La prise d'otages des Jeux Olympiques de Munich (aussi appelé le Massacre de Munich) a eu lieu au cours des Jeux Olympiques d'été de 1972 à Munich en Allemagne.
Le 5 septembre, des membres de l'équipe olympique d'Israël ont été pris en otage par des membres de l'organisation palestinienne Septembre noir.
La prise d'otage s'est terminée le 6 septembre dans un bain de sang, coûtant la vie à onze membres de l'équipe olympique israélienne, à cinq des huit membres du groupe et à un policier allemand.
La prise d'otages
Les exigences
Le groupe demandait la libération et le passage en Égypte de 234 activistes Palestiniens, deux Marocaines, deux Françaises, Kozo Okamoto de l'Armée rouge japonaise et six officiers Syriens et Libanais prisonniers en Israël, ainsi que de deux autres prisonniers allemands Ulrike Meinhof et Andreas Baader en Allemagne.
Le premier ministre israélien Golda Meir répondit immédiatement et très fermement qu'il n'y aurait aucune négociation.
Les autorités allemandes, par la voix de leur Chancelier Willy Brandt et du ministre de l'Intérieur Hans-Dietrich Genscher, refusèrent l'offre d'Israël d'envoyer une unité des forces spéciales israéliennes en Allemagne.
La police allemande qui prit part à l'opération n'avait pas de formation spécifique aux opérations de sauvetage d'otages.
D'après le journaliste John K. Cooley, l'attaque fut un cauchemar pour les Allemands car les otages étaient juifs.
Cooley a écrit que les Allemands ont offert aux Palestiniens de leur donner tout l'argent qu'ils voulaient s'ils libéraient les otages.
Ils ont aussi offert de remplacer les athlètes israéliens par des officiers allemands de haut rang. Mais les deux offres furent rejetées (Cooley, 1973) car Mohammed Daoud Odeh, le cerveau de la prise d'otage, avait donné l'ordre de ne rien accepter (l'offre d'une somme d'argent avait été anticipée).
Les dates limites pour l'exécution d'otages furent d'abord retardées de trois heures, puis de cinq heures de plus, par deux communiqués écrits à l'avance.
Les autorités allemandes tentaient en vain de négocier.
Le chef de la police allemande Manfred Schreiber et Ahmed Touni, le chef de l'équipe olympique égyptienne, négociaient directement avec les preneurs d'otages, offrant encore autant d'argent qu'ils le souhaiteraient.
D'après Cooley, ils se sont vu répondre : « L'argent n'a aucune importance pour nous ; nos vies n'ont aucune importance pour nous ».
Les ambassadeurs tunisien et libyen en Allemagne tentèrent aussi d'obtenir des concessions des preneurs d'otages, mais sans succès.
Mohammed Daoud Odeh, cerveau du groupe palestinien à l'origine de la prise d'otages, dans son livre en collaboration avec Gilles du Jonchay, Palestine : de Jérusalem à Munich, affirme qu'un communiqué de son organisation avait été distribué aux agences de presse arabes.
Celui-ci avait pour but d'exposer les raisons de l'opération :
« Nos forces révolutionnaires ont pénétré en force dans le pavillon israélien au Village olympique à Munich pour obtenir que les autorités militaires israéliennes adoptent une attitude plus humaine à l’égard du peuple palestinien, qu’il se trouve sous le joug israélien ou qu’il se retrouve, parce qu’il y a été forcé, en exil. L’occupation par les Israéliens de la Palestine a entraîné pour les habitants de la Palestine l’application des méthodes les plus inhumaines et les plus systématiques de torture et de colonialisme, la destruction de villages, la mort de milliers de personnes, la destruction sans la moindre raison, par explosif, de maisons habitées par des civils, des interrogatoires barbares pour les prisonniers, et des tortures caractéristiques des régimes les plus répressifs.
« Le massacre perpétré par Israël contre la population de la Palestine crée les conditions d’une persécution raciale contre 3 millions de Palestiniens, et tout aussi bien contre les Juifs orientaux, en déracinant une nation entière, et en lui enlevant toute existence.
« Alors que la Rhodésie s’est vu refuser l’admission aux Jeux de Munich, le régime israélien en Palestine n’avait pas non plus le droit d’être admis.
