Le don d'organes est encore tabou en France.
Pourtant, depuis 1976, la loi stipule que toute personne est présumée consentante à moins de s’y être opposée de son vivant. Mais la procédure est fastidieuse et méconnue.
En effet, dans la pratique, les soignants demandent presque systématiquement l'avis des proches de la personnes décédée avant de prendre une décision.
Dans un cas sur trois, les familles s'opposent à ce don.
Depuis le 1er janvier 2017, un décret a simplifié cette loi.
Le texte prévoit que tout défunt est automatiquement considéré comme donneur sauf s'il a préalablement exprimé son refus.
"Le prélèvement d’organes post-mortem peut être pratiqué sur une personne majeure dès lors qu’elle n’a pas fait connaître, de son vivant, son refus d’un tel prélèvement, principalement par l’inscription sur un registre national automatisé prévu à cet effet", peut-on lire dans ce décret.
Ainsi, un registre national du refus a été ouvert.
Il permettra à chacun de choisir les organes qu’ils ne souhaitent pas donner.
Dans les faits, l'acceptation est parfois plus difficile pour des organes symboliques, comme le coeur ou les yeux (les cornées).
Ce registre permettra également d'inscrire ses volontés sur un bout de papier remis ensuite à ses proches.
L’objectif est de diminuer le taux d’opposition Pr Olivier Baston
Selon le Pr Olivier Baston de l’agence de biomédecine, interrogé par TF1, "l’objectif est de diminuer le taux d’opposition et de faire en sorte que les personnes qui sont réellement convaincues d’une opposition l’expriment le plus simplement possible et que ça soit indiscutable".
Dans la pratique, en cas de forte opposition des proches, les soignants ne devraient pas passer outre. Pour les enfants mineurs, le don ne peut avoir lieu qu'à la condition que chacun des titulaires de l'autorité parentale y consente par écrit.
L'Ordre des médecins s'était prononcé contre cette mesure, y voyant une "exclusion des proches" de la décision de donner ou non les organes du défunt, craignant d'affronter "la méfiance des familles".
La Fédération des associations pour le don d'organe et de tissus humain (ADOT) avait elle aussi fait part de ses inquétudes quant à cet amendement qui pourrait "remettre en cause la volonté d’être donneur".
Selon des chiffres publiés par Le Monde, 553 patients sont morts en 2015 alors qu’ils étaient en liste d’attente pour obtenir une greffe.
Plus de 5700 greffes d'organes ont été réalisées l'an dernier en France, en progression de 7% par rapport à 2014, plaçant le pays au premier rang européen.
Dans le même temps, la plus de 21.000 personnes étaient en attente de greffe fin 2015, un chiffre qui a doublé en vingt ans.
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