carte de Christophe Colomb
Le projet de voyage aux Indes
« outre-Atlantique » C'est aux alentours de 1484 que Colomb forme l'idée de passer par l'Atlantique pour aller aux Indes (« rejoindre le Levant par le Ponant »).
Il est en effet connu depuis les Grecs anciens que la Terre est ronde, et Eratosthène avait donné une estimation à peu près exacte de sa circonférence.
Mais les textes grecs sont mal connus à l'époque, et c'est sur les mesures de Pierre d'Ailly que Colomb se base.
Pierre d'Ailly reprend lui-même les travaux plus anciens d'Al-Farghani, et estime le degré terrestre à 56 milles 2/3 (soit un équateur d'environ 30 000 kilomètres).
Or les arabes utilisaient un mille de 1 973 mètres et non le mille romain de 1 482 mètres.
Selon les mots de Michel Balard « lumineuse erreur qui permet au navigateur de réduire les distances entre les Canaries et l'extrémité orientale du continent asiatique ! ».
Une grande partie de la communauté scientifique de l'époque estime réalisable un tel voyage et Jacques Heers précise : « (...) les idées de Colomb ne s'inscrivent pas à contre-courant.
Tout au contraire, elles nous paraissent exactement l'expression normale de la pensée géographique de son époque. ».
Ce qui distingue le projet du navigateur des hypothèses des érudits du temps – géographes et humanistes – qui estiment tous très probable l'existence d'îles nombreuses voire même de terres plus vastes plus loin à l'ouest dans la mer océane c'est son but : atteindre les rivages de la Chine et avant cela le Japon, soit le royaume du Cathay et Cipangu tels que décrit par Marco Polo.
Un groupe d'experts choisi par le roi Jean II rejette cependant son projet sans appel.
Colomb va alors tenter sa chance en Castille au milieu de 1485.
Il est reçu par Isabelle de Castille en janvier 1486, mais une réponse négative lui est à nouveau rendue en 1490. En 1491, sa demande est en passe d'être acceptée mais sa trop grande ambition fait échouer sa quête, il veut notamment être vice-roi de toutes les terres découvertes et obtenir un titre de noblesse.
C'est grâce à l'insistance du conseiller du roi Ferdinand que le projet est approuvé par la reine notamment aux vues des possibles retombées économiques : la découverte d'une nouvelle route vers les Indes permettrait de s'affranchir des intermédiaires orientaux.
Les quatre voyages de Colomb aux « Indes »
Le Ier voyage (1492-1493)Le voyage inaugural de Colomb est celui qui est le mieux connu des historiens. Comme l'écrit Jacques Heers : « Pour nous en tenir au temps de Colomb, de tous les voyages maritimes du temps (...) aucun ne peut être connu (...) avec tant de minutie et de sérieux. »
Deux documents écrits permettent de suivre les navires de l'explorateur : le Journal, dans la version donnée par Bartolomé de Las Casas, et la lettre à Santangel, écrite le 14 février 1493 sur la route du retour, sorte de bilan de son expédition adressée en Espagne.
Par ailleurs, à compter de 1938, l'amiral américain Samuel Eliot Morison a entrepris de refaire le périple du Génois et a pu, en ce qui concerne le premier voyage,
« pointer sur la carte la position des navires chaque soir »
Le 3 août 1492, Colomb est au départ à Palos de la Frontera (Huelva) avec 3 navires - 2 caravelles, la Pinta et La Niña, et une nef, la Santa Maria - et pas plus de 90 membres d'équipage. Alicia Gould Quincy a réussi dans les années 1920 à dresser une liste de 87 noms.
Une première escale a lieu aux Canaries, à Las Palmas de Gran Canaria du 9 août au 6 septembre, (la route du sud a été choisie pour éviter les croisières portugaises au large des Açores).
Le 12 octobre, après une longue traversée, la terre est en vue, et Colomb la baptise du nom du Christ : San Salvador (Guanahani).
Première rencontre avec les indigènes que Colomb nomme « Indiens » d'après la conception du continent qu'il croyait aborder ; ceux-ci lui indiquent que de l'or se trouve sur une grande île au Sud-Est.
Le 23 octobre, Colomb perd de vue la Pinta, il accuse alors son capitaine Martín Alonso Pinzón d'avoir déserté.
Le 28 octobre, Colomb découvre Cuba, qu'il nomme Juana en l'honneur de la fille des rois catholiques.
Il pense connaître parfaitement sa position sur le continent asiatique.
À la suite d'un coup de vent Colomb perd la Santa Maria dans la nuit du 25 au 26 décembre 1492.
Il doit se résoudre à laisser 39 hommes sur place dans un petit fortin construit dans la baie de La Navidad
Le IIe voyage (1493-1496)Il prépare rapidement une nouvelle expédition beaucoup plus ambitieuse avec une flotte de 17 navires et environ 1 500 hommes dont 700 colons et 12 missionnaires ainsi que des chevaux, des bêtes de somme et du bétail.
Son objectif est de fonder une colonie sur Hispaniola et de retrouver les 39 hommes de la Santa Maria qu'il a dû laisser.
