Jad est né sans conduit auditif. Un handicap lourd qui nécessite des soins importants.
Mais ses parents,Marocains,n’ont pas la certitude de pouvoir rester en France Jad fait l’apprentissage des sons grâce à un appareil auditif par vibration fixé sur sa tête.Jad,9 mois et demi,est tout sourire.
Sur sa tête il y a un drôle de boîtier accroché à un bandeau.
Un appareil auditif par vibrateur qui transmet les ondes sonores au cerveau via la boîte crânienne.
Jad est né sans pavillon d'oreille et sans conduit auditif.
Une malformation qui n'apparaît pas sur les échographies.Les parents,Jihane et Ahmed Mourhri,tous les deux de nationalité marocaine,mettent tout en œuvre avec le service d'ORL,de chirurgie cervico-faciale et de pédiatrie ORL du centre hospitalier universitaire de Bordeaux,à l'hôpital Pellegrin.
La pathologie est très lourde et va nécessiter des soins réguliers et des interventions chirurgicales sensibles pendant de longues années.
Mais Ahmed et Jihane sont confrontés à une autre inquiétude.
Ni l'un ni l'autre n'ont la certitude de pouvoir rester en France et plus particulièrement à Bordeaux pour faire soigner leur enfant.
Le titre de séjour qu'ils avaient obtenu pour leurs études arrive à expiration et leurs tentatives pour recevoir une carte de résident de dix ans se sont heurtées à un refus de la préfecture.
Tous les deux sont venus pour faire des études.
« Nous nous sommes rencontrés en 2e année de fac de médecine »,raconte Ahmed.
Finalement,ni l'un ni l'autre ne va poursuivre dans cette voie.
Le couple s'est réorienté vers des études d'informatique au département informatique de l'université de Bordeaux.
Ahmed a obtenu son master 2 l'an dernier.
Il a ensuite fait un stage au sein de la société de services informatiques Atos à Pessac,où il a obtenu un CDI,en février 2014.
Jihane,de son côté,terminera son master 2 le mois prochain et son titre de séjour arrivera à expiration.
« Nous avons multiplié les démarches mais sans résultat,dit Jihane.
Et ça nous empêche d'avancer et de pouvoir consolider notre situation pour nous occuper pleinement de Jad. »
En raison de la gravité du handicap qui l'affecte,
ses soins ont été pris en charge à 100 %. « Mais son appareil auditif vibratoire a coûté 4 000 euros.
Sans la mutuelle dont Ahmed bénéficie dans son travail,nous n'y serions jamais arrivés. »
Le couple,qui avait déposé un dossier de demande de naturalisation pour l'heure en panne,se sent en situation de précarité.
« Au Maroc,nous ne serions pas en mesure de faire soigner notre fils,assure Jihane.
Il n'y a pas les équipements nécessaires.
Il est aujourd'hui suivi chaque semaine par une orthophoniste,une psychomotricienne et un audioprothésiste.
Il pourra subir une intervention chirurgicale lourde et rare,mais seulement vers l'âge de 9 ans. »
« En plus,il n'y a pratiquement pas d'entreprises susceptibles d'avoir besoin de compétences comme les nôtres au Maroc »,insiste Ahmed.
« C'est une situation complètement paradoxale »,commente Me Pierre Landette,qui,avec Me Alice Billand,défend le jeune couple.
« Ahmed Mourhri n'a pas la certitude de pouvoir demeurer en France,mais dans son entreprise on lui confie la responsabilité de gérer des logiciels pour le compte de l'Éducation nationale. »
Pour Me Alice Billand,
« l'enfant est sourd et l'administration aveugle » face aux difficultés de Jad et de ses parents.
« Lorsque j'ai représenté le dossier,on m'a répondu,dans un courrier du 12 août dernier,alors que l'enfant était né en novembre 2013 avec ce problème auditif grave et que son père avait un emploi en CDI,qu'il n'y avait pas d'éléments nouveaux.
Pour Jihane,on m'a répondu qu'elle n'avait pas vocation à rester puisqu'elle est étudiante.
On m'a aussi opposé que l'enfant n'était pas scolarisé.
Il a 9 mois… »
Les avocats ont fait
un recours devant le tribunal administratif et un recours hiérarchique à la préfecture.
Pierre Landette dénonce « une dictature des guichets qui n'obéissent même plus à leur hiérarchie ».
Contacté,le préfet de région et préfet de la Gironde,Michel Delpuech,a indiqué que pour l'heure « les deux parents sont parfaitement en règle » et qu'il était disposé à ce qu'ils soient reçus pour que leur situation soit abordée.
Ce qu'Ahmed et Jihane attendent depuis plusieurs mois.
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