Elsa Triolet est française d'origine russe. Née Kagan à Moscou en 1896 au sein d'une famille bourgeoise russe, elle apprend le français à six ans.
Dans les années 1910, elle rencontre le poète Vladimir Maïakovski (marié à sa sœur Lili qui lui a « volé ») qui lui ouvre les portes de la poésie.
Étudiante en architecture, elle fréquente les milieux intellectuels russes.
En 1919, Elsa épouse à Paris un Français, André Triolet, pour oublier Maïakovski et échapper aux terribles conditions de vie de la Russie post-révolutionnaire.
Elle séjourne à Tahiti en 1920.
Ce dernier voyage inspire son premier roman écrit en russe À Tahiti (1926).
Elle n'oublie pas pour autant ses origines russes et traduit un choix de vers et de proses de 1913 à 1930 de Maïakovski.
Elle quitte son mari en 1921, puis vit à Londres et Berlin.
Militante, membre du parti communiste, elle rencontre dans une manifestation Louis Aragon en 1928 à Paris. Elle se mariera avec lui en 1939.
À la fois compagne et inspiratrice du poète qui écrira pour elle Les Yeux d'Elsa en 1942, elle bâtit une oeuvre qui constitue une réponse à celle d'Aragon.
Communiste convaincue sans jamais adhérer au parti, c'est dans cette perspective qu'elle traite des problèmes politiques et sociaux nés de l'après-guerre sous le couvert de plusieurs fictions.
Aragon ne cesse pas pour autant ses autres aventures. Le doute permanent et le manque d'estime de soi assailliront toujours Elsa, comme au temps où elle jalousait sa sœur Lili Brik, plus belle et plus aimée par Maïakovski.
Résistante pendant la guerre, elle participe à la fondation des Lettres françaises et du Comité national des écrivains.
Elle traduit en russe des romans d'Aragon : Les Cloches de Bâle (1934), Les Beaux quartiers (1936).
Elle s'attache aussi à traduire le théâtre de Tchekhov, notamment Platonov, encore mal connu en France (1967).
C'est la guerre qui met le feu à sa plume.
Elle disait que sans l'écriture, elle n'aurait pas résisté, dans tous les sens du terme.
« Les bons sentiments ne font pas de bons livres, je sais ça par coeur, mais les bons sentiments ne font pas forcément de mauvais livres. […] L'écriture, la plus noble conquête de l'homme; le roman intermédiaire entre l'homme et la vie. »
L'après-guerre est pour elle remplie de combats parallèles à ceux d'Aragon.
Louis devient un personnage officiel du parti communiste. Elle agit au sein du Comité national des écrivains, pour la création des bibliothèques de la Bataille du livre.
En 1960 commence la publication des oeuvres croisées d'Aragon et d'Elsa Triolet.
Elle décède à Saint-Arnoult en Yvelines en 1970.
Après son décès, la totalité de ses lettres, manuscrits et documents personnels, est léguée au CNRS par Louis Aragon.
Bibliographie1926. Fraise des bois, en langue russe (Moscou).
1928. Camouflage, en langue russe (Moscou).
1938. Bonsoir Thérèse
1942. Mille regrets
1943. Le Cheval blanc
1944. Qui est cet étranger qui n'est pas d'ici ? ou le mythe de la Baronne Mélanie
1945. Le Premier accroc coûte deux cents francs Prix Goncourt en 1944
1946. Personne ne m'aime
1947. Les Fantômes armés
1948. L'Inspecteur des ruines
1953. Le Cheval roux ou les intentions humaines .
1954. L'Histoire d'Anton Tchekov
1956. Le Rendez-vous des étrangers
1957. Le Monument
1959. Roses à crédit
1960. Luna-Park
1961. Les Manigances
1962. L'Âme
1965. Le Grand jamais
1968. Écoutez-voir
1969. La Mise en mots
1970. Le Rossignol se tait à l'aube