Depuis trois ans,Camille est harcelée par ses camarades. Hospitalisée en novembre,l’adolescente de l'île d'Oléron a développé une phobie scolaireCamille (à droite) et sa mère veulent aujourd’hui témoigner.
Harcelée par ses camarades,l’adolescente vit aujourd’hui cloîtrée chez ellePetite pute »,« J'espère que tu vas te pendre »…
Terribles insultes que subit Camille depuis trois ans.
Harcelée par ses camarades alors qu'elle est en quatrième au collège du Château-d'Oléron l'adolescente est aujourd'hui déscolarisée.
Au mois de novembre dernier,elle a été hospitalisée.
Le médecin a diagnostiqué chez la jeune fille une phobie scolaire.
À 16 ans,Camille est une ado en danger,soutenue par ses parents unis.
L'actualité qui a récemment mis en lumière le harcèlement à l'école a provoqué chez elle un déclic.
La diffusion d'un documentaire sur le suicide par pendaison de Marion,13 ans,lui a donné l'envie de parler pour s'en sortir.
Pas d'anonymat ni de visage caché.
Camille et ses parents ont déjà tout entendu.
À défaut de convaincre tous ceux qui la rejettent,sa famille aimerait que « les gens comprennent le mal que cela a pu faire ».
À 16 ans,Camille est une ado en dangerEn 2012,Camille a été victime d'un prédateur sur Internet.
Pendant quelques semaines,l'homme de 57 ans s'est fait passer pour un garçon de 17 ans.
Camille n'y a vu que du feu.
Elle a joué,s'est confiée,jusqu'à se déshabiller devant la Webcam.
L'exhibition n'est pas allée plus loin.
Sa mère a rapidement découvert le pot aux roses.
L'histoire aurait pu s'arrêter là.
La famille a déposé plainte contre le pédophile qui a reconnu une partie des faits.
L'instruction est toujours en cours,trois ans après.
Mais Camille a éprouvé le besoin de se confier à une amie.
C'est à ce moment-là que tout s'est emballé.
Aux yeux de ses camarades,l'ado devient alors « une fille facile qui a fait des photos pornos ».
Le raccourci est simpliste et mensonger.
Mais peu importe.
Réseaux sociaux et murs du collègeSur les réseaux sociaux,certains se lâchent.
Sur les murs du collège ou sur Facebook,elle est la traînée de service,la collégienne infréquentable.
Sa réputation est faite.
Camille se retrouve seule à la récré,perd ses amies qui la rejettent et ne trouve aucun secours auprès de l'équipe pédagogique.
Après deux ans de calvaire au collège du Château,ses parents croient bien faire en l'inscrivant au lycée de Saint-Jean-d'Angély,à 80 kilomètres d'Oléron.
Tout commence bien.
Mais le répit ne dure pas longtemps.
Camille est rattrapée par les réseaux sociaux.
Nouvelles insultes,nouvelles angoisses.
Mais,cette fois,l'équipe de l'établissement est à l'écoute des souffrances de l'adolescente.
Le médecin scolaire diagnostique une phobie scolaire et fait hospitaliser Camille qui a eu des envies de suicide.
"Tout le monde ferme les yeux.
On nous dit que ça passera,que ce sont des histoires de gamins"Depuis,l'adolescente fragile vit cloîtrée chez elle.
Ses parents ont le sentiment d'avoir épuisé toutes les ressources pour aider leur fille à s'en sortir.
« On ne va quand même pas fuir.
C'est elle,la victime.
Pourquoi devrait-on se punir ? » s'interroge sa mère,originaire de l'île d'Oléron.
Mais surtout,ils ne comprennent pas.
« Tout le monde ferme les yeux.
On nous dit que ça passera,que ce sont des histoires de gamins.
Mais comment en est-on arrivé là ? Je ne me suis pas rendu compte que ma fille allait si mal.
Les gens doivent aujourd'hui se rendre compte que nous sommes dans la détresse et du mal que cela a causé »,poursuit Lætitia,mère inquiète et digne.
Au cœur d'une humiliation qui ne semble jamais finir,Camille est une victime de la rumeur,de la cruauté des adolescents,du silence des adultes,bref de la bêtise humaine.
Nous n'avons pu joindre l'ancienne direction de l'établissement.
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