L'armée et la police redoublaient d'efforts samedi dans le sud du Mexique pour prévenir les pillages et aider les centaines de milliers de sinistrés, victimes des inondations sans précédent qui ont dévasté l'Etat de Tabasco.
Si le bilan officiel des personnes tuées n'est pas élevé, avec deux morts, la situation est critique: le territoire de cet Etat, grand comme la Belgique et peuplé de 2,1 millions d'habitants, est recouvert d'eau à 80% et les rues de sa capitale, Villahermosa, transformés en canaux.
La totalité des récoltes de Tabasco a été totalement détruite et la région compte "un million de sinistrés et un million de personnes affectées indirectement par la perte de leur activité", selon Aldo Ponte Corvo, représentant de l'organisation World Vision au Mexique.
Une légère baisse des eaux était constatée samedi dans cette ville de 750.000 habitants, mais la population étaient partagée entre l'espoir d'une décrue et l'annonce inquiétante d'un nouveau front froid, accompagné de pluies.
"On dort plus tranquille maintenant que j'ai constaté que l'eau avait baissé. Ici, il ne va pas y avoir de problème", assurait Jaime Villanueva, un habitant de 56 ans.
D'autres se montraient plus dubitatifs, à l'image de Carlos Mario Ramos, 75 ans, l'un des derniers à avoir abandonné son foyer jeudi dernier.
Le niveau a baissé "un tout petit peu", selon lui.
"On voit la marque sur le mur, à peine dix centimètres, mais c'est très lent", poursuivait-il, en observant de loin sa maison, située à 500 mètres de la côte et dont à peine 30 cm émergent.
Des centaines de personnes ont mis à sac dans la matinée un centre commercial de Villahermosa, pillant tout ce qu'elles pouvaient, d'abord les produits alimentaires et de première nécessité, mais également des téléviseurs et autres équipements électro-ménagers.
Près d'un millier de personnes sont venues en barques dans ce centre isolé par les eaux.
Des éléments de la marine mexicaine ont d'abord tenté d'empêcher les pillages, puis ont fini par laisser les gens emporter des produits alimentaires.
"Oui, il y a la faim, je le reconnais, mais cela ne justifie pas de tels actes", a déclaré le gouverneur de Tabasco, André Granier, à la télévision locale.
"Nous allons trouver les pilleurs et leur appliquer toute la loi", a-t-il affirmé.
Le président mexicain Felipe Calderon a annoncé qu'il avait envoyé des militaires et la police fédérale pour éviter les pillages qui ont débuté dès vendredi.
Dans l'Etat voisin du Chiapas, où les eaux ont débordé vendredi, 100.000 personnes étaient sinistrées et beaucoup étaient isolées après l'effondrement de routes et de ponts.
La marine pourvoit à l'approvisionnement de Villahermosa et des avions de transport C-130 assurent depuis vendredi matin des rotations à partir de Mexico, acheminant médecins, médicaments et équipements de secours.
Des convois de camions se rendent également vers les zones sinistrées et des dizaines d'hélicoptères participent aux opérations.
Mais une seule route est ouverte pour les camions.
Les vols civils ont été annulés, l'essence a pratiquement disparu, les cartes téléphoniques sont épuisées, l'électricité est coupée et le système d'eau potable ne fonctionne plus.
L'Etat de Tabasco, au relief plat et marécageux, est souvent le théâtre d'inondations, mais les fronts froids et les débordements des barrages et retenues d'eau du Chiapas ont créé une situation inédite.
L'eau, qui a atteint en général deux à quatre mètres de hauteur, ne pourra pas s'évacuer avant plusieurs semaines.