Il lève l'ancre pour ce nouveau voyage le 25 septembre 1493 de Cadix, redevenue espagnole et chrétienne depuis son premier départ.
La première terre qu'il aperçoit, 21 jours après avoir quitté les Canaries est La Désirade qu'il baptise ainsi Desirada, tant la vue d'une terre fut désirée par l'équipage.
Les autres îles ne sont pas loin.
Le dimanche 3 novembre 1493, une autre île est en vue, que Colomb nomme Maria Galanda (Marie-Galante), du nom du navire amiral.
Une troisième se présente à l'horizon, ce sera Dominica (la Dominique) puisqu'elle apparaît un dimanche matin, où il débarquera.
Le lendemain matin, 4 novembre, ils reprennent la mer vers une île plus grande dont ils avaient aperçu au loin les montagnes.
Colomb décide alors de jeter l'ancre devant cette île afin d'accorder quelques jours de repos à ses hommes. C'est l'île de Caloucaera "Karukera" (nom donné par les Caraïbes) et qui fut rebaptisée "Santa Maria de Guadalupe de Estremadura" (c'est la Basse-Terre de la Guadeloupe), pour honorer une promesse (donner le nom de leur monastère à une île) faite à des religieux lors d'un pèlerinage, ou qu'il s'était faite à lui-même lors des tempêtes de son précédent retour.
Puis il repart vers le nord en direction d'Hispaniola.
Il aperçoit ensuite une petite île qu'il baptise Montserrat, du nom du massif de Montserrat, une montagne voisine de Barcelone où se trouvent un sanctuaire et un monastère bénédictin en l'honneur de la Virgen de Montserrat.
Le 11 novembre 1493, jour de la fête de saint Martin de Tours, la flotte aperçoit une île au large et la baptise du même nom : Saint-Martin, et aperçoit à l'horizon une autre petite île qu'il baptise du nom de son frère Bartolomeo, Saint-Barthélemy.
Il part avec une flottille vers l'ouest où il découvre en avril 1494 Porto-Rico puis la Jamaïque.
À Hispaniola, les Espagnols organisent une grande chasse à l'esclave et rassemblent 1500 Arawaks (hommes, femmes et enfants), qu’ils parquent dans des enclos sous la surveillance d’hommes et de chiens.
500 d’entre eux sont embarqués vers l’Espagne, 200 meurent pendant la traversée, et les survivants sont mis en vente dès leur arrivée. Colomb vend chaque indien pour 5000 maravedis.
Le IIIe voyage (1498-1500) Six mois après son retour, Colomb obtient de la cour l'autorisation d'engager les préparatifs pour un autre voyage.
Cela lui demande plus d'un an d'effort.
Deux navires, l’India et la Nina partent cinq mois avant lui, le 23 janvier 1498, sous le commandement de Pedro Hernandez Coronel, pour ravitailler les colons d'Hispaniola.
Ce n'est que le 30 mai 1498 que Colomb lève l'ancre, de San Lucar, à la tête de six navires.
Le 31 août 1498, il arrive enfin à Hispaniola.
Cela fait deux ans et neuf mois qu'il avait quitté l'île.
Il la retrouve en proie à des troubles sévères orchestrés par Francisco Roldan que son frère Bartolomè, capitaine général et président du Conseil des gouverneurs, a bien du mal à circonscrire.
En août 1500, Francisco de Bobadilla, émissaire des rois, débarque sur l'île et fait jeter les trois frères Colomb au cachot avant de les renvoyer en Espagne. Fin octobre 1500, il débarque à Cadix humilié et accusé.
Territoires visités : Saint-Vincent, Grenade, Trinidad, Margarita, Venezuela
Le IVe voyage (1502-1504)Aucun récit exhaustif ne décrit précisément les événements survenus lors de ce quatrième et dernier voyage entamé par Colomb le 3 mai 1502.
Il semble en effet que l'Amiral n'ait pas tenu de journal, et seul peut-être son fils Fernando, alors âgé de treize ans, aurait pris sous la dictée des observations de son père, dont quelques traces figurent dans l'histoire qu'il a écrite plus tard.
Seule une relation abrégée écrite par Colomb, rédigée vers les mois de juin/juillet 1503, et à destination des rois est parvenue jusqu'à nous.
Quatre caravelles de faible tonnage partent de Séville avec à leur bord 135 personnes : le Capitana, navire amiral, le Santiago, commandé par Bartholomè Colomb, El Gallego et El Vizcaino.
Colomb envisage ce quatrième voyage comme une entreprise de découverte et n'emporte donc aucun ravitaillement pour l'Hispanola que ses instructions lui intimaient de ne pas aborder, sauf en cas d'extrême nécessité.
Le 15 juin 1502, il passe à proximité de la Martinique qu'il avait peut-être aperçue lors de son second voyage.
Colomb se trouve en face de l'isthme du Panama qu'il prend pour celui de Malaisie.
Il repart finalement pour l'Espagne le 12 septembre 1504, et arrive le 7 novembre fatigué et malade.
Territoires visités : St-Lucia, Martinique, Honduras, Nicaragua, Costa Rica, Panama.