Il se porte volontaire pour partir en Algérie. Il y est blessé, et est promu lieutenant en décembre 1957.
Partisan dans un premier temps de l’Algérie française, il ne se ralliera au gaullisme qu’en 1958.
Au retour de ses années sous les drapeaux, il achève ses études à l’ENA en 1959, dont il sort « dans la botte ».
Il choisit de rejoindre la Cour des comptes.
Après quelques années à la Cour, il s’engage en politique.
Dès décembre 1962, il intègre le cabinet du premier ministre, Georges Pompidou, comme chargé de mission jusqu’en février 1967.
Parallèlement, il part sur le terrain, et la Corrèze devient sa terre d’élection : en 1965, il est élu conseiller municipal de Sainte-Féréole.
Puis, aux législatives de 1967 il arrache la circonscription d’Ussel.
Le 8 mai 1967, il entre dans le gouvernement de Georges Pompidou, qui le surnomme «le bulldozer » en raison de son activisme.
Il est nommé secrétaire d’Etat à l’emploi auprès du ministre des affaires sociales, Jean-Marcel Jeanneney.
Pendant les événements de Mai-68, il jouera un rôle important dans les négociations qui déboucheront sur la signature des accords de Grenelle, qui mettent fin au mouvement de grève générale.
Après Mai-68, il devient secrétaire d’Etat à l’économie et aux finances.
Il poursuit parallèlement son implantation locale et est élu président du conseil général de Corrèze, poste qu’il occupera jusqu’en 1979.
Sa femme, Bernadette, est élue conseillère municipale de Sarran, où le couple a acheté le château de Bity.
Son mentor, Georges Pompidou, est élu en 1969 président de la République.
Le 7 janvier 1971, Jacques Chirac devient ministre délégué auprès du premier ministre chargé des relations avec le Parlement.
En juillet 1972, il est nommé ministre de l’agriculture, poste où il construira sa proximité avec le monde rural.
Le 27 février 1974, il devient ministre de l’intérieur.
Quelques mois plus tard, en avril, Georges Pompidou meurt.
Très attaché au président, M. Chirac lui rendra d’ailleurs un vibrant hommage lors de la commémoration du 30e anniversaire de sa mort.
Lors de l’élection présidentielle de 1974, il se rallie à Valéry Giscard d’Estaing contre l’ancien premier ministre de Pompidou, Jacques Chaban-Delmas.
Son soutien sera décisif dans la victoire de VGE.
Une fois élu, le jeune président le nomme à Matignon.
Parallèlement, Jacques Chirac prend progressivement le contrôle du parti gaulliste, l’Union pour la défense de la République (UDR).
Mais certaines des réformes promises par VGE que Chirac met en œuvre (loi sur l’avortement, entre autres) contrarient l’électorat gaulliste et les caciques du parti, qui le contraignent en juin 1975 à démissionner de la tête de l’UDR.
Face à la situation économique, qui se dégrade après le choc pétrolier de 1973, les relations se tendent avec VGE.
Après avoir choisi la rigueur, qui jugule l’inflation, mais fait chuter l’investissement et exploser le chômage, le gouvernement Chirac lance, en septembre 1975, un plan de relance de 30,5 milliards de francs qui conduit à la sortie du franc du serpent monétaire européen.
Les relations se durcissent davantage encore avec VGE, et, jugeant qu’il ne « dispose pas des moyens [qu’il] estime nécessaires pour assumer efficacement les fonctions de premier ministre », il remet sa démission le 26 juillet 1976.
Il est remplacé par Raymond Barre.
Parallèlement, il est élu député et entre à l’Assemblée nationale en novembre 1976.
Au pas de charge, il crée le Rassemblement pour la République (RPR), parti qui lui est entièrement dévolu, dont il devient le président le 5 décembre 1976.
Le 25 mars 1977, il devient le premier maire de Paris élu au suffrage universel.
L’Hôtel de ville sera pour lui un puissant tremplin électoral.
Fort de sa popularité dans la capitale, Jacques Chirac mène une campagne tambour battant pour les législatives de 1978, où le RPR finit en tête.
Il est en opposition quasi permanente avec la politique gouvernementale, et ses relations avec VGE deviennent exécrables.
Le 26 novembre 1978, transporté à l’hôpital Cochin à la suite d’un accident de voiture, il lance « l’appel de Cochin », dans lequel il critique violemment l’UDF, le parti du président, et VGE lui-même. En 1981, après avoir longtemps hésité, il annonce le 3 février sa candidature à l’élection présidentielle.
