1970 - 1982 : une première décennie de succès En 1970, Mercury s'installe avec une jeune femme, Mary Austin, avec laquelle il vivra jusqu'en 1976.
Il mettra alors fin à leur relation amoureuse à cause de sa plus grande attirance pour les partenaires masculins. Cependant, Austin reste une amie très proche durant tout le reste de la vie du chanteur.
En 1971, après plusieurs essais décevants avec d'autres bassistes, c'est John Deacon qui est choisi pour compléter le quatuor.
Queen est au complet, sous sa forme définitive, et peut se lancer dans un travail de composition collective qui durera vingt ans.
Le succès de Queen passe par des étapes et évolutions techniques importantes.
En 1972, Mercury tire parti de sa formation de graphiste pour dessiner le logotype du groupe, connu sous le nom de Queen crest ; au milieu se trouve un Q majuscule, encadré de symboles rappelant les signes zodiacaux des quatre membres du groupe
La même année, alors que Queen répète aux studios Trident pour l'enregistrement de leur premier album, le producteur des Beach Boys, Robin Cable, entend le chanteur depuis un couloir et lui propose d'enregistrer un morceau de sa composition, I can Hear Music.
Le disque ne sort qu'en juin 1973, un mois avant le premier album de Queen.
Afin de ne pas risquer de porter préjudice à la notoriété de sa formation, Mercury décide de sortir son tout premier travail « solo », auquel il convie les autres membres de Queen à apporter leur contribution, sous le nom de Larry Lurex
En 1974, Freddie Mercury choisit de révéler son homosexualité, au cours d'un entretien accordé au magazine New Musical Express.
Le parfum de scandale dû à son orientation sexuelle devient, avec la provocation et l'iconoclastie, partie intégrante de son image au fil des années suivantes.
À cette époque, Mercury arbore un style somme toute classique pour un chanteur de rock de l'époque, cheveux et ongles longs, ces derniers recouverts de vernis noir.
Sur scène, ses tenues sont assez amples et renforcent le côté théâtral de sa gestuelle.
Les premiers albums du groupe sont bien accueillis par la critique et un succès commercial correct vient assez rapidement. Cependant, Mercury ambitionne de créer dans des styles réellement novateurs.
En 1975, il y réussit avec l'album A Night at the Opera qui offre à Queen une réelle notoriété internationale.
Le morceau Bohemian Rhapsody devient, au fil des ans, emblématique de la créativité du groupe et surtout de son chanteur, qui le compose presque intégralement en y mettant des moyens inédits à l'époque.
Dès les premières années, le groupe s'impose comme avant-gardiste du clip, dont il fait un réel moyen d'expression artistique plutôt qu'un simple support de promotion commerciale.
Celui qui est tourné pour cette célèbre rhapsodie ne fait pas exception, utilisant des effets vidéo ingénieux alors même que le budget qui est dévolu à son tournage est restreint.
Vers la fin des années 1970, et ce, bien que le succès commercial soit au rendez-vous, Queen reçoit de dures critiques de la part de magazines musicaux importants, tels que le New Musical Express et Rolling Stone.
La plupart des critiques rock qui s'expriment sont séduits par le mouvement punk et reprochent aux morceaux de Queen d'être surproduits
Un des critiques de Rolling Stone confirmera son opinion en 1994, disant alors que l'album Queen II, dont Mercury est le principal auteur, était déjà « [d'une] complexité de composition abrupte et dénuée de sens ».
Mercury coupe ses cheveux et se laisse pousser la moustache au début des années 1980, suivant la mode « nouveau clone » lancée par certains gays à cette époque. Malgré ce
peu équivoque, il évoque toujours rarement sa vie sentimentale en public.
Certains fans de la première heure lui font parvenir des colis contenant des rasoirs et du vernis à ongles.
1982 - 1990 : Mercury, avec et sans Queen Fin 1982, Queen annonce que la prochaine tournée n'aura lieu que l'année suivante.
Mercury est animé du désir de composer un album personnel depuis plusieurs années et s'envole pour Munich afin de rentrer en studio, début 1983.
Il rencontre Giorgio Moroder, compositeur et arrangeur, qui souhaite ressortir une version modernisée du célèbre film de Fritz Lang, Metropolis, en colorisant les images et en ajoutant une musique contemporaine.
Il invite Mercury et d'autres artistes à participer au projet.
Le résultat sera le premier single de Mercury, Love Kills, en 1984.
