Pierre et Brigitte ont contracté 6 prêts pour un total d’environ 100 000 €.
Certains travaux n’ont pas eu lieu.
Cela a commencé avec une société spécialisée en économies d’énergie et une pompe à chaleur puis tout s’est accéléré jusqu’à la mise sous tutelle et curatelle du couple.
Une enquête est en cours.
Le ballon et la pompe. C’est en novembre 2011 que Pierre (45 ans) et Brigitte (52 ans) – appelons-les ainsi – ouvrent à deux vendeurs qui travaillent pour Alliance Éco.
On leur promet des économies d’énergie avec une pompe à chaleur et un ballon solaire.
Le couple sans enfant gagne 2 800 € par mois.
Ils sont agents municipaux à Halluin, au nord de Tourcoing.
Un premier prêt de 21 400 € est souscrit. Installés depuis 2006 dans la maison qu’ils ont achetée, ils n’avaient jusque-là qu’un prêt.
L’adoucisseur. Le commercial revient voir le couple et vend un adoucisseur à 11 800 €.
Une boîte de 20 centimètres greffée à l’arrivée d’eau…
« On lui faisait confiance, on se disait que ça serait bien », se justifie le couple.
Les radiateurs. Le vendeur, qui est devenu autoentrepreneur, a vu dans les deux chambres des radiateurs anciens, mais qui fonctionnent.
Il propose de les changer et c’est un prêt de 5 700 € que contractent les Halluinois.
L’escalier, la porte et les volets. Nous sommes en octobre 2012 et le vendeur refile la bonne adresse à d’autres sociétés.
Pierre en avait assez de son escalier en travers de la pièce.
On lui change pour un modèle des plus rudimentaires.
On lui refait la porte qui avait été endommagée par le vendeur lors de la livraison du ballon. On installe un volet roulant.
Un organisme accepte le crédit de 19 256 €.
Le carrelage et les portes vitrées. À peine un mois après, le vendeur revient pour demander quels travaux souhaite faire le couple.
Un couple qui a vu en cet homme « un ami ».
Lui n’a aucune famille et lit avec difficulté.
Elle vient en quatre ans de perdre son père, sa mère et ses deux frères.
Elle est très fragile.
Ils acceptent de refaire le sol.
Ils veulent du carrelage mais on leur pose du parquet.
Avec un autre volet roulant et du béton projeté qu’ils ne verront jamais, la facture atteint 21 400 €.
Le prêt est accepté.
La cuisine fantôme. Dans le même temps, le vendeur les fait signer pour une cuisine équipée de 21 400 €.
Ils ne la verront jamais (lire ci-dessous) mais versent chaque mois 202 € pour la payer.
C’est grâce à un ami voyant les travaux que tout s’est arrêté.
Conclusion. Pierre et Brigitte paient 1 045 € de crédit par mois et vivent avec 450 €, contre 2800 avant les faits.
Leur employeur a alerté la justice qui a décidé d’une mise sous tutelle pour Brigitte.
Elle n’a plus le droit de vote.
Pierre est sous curatelle renforcée : « On a l’impression d’être punis, on ne peut plus faire de sorties, plus de cadeaux. Notre vie est devenue un enfer. »
La police a procédé aux auditions et poursuit son enquête dans la jungle des sociétés liquidées, des gérants introuvables et des factures bidonnées.
Le vendeur récuse l’abus de faiblesse
Le vendeur, 22 ans au moment des faits, travaille aujourd’hui dans le secteur bancaire.
Il a accepté de nous répondre sur le cas de Brigitte et Pierre : « Des gens très gentils, attachants. Je les aidais parfois à faire leurs papiers. »
Lui explique qu’il a répondu aux souhaits des Halluinois.
Il reconnaît avoir eu connaissance de leurs revenus pour contracter le premier prêt.
A-t-il ensuite abusé de leur faiblesse pour arriver à 100 000 € de travaux : « Je ne crois pas, je leur ai proposé des devis qu’ils ont refusés. Au premier abord, j’ai vu qu’ils étaient simples mais ils ont fait des choix. Ça peut être des acheteurs compulsifs… »
Le jeune homme prétend que 40 % des sommes versées l’ont été à d’autres que lui, même s’il admet avoir joué l’entremetteur.
Service après-vente
Quant aux sommes très élevées des travaux, le représentant met en avant le service : « Quand une chose ne fonctionne pas, nous intervenons dans la journée. Et puis, ce sont des produits de grande qualité », ajoute l’homme qui concède qu’un adoucisseur à près de 12 000 €, c’est cher.
Reste la cuisine qui a coûté 21 400 € et que le couple n’a jamais vue.
« Je l’avais commandée mais comme ils se sont affolés, qu’ils m’ont accusé d’escroquerie, je ne suis plus venu chez eux et je ne l’ai pas installée. »
Et la cuisine stockée dans un ancien local serait « partie en pièces détachées », selon le jeune homme, très flou sur la question.
Toujours mis en cause par la plainte, l’ex-vendeur voudrait trouver un arrangement mais il ne propose rien.
Même pas le remboursement de la cuisine.
la voix du nord
Sujet: La descente aux enfers d’un couple d’Halluinois après avoir ouvert à un représentant 
Dim 5 Avr - 11:45:52
