"Donne-moi ton billet de 10 euros et, demain, tu m'apporteras un téléphone

. N'en parle surtout pas à tes parents sinon tu seras tabassé à la sortie du collège."
Le racketteur exige de sa victime de l'argent ou bien un objet de valeur et de marque, et il la menace de représailles si elle ne s'exécute pas.
Il peut aussi l'obliger à faire ses devoirs à sa place.
"Les familles confondent souvent le vol avec le racket, souligne le commandant de police à la Préfecture de police de Paris. Le racket est un acte d'extorsion. C'est le fait d'obtenir quelque chose par l'intimidation et la violence."
Ce sont les parents qui découvrent en général que leur enfant est racketté. Certains indices les mettent sur la piste.
Ils remarquent à la maison la disparitions d'objets (téléphones portables, montres, vêtements de marque et de valeur, chaussures) ou d'argent.
Parallèlement, ils observent des changements dans le comportement de leur adolescent qui devient soudain taciturne, replié sur lui-même. Il souffre d'insomnie ou de maux de ventre...
Quant à ses résultats scolaires, c'est la chute libre.
Face à ces constats, une attitude s'impose : en parler au plus vite avec lui et le questionner en vue de recueillir le maximum d'informations : depuis quand te fais-tu racketter ?
Et où ?
Combien de fois en as-tu été victime ?
Connais-tu ton agresseur ?
Opère-t-il en groupe ?
Ensuite, il faut porter plainte au commissariat de police ou à la brigade de gendarmerie.
Le racket est un délit puni par la loi, d'une peine de prison (sept ans) et d'une amende (100 000 euros).
"Trop peu de familles effectuent cette démarche
Parfois, elles déposent main courante. Cela signifie qu'elles déclarent les faits mais refusent que l'auteur du racket soit poursuivi.
Plus que la peur des représailles, c'est le sentiment de honte qui les anime.
Dans les mentalités, rapporter, dénoncer, bref être une " balance ", n'est pas bien perçu", explique-t-il.
Concrètement, la victime et ses parents sont reçus, écoutés et interrogés par un policier ou un gendarme.
La déclaration de l'enfant est prise hors de la présence de son père et de sa mère, mais il n'y a pas de règle absolue.
Ensuite, une enquête d'investigation est menée et l'agresseur le plus souvent interpellé.
La justice est saisie.
Au final, un magistrat (un juge des enfants bien souvent) évalue la sanction : simple admonestation, réparation (présenter ses excuses et dédommager la victime si elle est d'accord), travail d'intérêt général, placement dans un centre spécialisé.
Lorsque le racket s'est produit au sein ou aux abords du collège ou du lycée, les familles doivent en informer le principal ou le proviseur.
Si l'agresseur est un élève de l'établissement, le conseil de discipline se réunira pour le sanctionner ! "Généralement, il vote son exclusion", précise le secrétaire national du syndicat national des personnels de direction de l'Education nationale (SNPDEN) et principal à Versailles.
L'enfant victime, quant à lui, aura peut-être besoin d'une prise en charge psychologique.
Le racket est un acte très dévastateur, pouvant conduire au suicide dans des cas extrêmes.
Tous les enfants ne vivent pas l'agression de la même façon.
Mais certains d'entre eux sont aussi honteux que s'ils étaient coupables.
Ils se sentent humiliés d'être faible, ils ont une mauvaise image d'eux-mêmes, comme s'ils ne valaient plus rien.
Enfin, un changement d'établissement peut être bénéfique.
Les jeunes rackettés éprouvent souvent le besoin de tourner la page.
Certaines familles vont même jusqu'à opter pour un nouveau cadre de vie