En mai 1983, il assiste à une représentation d'opéra dont la soprano se trouve être Montserrat Caballé.
Il se dit profondément impressionné par la prestation de Caballé et fait sa connaissance le soir même.
L'idée de faire un album en duo germe et prendra corps quelques années plus tard.
Après ces expérimentations isolées, Queen se lance dans des tournées mondiales d'une envergure rarement égalée à l'époque (Works Tour, Magic Tour, etc.) et établit plusieurs records d'audience.
Leur prestation au Live Aid de 1985 en direct du stade de Wembley près de Londres, est saluée par la critique comme la « plus grande performance live de tous les temps ».
Elton John, qui doit leur succéder sur scène ce jour-là, leur lance une pique lorsqu'il croise les membres du groupe qui viennent d'achever leur passage de vingt minutes, les accusant d'avoir « volé le spectacle ».
En 1985, Mercury collabore à l'écriture de la comédie musicale Time avec Dave Clark.
La même année sort son premier album solo, Mr. Bad Guy (1985).
Il s'installe également avec celui qui sera son dernier compagnon, Jim Hutton.
Le couple vit entre Londres et Montreux, en Suisse, où Mercury possède une maison et un studio d'enregistrement personnel.
1986 est une année-clé pour le groupe, qui collectionne plusieurs succès dans des domaines divers.
Le groupe enregistre et sort l'album A Kind of Magic, composé pour illustrer le film Highlander.
Si seuls quelques morceaux figurent effectivement sur la bande originale du film, l'album est un succès commercial.
Le groupe se lance dans une tournée mondiale qui sera la dernière, puisque la maladie de Mercury va, peu après, lui interdire de renouveler ce genre d'expériences, trop fatigantes.
Ce Magic Tour est lui aussi un succès et un album, Live Magic, en est tiré peu de temps après.
Les membres du groupe souhaitent en outre tenter de donner, près de chez eux, un concert aux dimensions inédites pour un groupe seul.
Ce sera le célèbre Live at Wembley.
Alors que certains prédisent un échec à cause de la taille du lieu (le stade de Wembley de l'époque compte 70 000 places), les billets pour les deux soirs de concert se vendent en moins de deux jours.
Les enregistrements vidéo fixent le style et l'exubérance de Mercury, qui finit ses deux apparitions drapé dans un manteau écarlate bordé d'hermine avec sur la tête une réplique parfaite de la couronne royale britannique, le tout au son de l'hymne national officieux du Royaume-Uni, God Save the Queen.
En 1987 sort The Great Pretender, album composé de reprises réarrangées par Mercury.
Cette année-là, le médecin de Mercury lui annonce qu'il est atteint du VIH.
C'est en 1988 que sort le second et dernier album estampillé Mercury à être composé de matériel original : Barcelona.
Cet album est la concrétisation du rêve avoué du chanteur de se rapprocher du monde de l'opéra, désir déjà largement concrétisé par le biais de certaines compositions dont la plus célèbre, Bohemian Rhapsody, mais surtout de travailler avec la soprano catalane Montserrat Caballé.
L'album est largement acclamé par la critique et la chanson-titre du disque devient l'hymne de la ville natale de Montserrat Caballé (Barcelone) et le thème des Jeux Olympiques de 1992 qui y ont lieu.
Enfin, The Freddie Mercury Album qui sort en 1992 est une compilation posthume, destinée à faire connaître au grand public et aux admirateurs de Queen un travail personnel assez méconnu.
Sa reprise de la chanson The Great Pretender et sa composition Living On My Own furent deux grands succès solo.
Cependant, ce dernier titre ne parviendra en première position des ventes au Royaume-Uni qu'à titre posthume grâce au groupe No More Brothers qui le remixe.
Cette version fut également numéro un des ventes de singles en France durant quinze semaines
1990 - 1991 : maladie et fin de vie
Mercury se sait malade du VIH et ainsi condamné à plus ou moins long terme depuis 1987.
En 1990-1991, il enregistre ses dernières prises avec Queen, dont son ultime composition, A Winter's Tale, qui évoque la région de Montreux où il passe alors beaucoup de son temps.
Si les traces physiques de la maladie ne sont pas immédiatement décelables, les toutes dernières apparitions du chanteur sont sans équivoque ; les clips réalisés pour l'album Innuendo, en particulier I'm Going Slightly Mad, le montrent très amaigri et fatigué.
