Élève de seconde à Besançon, le résistant a été arrêté puis fusillé en 1943 à seulement 16 ans.
Il n’avait que 16 ans lorsqu’il a été fusillé pour faits de résistance. C’est la lettre poignante à ses parents qu’a lu ce mercredi matin le président français Emmanuel Macron lors de la cérémonie internationale du 75e anniversaire du Débarquement à Portsmouth au sud de l’Angleterre.
Fils d’instituteur, élève de seconde du lycée Victor Hugo à Besançon, Henri Fertet était membre d’un petit groupe de résistance du Doubs responsable notamment de plusieurs attentats contre des écluses, des voies ferrées, des pylônes électriques et de la tentative de pénétration du fort de Montfaucon pour dérober des explosifs.
« C’est quand même dur de mourir »Il a été arrêté en 1943 chez ses parents. Après 87 jours d’emprisonnement et de torture, il leur écrit : « Je meurs pour ma patrie. Je veux une France libre et des Français heureux.
Non pas une France orgueilleuse et première nation du Monde, mais une France travailleuse, laborieuse et honnête. Que les Français soient heureux, voilà l’essentiel. […]. Papa, je t’en supplie, prie. Songe que, si je meurs, c’est pour mon bien. Quelle mort sera plus honorable pour moi que celle-là ? […]
Adieu, la mort m’appelle, je ne veux ni bandeau ni être attaché […] C’est quand même dur de mourir. Mille baisers. Vive la France ».
Henri Fertet est exécuté le 26 septembre 1943, avec 15 de ses 23 co-inculpés.
Cette lettre fait écho à celle de Guy Môquet, jeune militant communiste, fusillé par les Allemands en 1941 à 17 ans, en représailles après l’assassinat d’un chef militaire allemand. Le président Nicolas Sarkozy avait demandé en 2007 qu’elle soit lue dans toutes les écoles.
Lettre d’Henri FERTET, combattant volontaire de la Résistance fusillé le 25 septembre 1943.
Lettre d’Henri Fertet, "un condamné à mort de 16 ans" à ses parents.
Élève de seconde du Lycée VictorHugo à Besançon. Résistant condamné à mort par le tribunal militaire de la Feldkommandantur 560.
Exécuté à la Citadelle de Besançon le 25 septembre 1943. En 1947, il a été homologué à la Libération dans
le grade d’Aspirant des Forces Françaises de l’Intérieur à titre posthume.
• Chevalier de la Légion d’Honneur
• Compagnon de la Libération – décret du 7 juillet 1945
• Croix de Guerre 39/45
• Médaille de la Résistance
• Croix du Combattant Volontaire de la Résistance
• Médaille des Déportés et Internés Résistants
" Chers Parents,
Ma lettre va vous causer une grande peine, mais je vous ai vus si pleins de courage que, je n'en doute pas, vous
voudrez encore le garder, ne serait-ce que par amour pour moi.
Vous ne pouvez savoir ce que moralement j'ai souffert dans ma cellule, ce que j'ai souffert de ne plus vous voir, de ne plus sentir peser sur moi votre tendre sollicitude que de loin.
Pendant ces 87 jours de cellule, votre amour m'a manqué plus que vos colis, et souvent je vous ai demandé de me pardonner le mal que je vous ai fait, tout le mal que je vous ai fait.
Vous ne pouvez vous douter de ce que je vous aime aujourd'hui car, avant, je vous aimais plutôt par routine, mais maintenant je comprends tout ce que vous avez fait pour moi et je crois être arrivé à l'amour filial véritable, au vrai amour filial.
Peut-être après la guerre, un camarade vous parlera-t-il de moi, de cetamour que je lui ai communiqué.
J'espère qu'il ne faillira pas à cette mission sacrée.
Remerciez toutes les personnes qui se sont intéressées à moi, et particulièrement nos plus proches parents et amis ; dites-leur ma confiance en la France éternelle.
Embrassez très fort mes grands parents, mesoncles, tantes et cousins, Henriette.
Donnez une bonne poignée de main chez M. Duvernet ; dites un petitmot à chacun.
Dites à M. le Curé que je pense aussi particulièrement à lui et aux siens.
Je remercie Monseigneur du grand honneur qu'il m'a fait, honneur dont, je crois, je me suis montré digne.
Je salueaussi en tombant, mes camarades de lycée.
À ce propos, Hennemann me doit un paquet de cigarettes,Jacquin mon livre sur les hommes préhistoriques. R
endez " Le Comte de Monte-Cristo " à Émourgeon, 3 chemin Français, derrière la gare.
Donnez à Maurice André, de la Maltournée, 40 grammes de tabac que je lui dois.
Je lègue ma petite bibliothèque à Pierre, mes livres de classe à mon petit papa, mes collections à ma chère petite maman, mais qu'elle se méfie de la hache préhistorique et du fourreau d'épée gaulois.
Je meurs pour ma Patrie.
Je veux une France libre et des Français heureux.
Non pas une France orgueilleuse, première nation du monde, mais une France travailleuse, laborieuse et honnête.
Que les Français soient heureux, voila l'essentiel.
Dans la vie, il faut savoir cueillir le bonheur.
Pour moi, ne vous faites pas de soucis. je garde mon courage et ma belle humeur jusqu'au bout, et je chanterai " Sambre et Meuse " parce que c'est toi, ma chère petite maman, qui me l'as apprise.
Avec Pierre, soyez sévères et tendres.
Vérifiez son travail et forcez-le à travailler.
N'admettez pas de négligence.
Il doit se montrer digne de moi.
Sur trois enfants, il en reste un.
Il doit réussir.
Les soldats viennent me chercher.
Je hâte le pas.
Mon écriture est peut-être tremblée ; mais c'est parce que j'ai un petit crayon.
Je n'ai pas peur de la mort ; j'ai la conscience tellement tranquille.
Papa, je t'en supplie, prie.
Songe que, si je meurs, c'est pour mon bien.
Quelle mort sera plus honorable pour moi que celle-là ?
Je meurs volontairement pour ma Patrie.
Nous nous retrouverons tous les quatre,bientôt au Ciel.
" Qu'est-ce que cent ans ? "
Maman, rappelle-toi :
" Et ces vengeurs auront de nouveaux défenseurs qui, après leur mort, auront des successeurs. "
Adieu, la mort m'appelle. Je ne veux ni bandeau, ni être attaché.
Je vous embrasse tous.C'est dur quand
même de mourir. Mille baisers.
Vive la France.
Un condamné à mort de 16 ans
H. Fertet
Excusez les fautes d'orthographe, pas le temps relire.
Expéditeur : Henri Fertet. Au ciel, près de Dieu.