« En même temps, tous les peuples épris de paix de l’Europe et du monde rejetteront toujours la greffe, l’intrusion d’un corps étranger au Proche-Orient, ce qu’est Israël, comme conséquence de l’impérialisme américain. Le seul objectif d’une telle intrusion est de créer dans la région un État agent de l’Amérique, tenant les peuples du Proche-Orient sous une menace permanente, militarisant la Méditerranée et rendant ainsi impossible la neutralisation de ce berceau de la civilisation.
« C’est ce rôle d’Israël, État client et porteur de mort de l’impérialisme américain, qui ne sera jamais toléré par les peuples épris de paix.
« De la même façon qu’aucun crime contre l’humanité ne paie, cela ne paiera pas. Cela est le cas en Afrique du Sud et en Rhodésie, et il en va de même en Palestine.
« La victoire temporaire des Israéliens dans leur conquête de la Palestine ne pourra jamais empêcher l’exercice des droits du peuple palestinien dans sa patrie et ne donnera jamais le droit à l’occupant de représenter la Palestine occupée à un rassemblement mondial tel que les Jeux olympiques. »
Le dénouement
Voici une version du dénouement de la prise d'otages des Jeux Olympiques de 1972 :
Les preneurs d'otages demandèrent à être transportés vers Le Caire.
Les autorités firent mine d'accepter, et à 22h10, deux hélicoptères transportèrent les preneurs d'otages ainsi que les otages à la base aérienne de Fürstenfeldbruck, où un Boeing 727 les attendait.
Les preneurs d'otages pensaient être en route vers Riem, l'aéroport international près de Munich.
Les autorités avaient prévu d'attaquer les preneurs d'otages à la base aérienne.
Cinq tireurs d'élite allemands furent choisis pour tirer sur les preneurs d'otages, mais aucun d'entre eux n'avait reçu de formation spécifique.
Ils furent choisis parce qu'ils pratiquaient le tir de compétition sur leur temps libre. Lors une enquête allemande après les faits, un officier identifié sous le pseudonyme de Tireur d'élite numéro 2 a dit : « Je ne me considère pas comme un tireur très précis ».
Les tireurs d'élites furent positionnés à l'aéroport, mais les autorités furent surprises de découvrir qu'il y avait en fait huit preneurs d'otages.
Il n'y avait pas de chars ni de véhicules blindés déployés à l'aéroport.
D'après John Cooley, un ou peut-être deux officiers israéliens assistèrent à l'opération. Serge Groussard, auteur du livre
La médaille de sang, cite le chef du Mossad Zvi Zamir et un de ses bras droits, mais comme observateurs seulement. Zamir (qui a reconnu être présent) a dit à plusieurs reprises qu'il n'a jamais reçu de demande de conseil ou d'assistance de la part des Allemands à aucun moment au cours de l'opération de sauvetage.
Les informations contenues dans un article du New York Times, suggérant que le ministre de la Défense israélien Moshe Dayan était présent, n'ont jamais été confirmées.
Les hélicoptères atterrirent peu après 22h30 et six des preneurs d'otages en sortirent. Pendant que quatre des preneurs d'otages gardaient les pilotes en respect avec leurs armes, deux allèrent inspecter le jet, et le trouvèrent vide.
Réalisant être tombés dans un piège, ils coururent rapidement à nouveau vers les hélicoptères, et vers 23h00, les autorités allemandes donnèrent l'ordre aux tireurs d'élite d'ouvrir le feu.
Les cinq tireurs d'élite allemands n'avaient pas de contact radio entre eux et ne pouvaient donc pas coordonner leurs tirs.
Leurs fusils n'avaient pas de lunettes ni d'équipements de vision de nuit.
Dans le chaos qui s'ensuivit, deux preneurs d'otages se tenant près d'un pilote furent tués, un troisième mortellement blessé en fuyant.
Les trois preneurs d'otages restant se mirent à couvert, tirèrent en réponse et détruisirent toutes les lumières de l'aéroport qu'ils purent tout en restant à couvert.
Un policier allemand, Anton Fliegerbauer, fut tué lors de la fusillade par une balle perdue.
Les pilotes d'hélicoptère parvinrent à s'enfuir, mais pas les otages car ils étaient attachés dans l'appareil.
La situation s'enlisa.
Il y eut ensuite 75 minutes d'échanges de coups de feu, durant lesquelles la police allemande demanda tardivement l'assistance de véhicules blindés.