Il cache alors son visage sous une épaisse couche de maquillage blanc et noir.
Le 20 février 1990, Freddie Mercury fait une dernière apparition publique à l'occasion des British Awards au cours desquels Queen se voit récompensé.
La rumeur de maladie se répand et les médias commencent à évoquer la possibilité que Mercury souffre du sida.
Le groupe dément au moyen d'un communiqué de presse officiel.
Il montre, selon ses proches, un courage peu commun au cours des dernières années de sa vie qui, pourtant, furent très difficiles.
Alors qu'il est déjà très malade, il insiste pour enregistrer des chansons et des clips (Headlong, I'm Going Slightly Mad et These Are the Days of Our Lives, sa dernière vidéo enregistrée).
Sachant sa mort prochaine, il enregistre également The Show Must Go on, sorte de testament destiné à son public.
Mercury fait autant de prises voix qu'il le peut, jusqu'à ce qu'une pneumonie ne l'en empêche finalement, un mois avant son décès.
Il confie aux membres restants le soin de retravailler tout le matériel dont ils disposent, afin de sortir un ultime album réunissant les quatre membres de Queen
Ce n'est que le 23 novembre 1991, environ vingt-quatre heures avant son décès, que Mercury annonce qu'il est atteint du sida.
Il appelle son manager, Jim Beach, pour l'aider à rédiger une annonce.
Son médecin personnel, Gordon Atkinson, va à la rencontre des journalistes massés devant la maison de Kensington et lit un texte très sobre dicté par un Mercury alité et mourant :
« Suite aux énormes conjectures parues dans la presse ces deux dernières semaines, je souhaite confirmer que j'ai été testé positif au VIH et que je suis atteint du sida. J'ai jugé correct de garder secrète cette information jusqu'à ce jour afin de préserver la vie privée de mon entourage. Cependant, l'heure est venue pour mes amis et fans de par le monde de savoir la vérité et j'espère que tout le monde se joindra à mes médecins et leurs collègues du monde entier dans leur combat contre cette terrible maladie. Ma vie privée a toujours été très importante à mes yeux et je suis connu pour ne donner que rarement des interviews. Comprenez, s'il vous plaît, que cette politique est encore à l'ordre du jour. »
C'est la pneumonie dont il souffre depuis plusieurs semaines qui a raison de la résistance du chanteur et l'emporte à l'âge de quarante-cinq ans, le 24 novembre 1991.
De tradition zoroastrienne de par les origines de ses parents, il demande à ce que ses obsèques respectent le rite de cette religion. I
l est incinéré au Kensal Green Cemetery mais l'emplacement exact de ses cendres est inconnu, tout du moins du grand public.
Mercury lègue 500 000 £ à Jim Hutton, son compagnon, la même somme à son assistant personnel et à son chef cuisinier et 100 000 £ à son chauffeur.
Mary Austin, quant à elle, se voit léguer la moitié de la fortune de Mercury (soit plusieurs millions de Livres sterling), sa splendide demeure géorgienne du quartier de Kensington dans laquelle elle vit toujours en famille et enfin, un pourcentage sur les futures ventes de disques de l'artiste, afin d'assurer définitivement sa sécurité matérielle.
L'autre moitié de la fortune de Freddie Mercury revient à ses parents et à sa sœur cadette, Kashmira
Depuis 1991 : hommages posthumes, Queen sans MercuryAprès le décès de Freddie Mercury, le groupe ne cesse pas d'exister officiellement, bien que chacun des membres se soit déjà lancé dans une carrière solo.
Les membres restants de Queen fondent le Mercury Phoenix Trust et organisent le Freddie Mercury Tribute.
Le 20 avril 1992, quatre-vingt-sept artistes sont réunis autour de May, Deacon et Taylor pour un concert de charité visant à lever des fonds pour la recherche sur le sida.
La prestation de George Michael est si appréciée qu'en est tiré un petit album de cinq titres, Five Live.
Seuls deux morceaux de Queen y figurent : Somebody to Love et These Are the Days of Our Lives, en duo avec Lisa Stansfield.
En 2005, Queen s'adjoint finalement le chanteur Paul Rodgers.
En mémoire de Freddie Mercury, cette formation ne s'appelle pas seulement Queen, mais Queen+Paul Rodgers.
Un sondage d'opinion paru en 2007 fait de Queen le « meilleur groupe britannique de tous les temps », devançant de peu les Beatles et les Rolling Stones