A St-Pierre-du-Mont,l’arrivée d'un cochon n’a pas été supportée par les voisins. Gigi doit s’en séparer avant le 31 décembre Rien est trop bon pour le cochon vietnamien de Gigi,ici dans sa maison de Saint-Pierre-du-Mont. Que va bien devenir Cagnotte,ce cochon vietnamien arrivé le 28 juin dernier au 46 rue de Cante-Cocut,dans un paisible lotissement de la non moins paisible commune de Saint-Pierre-du-Mont,voisine de Mont-de-Marsan ? La question qui a déjà été abordée sur les ondes de France Bleu Gascogne se pose suite à un différend de voisinage conclu par une procédure judiciaire de conciliation suivant laquelle l'animal doit déguerpir avant le 31 décembre 2014.
Pour celle qui l'a recueilli,cette décision est « insupportable ».
« Maintenant je l'ai et je l'adore.
Je sais que je n'aurais jamais du signer cet accord.
Je ne sais pas ce qui m'a pris,j'ai fait une erreur.
Mais ce que je sais,c'est qu'il est hors de question que j'abandonne Cagnotte ! »
"Il est hors de question que j'abandonne Cagnotte !" Elle est comme ça,Gigi.
« Maman » de 17 chats,3 chiens,10 poules,« Olive » le perroquet pipelette,un pigeon une poule faisane,une dizaine d'oiseaux en volières extérieures et une trentaine d'autres à domicile,Gigi Normand n'est pas tout à fait une voisine comme les autres.
Au 46,rue Cante-Cocut,cela fait quarante ans que cela dure.
Et,c'est peu de le dire,ce n'est pas la première fois que le voisinage s'en plaint.
Le jackpot Pour le plus proche d'entre eux,l'arrivée de Cagnotte juste derrière la cloison de son terrain,c'était un peu le jackpot.
L'animal de trop en fait.
En 2010,une procédure de conciliation avait déjà été nécessaire pour faire partir quelques poules et coqs surnuméraires,un couple d'Amazones et des bernaches de Magellan.
Les plus bruyants des pensionnaires en somme.
Mais plus que le bruit,ce sont les odeurs qui gênent les Castella.
"Les poules,on s'en accommode.
Mais un cochon !" « On a rien contre les animaux mais on ne peut pas tout supporter.
Vous verriez les remontées lorsqu'il fait chaud.
Et les mouches.
Les poules,on s'en accommode.
Mais un cochon !
Et puis chaque fois on se demande où elle va s'arrêter.
En mai dernier ça avait encore été toute une histoire pour faire partir un coq » témoignent d'une voix les retraités,ancien collègues de travail de Gigi.
Aucune effluve flagrante lors de notre passage.
Du moins à l'extérieur de la maison.
Un cochon dans la cour,certes,mais pas tout à fait une porcherie…
« Ce n'est pas sale » Gigi reconnait bien « quelques difficultés les premiers jours ».
« Cagnotte a commencé par tout retourner mais depuis il s'y plaît »,explique-t-elle en montrant la terrasse qui accueille l'animal.
La centaine de mètres carrés qui longe la propriété du voisin aura certes besoin de quelques aménagements.
La retraitée de 61 ans s'y attèle progressivement.
Quid de ses excréments ? « Je nettoie tout ce que je peux et franchement ça ne sent pas mauvais.
Contrairement aux idées reçues c'est très intelligent et ce n'est pas sale »,grogne cette retraitée de la fonction publique qui,outre l'éducation de deux filles handicapées a totalement dévoué sa vie à la cause animale.
"Elle le vit comme de la persécution,nous on le vit comme de la provocation"« Ça va peut-être vous paraître bête,mais
les animaux »,plaide celle qui veut faire reconnaitre officiellement Cagnotte comme animal de compagnie.
Pour la Saint-Pierroise,et après consultation de la très sérieuse association Groin Groin,ce cochon vietnamien d'une soixantaine de kilos entre ainsi dans la catégorie des « nouveau animaux de compagnie ».
Et il ne doit donc pas être concerné par le règlement sanitaire départemental qui fixe la distance d'implantation de ces animaux à minimum 25 mètres des habitations.
Gigi n'en démord pas.
On ne va tout de même pas confondre son gentil cochon domestique avec un vulgaire porc d'élevage !
Sauvé de la casserole Qualifiée de « personnage de la commune » par le maire Joël Bonnet,celle qui ne recueille d'habitude que des animaux malades tente d'émouvoir en rapportant qu'elle l'a adopté « pour le sauver de la casserole ».
« C'était la veille de mon anniversaire mais ce n'était pas prévu,explique-t-elle les yeux rougis.
Ce cochon appartenait à un couple qui s'est séparé.
Un papy l'avait récupéré mais il a été hospitalisé et ses enfants n'ont pas voulu le garder.
Une déléguée de la SPA a pensé à moi.
Évidemment j'aurais pu refuser.
Mais quand je suis face à un animal en souffrance,et bien mes bras,ils s'ouvrent… »
Plus à l'aise avec les animaux qu'avec les êtres humains,Gigi se pose en victime,en « incomprise ».
« Elle le vit comme de la persécution,nous on le vit comme de la provocation » répondent entre ras-le-bol et embarras les voisins à l'origine de la procédure judiciaire.
Joël Bonnet parle lui de « grand pataquès ».
Et Cagnotte se marre.
Reste que l'animal devra partir avant le 31 décembre. Avec ou sans Gigi. Vers une nouvelle famille, à la campagne. Ou direction l'abattoir.
Le rôle du conciliateur de justice Nicole Bouneau est la conciliatrice nommée par le tribunal d’instance de Mont-de-Marsan pour tenter de rabibocher Me Normand et son voisin.
Sur cette affaire,elle fait valoir son devoir de réserve.
Ce qui ne l’empêche pas de parler de sa fonction.
« C’est un service gratuit assuré par des bénévoles,avec une expérience juridique dans le but de résoudre des litiges à l’amiable sans passer par les tribunaux.
En cas de constat d’accord entre les parties prenantes,il est homologué par le juge d’instance et prend alors une dimension officielle. »
Il existe une vingtaine de conciliateurs de justice sur le département.
Ils assurent des permanences un fois par mois dans chaque chef-lieu de canton.
Ils peuvent aussi recevoir sur rendez-vous ou se rendre sur place.
« On ne donne aucun conseil juridique,seulement des conseils de bon sens,de vivre ensemble. »
Selon elle,30 à 40% de l’activité d’un conciliateur est constitué par des conflits de voisinage.
En revanche,il ne s’occupe jamais d’affaires familiales,ni des démêlés avec les administrations.
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