Valéry Giscard d'Estaing, né le 2 février 1926 à Coblence en Allemagne, est un homme d'État français.
Il a été président de la République du 27 mai 1974 au 21 mai 1981.
Famille et études Fils d'Edmond Giscard d'Estaing (1894-1982), inspecteur des Finances qui avait relevé par une procédure devant le Conseil d'État le nom d'Estaing, et de May Bardoux (1901-2003), elle-même fille du député Jacques Bardoux, Valéry René Marie Georges Giscard d'Estaing naît à Coblence, en Allemagne, le 2 février 1926, où son père était en poste en Rhénanie occupée par les forces françaises. Valéry Giscard d'Estaing fait ses études à l’école Gerson, puis au lycée Janson-de-Sailly et au lycée Louis-le-Grand à Paris, et enfin au lycée Blaise Pascal à Clermont-Ferrand. Il décroche son double baccalauréat en philosophie et mathématiques élémentaires à 15 ans. Il s'engage à dix-huit ans dans la Première armée et combat en France et en Allemagne, ce qui lui vaut d'être décoré de la Croix de guerre.
Après une classe préparatoire au lycée Louis-le-Grand, il entre à l'École polytechnique.
Son entrée à l'École nationale d'administration (ENA, promotion Europe) est due au décret du 19 juillet 1948 — au moment où il achève sa scolarité à l'École polytechnique — qui dispense les polytechniciens de devoir passer un concours d'entrée à l'ENA ; il en sort dans la « botte » et entre à l'Inspection générale des Finances en 1952, où il rejoint son père.
Il se marie le 23 décembre 1952 à Anne-Aymone Sauvage de Brantes. Ils ont quatre enfants : Valérie-Anne (1953), Henri (1956), Louis (1958), Jacinte (1960).
Carrière politique Les débuts (1954-1959) De juin à décembre 1954, Valéry Giscard d'Estaing, alors âgé de 29 ans, est nommé directeur adjoint au cabinet du président du conseil Edgar Faure.
En 1956, il se met en disponibilité de son administration après son accès à la députation du Puy-de-Dôme, département dont son arrière-grand-père, Agénor Bardoux, au XIXe siècle et son grand-père, Jacques Bardoux, au XXe siècle, furent lontemps les députés.
Il est nommé, la même année, membre de la délégation française à la XIe session de l'Assemblée générale des Nations Unies.
Il accède enfin, en 1958, au mandat de conseiller général du canton de Rochefort-Montagne, mandat qu'il exerce jusqu'en 1974.
Sous la présidence du général de Gaulle (1959-1969)L'accès aux portefeuilles ministérielsDès janvier 1959, Valéry Giscard d'Estaing accède aux fonctions de secrétaire d'État aux Finances et, le 19 janvier 1962, le général de Gaulle, président de la République le nomme, sur proposition du Premier ministre Michel Debré, ministre des Finances et des Affaires économiques.
Il conserve ce poste sous le gouvernement Pompidou, mais il devient vite impopulaire et, après sa réélection difficile de décembre 1965, le général de Gaulle décide, le 8 janvier 1966, de le remplacer par Michel Debré.
Le retour à l'inspection des FinancesValéry Giscard d'Estaing réintègre l'Inspection Générale des Finances de 1966 à 1967 et se fait élire à la mairie de Chamalières.
Giscard fonde ensuite la Fédération nationale des républicains indépendants en proclamant : « Nous sommes l'élément centriste et européen de la majorité » ; à ce titre il soutient en 1969 la candidature de la Grande-Bretagne à l'adhésion la Communauté économique européenne.
Il préside ensuite la commission des finances, de l'économie générale et du plan de l'Assemblée nationale
La campagne présidentielle de 1969Son attitude envers le président de Gaulle devient de plus en plus critique ; il parle notamment de l'« exercice solitaire du pouvoir » et théorise son soutien critique, le « oui, mais ».
Il appelle à voter non au référendum du 27 avril 1969, qui entraîne le départ du général de Gaulle. Lors de l'élection présidentielle qui suit la démission de de Gaulle, il penche un moment pour la candidature d'Antoine Pinay, puis se rallie le 30 avril à Georges Pompidou.
Sous la présidence de Georges Pompidou (1969-1974) Georges Pompidou lui confie le ministère de l'Économie et des Finances dans le cabinet Jacques Chaban-Delmas (1969-1972), poste qu'il conserve sous Pierre Messmer (1972-1974).
Il est, dans le même temps, depuis 1967, maire de la commune de Chamalières, dans le Puy-de-Dôme, fonction qu'il assure jusqu'en 1974.