Ces derniers ne se trouvaient pas sur l'aéroport au début de la fusillade, et mirent plus de 30 minutes à arriver car de nombreuses voitures embouteillaient la route de l'aéroport, bon nombre d'Allemands étant venus voir ce qui se passait.
Les véhicules blindés arrivèrent finalement vers minuit, permettant de sortir de l'enlisement. D'après Cooley, à minuit et 4 minutes le 6 septembre, un des preneurs d'otages sauta du premier hélicoptère. Il se tourna et tira sur les otages, tuant Springer, Halfin et Friedman, et blessant Berger.
Ensuite il dégoupilla une grenade et la jeta dans le cockpit, où elle explosa.
Alors que le premier hélicoptère brûlait, d'après Cooley, les preneurs d'otages tiraient sur les camions de pompiers pour les empêcher de s'approcher.
Avant que le feu du premier hélicoptère n'atteigne le réservoir du deuxième hélicoptère, deux preneurs d'otages émergèrent de derrière celui-ci et firent feu vers la police, qui répliqua et les tua.
Les cinq otages du deuxième hélicoptère moururent sous les coups de feu lors de la bataille.
Une enquête de police détermina que quelques-uns des otages avaient pu être tués par la police dans le feu de l'action.
Cependant, une reconstruction des événements par Time Magazine suggère qu'un des preneurs d'otages les avait tués.
Les causes exactes de la mort de ces otages n'ont pas pu être établies avec précision car les corps furent brûlés par le feu et les explosions des hélicoptères.
Trois des preneurs d'otages, vivants et relativement peu blessés, furent capturés par la police allongés au sol, deux d'entre eux simulant la mort.
Le dernier preneur d'otage fut retrouvé par des chiens et des gaz lacrymogènes 40 minutes plus tard. À 00h30 ce jour-là, la bataille était terminée.
Les conséquences
Le 5 septembre 1972, Golda Meir, alors Premier ministre israélienne, avait appelé les autres pays à « sauver nos citoyens et condamner les actes criminels innommables ». Le massacre fut largement condamné à travers le monde, le roi Hussein de Jordanie la qualifia de « crime sauvage, crime contre la civilisation… perpétré par des esprits pervers » (Cooley 1973).
L'opération permit une prise de conscience de la cause palestinienne à travers le monde grâce à la présence des médias venus pour les Jeux Olympiques.
Les corps des cinq Palestiniens tués au cours de la fusillade de Fürstenfeldbruck furent emmenés en Libye, où ils reçurent des funérailles de héros et furent enterrés avec les honneurs militaires.
Les autorités allemandes emprisonnèrent les trois preneurs d'otages survivants, et créèrent bientôt la cellule de lutte contre le terrorisme GSG-9, capable de secourir plus efficacement les otages au cas où un tel incident viendrait à se reproduire.
Le 9 septembre, des avions israéliens bombardèrent des bases de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) en Syrie et au Liban en guise de représailles (Morris 1999), ainsi que des camps de réfugiés palestiniens, une attaque qui a été condamnée par le Conseil de sécurité de l'ONU.
On compte plus de 200 morts palestiniens, en majorité dans la population civile.
On rapporta le 29 octobre qu'un avion allemand de la Lufthansa avait été détourné par des ravisseurs exigeant la libération des trois membres de Septembre noir retenus prisonniers en attente d'être jugés. Safady et les Al-Gasheys furent en conséquence libérés par l'Allemagne.
Certains observateurs suspectent le gouvernement allemand d'avoir libéré les terroristes pour se défaire de la lourde tâche d'avoir à les juger (Reeve 2001).
Pour « venger Munich », le Mossad, dans le cadre de l'opération Colère de Dieu, prend pour cible des responsables de l'OLP, certains des commanditaires présumés ainsi que des dirigeants importants du mouvement.
Ainsi, les représentants de l'OLP en Italie, en France et à Chypre sont les premières personnes à être tuées : Wael Zwaiter, Mahmoud Hamchari et Hussein Béchir Aboul Kheir. Au même moment, les représentants en Algérie et en Libye sont mutilés : Ahmed Wafi et Moustapha Awad Zeid.
La liste des morts et des mutilés ne cessera d'augmenter jusqu'au 15 janvier 1991, lorsqu'il assassine pour la première fois des organisateurs de Munich (Abou Iyad et Abou Mohammed).