Un patient atteint de nanisme a attendu 18 mois pour être opéré d’une hernieNous avions raconté son histoire à l'automne dernier. Chez lui,en compagnie de ses parents,Marthe et Jean,de son frère Arnaud (debout à g.) et de son meilleur ami,Nicolas (debout à dr.),Michel (en bas à dr.) retrouve une vie normale.Le 19 février,Michel E. a enfin été libéré de la hernie inguinale qu'il traînait depuis un an et demi.
Le Lonsois de 45 ans a été opéré à la clinique Pasteur de Toulouse,après un nombre incalculable de péripéties.
Sa hernie avait été diagnostiquée à la fin de l'année 2013,mais l'hôpital de Pau avait reculé devant la difficulté de l'opération.
Michel est atteint de nanisme et l'anesthésie nécessaire au retrait de son mal était des plus périlleuses.
Après avoir longtemps hésité,le centre hospitalier avait fini par refuser l'opération en janvier 2014.
L'établissement se référait alors à l'extrême précision de l'intervention,mais aussi au passif de Michel avec les médecins palois.
Le patient avait en effet porté plainte contre l'établissement après une anesthésie ratée en 2001.
La trachéotomie pratiquée avait notamment abîmé les cordes vocales du Lonsois et retiré plusieurs dixièmes à sa vue.
La secrétaire d'État à l'écouteDevant ce refus,Michel et sa famille s'étaient tournés vers l'hôpital Purpan à Toulouse.
Les médecins anesthésistes avaient cette fois accepté d'opérer le patient le 23 mai 2014,mais au bout de longues minutes de tentatives,les médecins renonçaient à leur tour.
Le 30 juin,Purpan refusait de réopérer Michel.
Lorsque nous l'avions rencontré,sa situation paraissait sans issue.
Un courrier envoyé à la secrétaire d'État au handicapMais la détermination de ses parents et la volonté de Nicolas Gallais,un de ses meilleurs amis ont permis d'aboutir.
« En novembre,nous avons profité de la venue à Pau de la secrétaire d'État au handicap Ségolène Neuville,raconte Nicolas.
On lui a adressé un courrier.
En vingt-quatre heures,sa chef de cabinet m'appelait et saisissait l'Agence régionale de santé (ARS) d'Aquitaine.
À partir de là,tout s'est accéléré. »
Un médecin de l'ARS a pris le dossier en main et épaulé la famille qui se rapprochait alors d'un autre établissement toulousain,la clinique Pasteur.
« Elle se faisait la traductrice de tous nos états d'âme,raconte Marthe,la mère de Michel.
Celle-là,c'est une sainte ! »
Le 18 février,Michel entrait donc à la clinique pour enfin se faire opérer.
« Il avait très peur,raconte Jean,son père.
Le chirurgien est venu le rassurer dans la chambre. »
L'anesthésiste s'est présenté au patient immédiatement.
« Le fait qu'il soit là,ça a montré qu'il ne prenait pas la chose à la légère,se souvient Michel.
Il a pas mal de charisme,il a confiance,il sait ce qu'il fait et il le communique aux autres. »
45 minutes pour anesthésierComme attendu,l'anesthésie a été fastidieuse.
Quarante-cinq minutes de manipulation de minuscules canules de pédiatrie pour pouvoir endormir Michel.
Puis quarante-cinq autres minutes pour retirer cette satanée hernie.
« Au réveil,je regardais mes mains.
Je voulais voir si ma vue avait empiré parce que si c'était le cas,cela voulait dire que l'intubation s'était mal passée. »
Rien de tout cela à la vérité.
Je suis soulagé.
Je me dis que tout cela est enfin fini !
Je peux enfin tourner cette page.Comme ils gardent précieusement la chronologie des faits,Michel et sa famille ont listé toutes les personnes qu'ils entendent remercier.
Ségolène Neuville,Nicolas Gallais,le médecin de l'ARS et l'équipe médicale de la clinique Pasteur n'ont pas été oubliés.
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