La présidence de la République (1974-1981)
Élection présidentielle de 1974 : le succèsAprès le décès de Georges Pompidou, le 2 avril 1974, Valéry Giscard d'Estaing se présente à l'élection présidentielle.
Bénéficiant du soutien de Jacques Chirac, il élimine Jacques Chaban-Delmas au premier tour.
Entre les deux tours, le débat qui l'oppose à François Mitterrand lui donne un avantage décisif, la phrase « Vous n'avez pas le monopole du cœur » ayant marqué tous les esprits.
Il est élu d'extrême justesse, avec 50,81 % des suffrages, le 19 mai 1974 et devient le troisième président de la Cinquième République, le plus jeune, à l'âge de 48 ans.
Considérations générales sur le septennatValéry Giscard d'Estaing nomme Jacques Chirac Premier ministre, mais les relations entre les deux hommes se tendent et le second démissionne en 1976.
Il est remplacé par Raymond Barre, le « meilleur économiste de France » d'après le Président.
Durant son septennat, d'importantes réformes sont prises, telles que la législation sur le divorce par consentement mutuel ou encore la légalisation de l'avortement menée par Simone Veil.
L'âge légal de majorité est abaissé de vingt-et-un à dix-huit ans.
Le début de sa présidence est marqué par une volonté de modernisation.
Il édulcore ainsi quelques symboles nationaux - le bleu drapeau de l'étendard français est remplacé par un bleu cobalt plus clair et jugé moins agressif, la Marseillaise est jouée sur un ton moins fort et un rythme plus lent -, il donne des interviews en anglais, pose en complet veston pour la photo officielle, simplifie le protocole de l'Élysée et, cherchant à paraître proche du peuple, multiplie les occasions de se montrer aux côtés des « simples gens », notamment dans des dîners.
Dans un autre registre, il engage la modernisation du transport ferroviaire en lancant l'étude sur le TGV.
Le septennat de Valéry Giscard d'Estaing est marqué par les conséquences des deux chocs pétroliers qui brisent la dynamique des Trente glorieuses.
Devant la nécessité d'économiser l'énergie, le gouvernement instaure en 1975 le changement d'heure pendant les mois d'été, une mesure qui permet une économie d'électricité en limitant les besoins d'éclairage. Il décide aussi de poursuivre et d'intensifier le programme de développement de l'utilisation de l'énergie nucléaire civile engagé par son prédécesseur. Cette période est aussi marquée par l'apparition du chômage de masse.
Valéry Giscard d'Estaing est, par ailleurs, un fervent partisan de la construction européenne : il défend l'idée des États-Unis d'Europe dès ses débuts en politique. Partisan d'une « troisième voie » entre une Europe supranationale et une Europe des États, il crée le Sommet européen et aide à l'augmentation des pouvoirs du Parlement européen, en particulier en matière budgétaire.
Grandes étapes du septennatGouvernement Chirac (27 mai 1974 - 25 août 1976)1974 :Plan de lutte contre l'inflation, majoration de l'impôt sur les sociétés et les gros contribuables, relèvement du taux d'intérêt de l'épargne, économies budgétaires, économies d'énergie.
Démission du gouvernement de Jean-Jacques Servan-Schreiber en protestation contre le début de la 8e campagne française d'explosions nucléaires.
26 juin : Vote de la loi fixant la majorité civile à 18 ans.
3 juillet : Fin de la politique d'incitation à l'immigration en France.
16 juillet : La journaliste Françoise Giroud devient le première secrétaire d'État à la condition féminine.
1975 :17 janvier : Vote de la loi autorisant sous certaines conditions l'avortement appelée aussi loi Veil.
31 janvier : Remaniement ministériel.
Début de la modernisation du réseau téléphonique avec le triplement des lignes sur 7 ans.
11 juillet : Institution du divorce par consentement mutuel.
15 novembre : Première réunion des 7 pays les plus industrialisés de la planète à Rambouillet.
Le cap des 1 million de chômeurs est franchi en fin d'année.
1976 : 9 janvier : Naissance de la compagnie Elf Aquitaine.
12 janvier : Remaniement ministériel.
14 mars : Le Franc sort du serpent monétaire européen.
15 avril : La construction du supergénérateur nucléaire nommé Superphénix est décidée.
29 avril : Décret donnant droit au regroupement familial des immigrés.
Fondation de la COGEMA (Compagnie Générale des Matières Nucléaires) et de l'Institut de protection et de sureté nucléaire (IPSN).
25 août : Démission de Jacques Chirac.
