "faire payer" et que nous souhaitons qu'il lui arrive malheur.
Mais typiquement, nous n'agissons pas de façon à nous venger réellement.
Dans certains cas, parce que que c'est impossible
Dans d'autres cas, c'est parce que nous refusons d'exprimer clairement cette colère.
C'est justement ce que la vengeance nous obligerait à faire.
La rancune se caractérise donc aussi par l'absence de contact expressif direct avec celui qui est l'objet de la colère.
Les personnes rancunières, par exemple, choisissent souvent de punir en boudant.
Si la rancune est tenace, c'est aussi parce que nous jugeons que la blessure ou le tort subi aurait pu être évité.
L'acte du responsable n'était pas inexorable, comme les situations révoltantes peuvent parfois l'être (par exemple la mort, la maladie).