Aujourd'hui jour de repos, le 1er mai a d'abord été un jour de luttes sociales, né dans les rues de Chicago avant de battre les pavés parisiens. Histoire du premier des 1er mai
Un vent de grève venu de Chicago
Etats-Unis, années 1880, la colère gronde dans un monde ouvrier soumis à des cadences de travail harassantes, 12h, parfois 14h par jour.
Le 1er mai 1886, début de l'année comptable des entreprises, une grande manifestation est organisée par les syndicats de Chicago.
La grève s'étend bientôt au pays tout entier et la mobilisation est telle que le mouvement obtient satisfaction : la journée de travail est réduite à 8h, mais non sans perte.
Plusieurs ouvriers de la fabrique McCormick à Chicago trouvent la mort dans des affrontements avec les forces de l'ordre.
Sur l'une des tombes sont gravés ces quelques mots : "Le jour viendra où notre silence sera plus puissant que les voix que vous étranglez aujourd'hui".
Rendez-vous de l'Internationale ouvrière
De l'autre côté de l'Atlantique, la IIème Internationale socialiste se réunit à Paris, en 1889 pour le centenaire de la Révolution française et décide d'organiser tous les ans, dans tous les pays et à date fixe, une grande manifestation ouvrière.
Ici aussi, la journée de 8h (mais toujours 5 jours par semaine) est la principale revendication.
Et c'est la date du 1er mai qui est retenue, en souvenir des manifestations de Chicago.
Dans les années qui suivent, le 1er mai s'impose peu à peu comme un rendez-vous et un jour de grèves ouvrier, mais c'est en 1936 qu'ont lieu les plus grandes manifestations.
Jour de luttes devenu jour de repos
Ces manifestations du 1er mai 1936 marquent durablement l'imaginaire français.
Elles contribuent en effet à l'élection de la première coalition républicaine de centre gauche, deux jours plus tard : le Front populaire.
Présidée par le socialiste Léon Blum, ce gouvernement ne tarde pas à adopter des mesures historiques pour les travailleurs, la semaine de 40h, les deux premières semaines de congés payés ou la reconnaissance du droit syndical.
En 1941, le régime de Vichy transforme ce rendez-vous ouvrier en jour férié, "fête du Travail et de la Concorde sociale".
Le 29 avril 1947, les autorités issues de la Libération reprennent la mesure. Le 1er mai est officiellement déclaré jour chômé-payé dans toutes les entreprises françaises, et le restera.
Le muguet : un porte-bonheur japonais
Plante des sous-bois, de la famille des liliacés et originaire du Japon, le muguet a toujours été une fleur porte-bonheur, associée au retour du printemps.
Charles IX aurait déjà eu coutume d'en offrir aux dames de sa Cour.
A Paris, au début du siècle, les couturiers en offrent trois brins aux ouvrières et petites mains.
Mais il faut attendre 1976 pour qu'il soit associé à la fête du 1er mai.
Sur la boutonnière des manifestants, il remplace alors l'églantine et le triangle rouge qui symbolisait la division de la journée en trois parties égales : travail, sommeil, loisirs.
Le 1er mai dans le monde
Le 1er mai est fêté en Belgique, au Luxembourg, en Allemagne, en Espagne, en Europe centrale, en Afrique du Sud, en Amérique Latine, en Russie, au Japon.
Au Royaume-Uni, c'est le premier lundi de mai qui est fêté.
Étonnemment, aux Etats-Unis, le "Labor Day" est célébré le premier lundi de septembre, et non en mai, en mémoire d'un autre épisode de la répression ouvrière.