Gouvernement Barre (27 août 1976 -12 mai 1981)1977 :31 janvier : Inauguration du centre Georges-Pompidou à Paris
Élections municipales des 13 et 20 mars remportées par la gauche qui prend le contrôle de 156 villes de plus de 30 000 habitants. Jacques Chirac, élu maire de Paris contre Michel d'Ornano, le candidat soutenu par les giscardiens.
29 mars : Remaniement ministériel.
27 juin : Le territoire français des Afars et des Issas accède à l'indépendance.
6 octobre : Adoption de la loi informatique et libertés contre l'utilisation abusive des fichiers nominatifs informatiques.
1978:27 Janvier : Discours de Verdun-sur-le-Doubs(dit « discours du bon choix »), par lequel Valéry Giscard d'Estaing met en garde les français sur les conséquences institutionnelles et les blocages politiques que provoquerait une victoire de la gauche aux élections législatives du mois de mars. Il déclare qu'il ne démissionnerait pas mais n'aurait pas les moyens d'empêcher une majorité de gauche d'appliquer son programme.
1er février : Fondation de l'UDF regroupant centristes et giscardiens afin de soutenir l'action de Valéry Giscard d'Estaing.
Mars : La majorité de droite (RPR-UDF) remporte les élections législatives.
19 mai : Le président envoie des troupes parachutistes à Kolwezi au Zaïre, afin de libérer les occidentaux pris en otage par des rebelles au gouvernement zaïrois.
5 décembre : Accord sur le Système monétaire européen (SME) qui établit un système de taux de change stable et ajustable entre les pays membres de la Communauté économique européenne.
6 décembre : Appel de Cochin de Jacques Chirac qualifiant l'UDF et les giscardiens de « parti de l'étranger » pour leurs prises de position pro-européennes.
1979 :13 mars : Création de l'ECU, l'unité de compte européenne
10 juin : Premières élections au suffrage universel au Parlement Européen. Simone Veil en devient la présidente.
10 octobre : Début de l'affaire des diamants. Le Canard Enchaîné accuse le président de la république d'avoir reçu de Bokassa 1er, Empereur déchu de Centre Afrique des diamants en cadeaux lors de visites officielles. Le Canard Enchaîné estime la valeur de ces diamants à un million de francs. La défense maladroite de Giscard va accréditer les informations du journal satirique et va avoir une influence négative sur sa campagne de réélection.
30 octobre : Le ministre du travail Robert Boulin, accusé par des lettres anonymes, publiées par Le Canard Enchaîné, d'avoir acquis de manière illégale, une garrigue, est retrouvé mort dans un étang de la forêt de Rambouillet. L'enquête n'a toujours pas permis d'aboutir à des conclusions définitives.
1980 :2 février : L'ancien ministre Joseph Fontanet est assassiné. Le meurtre reste non élucidé.
Le pays compte à la fin de l'année plus de 1,5 millions de chômeurs.
Élection présidentielle de 1981 : la défaite Le 24 avril 1981, Valéry Giscard d'Estaing arrive en tête du premier tour de l'élection présidentielle.
Jacques Chirac, arrivé troisième, refuse d'appeler ses partisans à soutenir Valéry Giscard d'Estaing face à François Mitterrand.
Il est en particulier accusé de soutenir indirectement Mitterrand en ne se prononçant qu'à titre personnel en faveur de Giscard pour le second tour, tandis qu'entre les deux tours, le Canard enchaîné publie des documents montrant, pour la première fois, que Maurice Papon, ministre du Budget sous Valéry Giscard d'Estaing et sous le premier ministre Raymond Barre, a été sous le régime de Vichy, comme secrétaire général de la préfecture de la Gironde à Bordeaux, responsable de la déportation de Juifs.
Giscard dénonce une manipulation politique, et nie avoir connu le passé de Papon.
François Mitterrand, qui avait accablé Valéry Giscard d'Estaing de surnoms comme « monsieur chômage » ou « l'homme du passif » en réaction à « l'homme du passé » ou « vous n'avez pas la monopole du cœur » dont Giscard l'avait crédité sept ans plus tôt lors du débat télévisé de la présidentielle de 1974, est élu président de la République.
Valéry Giscard d'Estaing perd donc le second tour de l'élection, n'obtenant que 48,24 % des suffrages exprimés.
Après la présidence de la République... Conseil constitutionnel Bien que membre de droit du Conseil constitutionnel, en tant qu'ancien président de la République, il décide en 1981 de ne pas y siéger afin de pouvoir conserver toute liberté de parole.
Perdant en 2004 le poste de président de région qu'il occupait depuis mars 1986, il décide d'abandonner la politique active pour entrer au Conseil constitutionnel.