Alors qu'elle pensait que sa mère était décédée, une Gardoise l'a retrouvée, des années après.
Elle résidait dans un Ehpad. Une découverte aussi bouleversante qu'incroyable pour Karine, qui nous raconte.
Abandonnée alors qu'elle était enfant par une mère brisée par la vie, Karine a néanmoins réussi à garder quelques contacts avec elle.
Jusqu'au jour où, alertée par un silence persistant, elle signale sa disparition.
Dix ans plus tard, compte tenu de la procédure, sa mère est déclarée morte.
Dix-huit années se sont écoulées au total, avant que Karine ne retrouve la trace de sa maman, de façon inattendue.
Enfance difficile
Karine Maurel-Carrière vit à Aigues-Mortes depuis une quinzaine d’années.
Restauratrice de profession - elle a tenu l’hôtel des Remparts durant cinq ans – puis formatrice en hôtellerie, la vie ne l’a pas épargnée.
Issue d’une famille parisienne qui vit très aisément dans le milieu du showbiz, elle est abandonnée une première fois à l’âge de 8 ans par sa maman, Michèle Sureau, dont elle dit qu’elle était une des plus belles femmes de Paris à son époque.
Celle-ci, cassée par des épisodes successifs de drames, accidents, de descente en enfer et de décès, abandonne sa fille Karine dont le père se tue en voiture. Recueillie par sa professeure de français, la fillette restera dans sa famille d’accueil jusqu’à l’âge de 21 ans.
Des relations épisodiques à une disparition soudaine
Le bac obtenu, elle poursuit ses études et obtient une maîtrise de lettres à Montpellier. Grâce à son grand-père maternel, et à sa famille d’accueil, Karine arrive à maintenir des liens épisodiques avec sa mère qui s’est remariée mais qui sera internée suite à des dépressions à répétition.
L’incompréhension et la mésentente se sont installées entre la mère, qui refait surface par intermittence, et sa fille, qui essaie tant bien que mal de maintenir le contact, car dit-elle "je suis convaincue qu’on n’abandonne pas son enfant sans vraie raison et je ne la juge aucunement".
Jusqu’au jour où son appartement reste désespérément vide et sa voiture est abandonnée à l’aéroport. Il n’y aura plus jamais de nouvelles.
Déclarée officiellement décédée
En janvier 2001, la jeune femme dépose un signalement de disparition auprès du Procureur de la République de Montpellier. Il faudra attendre un an pour avoir des informations sur la procédure de recherche.
"J’espérais qu’elle était partie, en voyage … j’espérais toujours qu’on m’annoncerait son retour".
En 2016, Karine reçoit l’information que suivant la procédure légale de 10 ans, sa mère est considérée officiellement comme morte par la justice.
Toujours pas de retrouvailles
C’est en 2019, par un courrier de l’UDAF du Var, devenue son tuteur, qu’elle apprend que sa mère est bien vivante et qu’elle vit dans un Ehpad du Var.
Elle découvre qu’après avoir été SDF, elle y est prise en charge mais comble du sort, elle touche depuis 2014 ses allocations de logement et sa retraite.
Jamais au grand jamais Karine n’a fait l’objet de recherches familiales pendant ces 18 ans de vide.
Est-ce une faille dans le système juridique se demande-t-elle avec effroi ?
Sa mère aurait-elle également caché son existence ?
Etait-elle en état de le dire ?
Depuis 2019, Karine espère instamment pouvoir revoir sa mère.
Cela n’a pas encore été possible. D’abord du fait que Michèle Sureau était enregistrée sous le nom de Madame X, additionnée aux complications des interdictions de visites du covid, tout cela a compliqué les démarches.
"Aucune rancœur"
Le dossier est dans les mains d’une avocate qui devrait faire accélérer la procédure.
"En ignorant mon existence (Karine a 50 ans aujourd’hui), on nous a volé nos vies de mère et de fille.
Si j’avais appris son existence, je me serais battue pour l’en sortir, en tout cas pour garder des liens.
Maintenant je veux me battre pour la revoir même si je me demande dans quel état psychique elle se trouve."
"C’est aussi pour moi, pour avancer, et pour qu’un jour mes deux enfants, Léa et Baptiste, 15 et 13 ans, puissent rencontrer leur grand-mère. Je n’ai aucune rancœur envers elle, mais je suis désarmée face à la justice qui semble, elle aussi, m’avoir abandonnée. Je veux également que cela n’arrive pas à d’autres. Jamais. J’ai l’impression d’avoir été mutilée. Je ne sais pas comment je vais la retrouver", nous a confiés Karine, bouleversée.
La réalité a dépassé la fiction.
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