Il finit troisième au premier tour et soutient du bout des lèvres VGE face au candidat de la gauche, François Mitterrand, qui est élu le 10 mai 1981.
Après sa défaite, Jacques Chirac oriente le RPR vers le libéralisme économique tout en affirmant sur les questions de sécurité le rôle d’autorité de l’Etat. Le parti est rajeuni, avec l’entrée d’Alain Juppé, de Jacques Toubon ou de Philippe Séguin, tous élus maires aux municipales de 1983.
Il obtient lui-même un grand succès à Paris, en remportant la totalité des arrondissements, et renforce son assise de chef de l’opposition.
Aux élections européennes de 1984, il se rapproche de l’UDF.
Il signe avec ce parti un accord de gouvernement.
Sa popularité est en hausse, et lors des législatives de 1986 l’union RPR-UDF obtient la majorité absolue.
Jacques Chirac est nommé premier ministre du président Mitterrand.
C’est la cohabitation, une première sous la Ve République. Au pouvoir, il mène une politique libérale, avec de nombreuses privatisations. Cette politique est un succès : l’inflation diminue, la croissance double ; en revanche, la baisse du chômage est faible.
Mais la cohabitation est difficile avec François Mitterrand, qui défend son domaine réservé (diplomatie, défense).
Le président engage d’entrée l’épreuve de force en refusant de signer les ordonnances que Jacques Chirac se proposait d’utiliser.
Son second passage à Matignon sera marqué par un divorce avec la jeunesse à la suite de la mort d’un étudiant, Malik Oussekine, tué le 6 décembre 1986 par la police lors d’une manifestation organisée contre un projet du ministre de l’éducation, Alain Devaquet.
En 1988, il se présente à la présidentielle, où le Front national, dirigé par Jean-Marie Le Pen, fait une percée.
Le 8 mai 1988, Jacques Chirac est battu par François Mitterrand. Il obtient une compensation à Paris, où il est réélu maire. Son parti connaît cependant des dissensions internes, et il est critiqué.
Mais le courant favorable à Jacques Chirac, mené par Alain Juppé, finit par l’emporter, et le maire de Paris est réélu en 1990 président du RPR.
Aux législatives de 1993, il remporte un large succès, et le RPR devient la première force politique du pays. Edouard Balladur devient premier ministre, étant entendu entre les deux hommes que Jacques Chirac sera candidat à la présidentielle de 1995.
Mais Edouard Balladur, croyant en ses chances, décide de se présenter. Jacques Chirac réussit sa campagne en dénonçant la fracture sociale et devance son concurrent néogaulliste au premier tour de l’élection.
Il est élu président de la République en mai 1995 face au candidat socialiste, Lionel Jospin.
Son premier ministre est Alain Juppé, fidèle entre les fidèles.
Jacques Chirac met fin aux essais nucléaires avec une dernière campagne en juillet 1995 ; il décide de se rapprocher de l’OTAN et contribue à la fin de la guerre en Bosnie-Herzégovine avec les accords de Dayton, signés en décembre 1995 à l’Elysée.
Mais le gouvernement Juppé devient très impopulaire en raison de l’opposition massive à la réforme des retraites du secteur public, projet qui doit être abandonné à l’hiver.
De plus en plus contesté, Jacques Chirac décide de dissoudre l’Assemblée nationale en 1997.
C’est un échec cuisant.
La gauche menée par Lionel Jospin l’emporte, et ce dernier devient premier ministre.
C’est une nouvelle cohabitation, qui durera cinq ans.
C’est à cette époque qu’éclatent les affaires politico-financières du RPR et de la Mairie de Paris.
Malgré de nouvelles dissensions internes au RPR, qui contestent son autorité – de la part de Philippe Séguin, Nicolas Sarkozy ou Michèle Alliot-Marie, trois dirigeants autonomes par rapport à l’Elysée –, Jacques Chirac décide de se présenter à la présidentielle de 2002.
Il favorise la fusion de l’UDF et du RPR : l’Union en mouvement (UEM) naît en avril 2001. Il mène une campagne axée sur la baisse des impôts et la lutte contre l’insécurité.
Lionel Jospin est éliminé du premier tour le 21 avril 2002, et Jacques Chirac fait face à Jean-Marie Le Pen.
La gauche appelle à faire barrage au FN.
Jacques Chirac est largement réélu avec 82,21 % des suffrages le 5 mai 2002.