Résumé : En 2003,Aron Ralston tombe dans une crevasse d'un canyon de l'Utah.
Après 127 heures d'angoisse,il décide de s'amputer le bras, coincé sous une pierre,pour survivre.
Les disciplines comme l'escalade,le trekking,la montagne,etc.
ont toutes un point en commun : la nature et ses dangers.
Tout n'est pas toujours tout rose dans ces sports qui prônent l'aventure et où le risque se taille une belle part du voyage.
Face aux forces de la nature qui reprend parfois ses droits, nous ne pouvons faire que gage d'humilité.
Peut-être connaissez-vous Aaron Ralston ? En solitaire,Aaron Ralston ,34 ans est devenu le premier alpiniste à avoir réussi l'intégralité des ascensions hivernales dans les Rocheuses à savoir 59 sommets de plus de 4200 mètres.
Cet exploit est double car c'est avec un prothèse de la main droite qu'il achève ce projet en escaladant les 14 sommets restants.
Cette main en acier cache en réalité une amputation qu'il s'est faite pour se dégager d'un canyon où il est resté prisonnier plus de 110 heures.
Le samedi 26 avril 2003,Aaron Ralston,aventurier et ingénieur "retraité",se rend au Blue John Canyon dans le Parc National de Canyonlands (Utah),un désert de roches et de failles très peu fréquenté à cette époque de l'année.
Il est seul et n'a prévenu personne de son excursion.
Lors de sa descente vers le fond du canyon,dans un passage étroit,Aron se laisse glisser sur le ventre le long d'un éboulis.
Tout se passe à merveille jusqu'au moment où un gros bloc de pierre se détache et menace de lui tomber sur la tête.
Par réflexe,celui-ci se protège de ses mains mais malheureusement la droite reste coincée entre l'énorme bloc et la paroi.
Il est pris au piège !
Dans son livre
Plus fort qu'un roc,il raconte ses six jours de souffrance et d'espoir,ses tentatives vaines et parfois hystériques pour se dégager,le rationnement de ses réserves, puis l'idée qui lui semblait d'abord impossible à réaliser de s'amputer le bras.
Mais lorsque,complètement déshydraté et à bout de forces après 5 nuits sans sommeil,il sent la gangrène attaquer sa main prisonnière,il décide de tenter le tout pour le tout.
Tel le renard pris au piège et capable de se ronger la patte pour se libérer,à deux reprises,Ralston pèse de tout son poids sur son membre emprisonné,cassant les os de son avant-bras.
En une heure,il s'ampute l'avant-bras avec comme seul instrument son canif.
Aujourd'hui,cet alpiniste hors-paire est toujours aussi actif et motivé.
En 2010,il prévoit de se lancer à l'assaut de l'Everest avec Eric Larsen dans le but de faire prendre conscience au public des changements climatiques que subit notre terre et qui nous menacent tous dans un future proche.
Ceux qui veulent connaître tous les détails de son aventure peuvent se procurer le livre "Plus fort qu'un roc",aux éditions Michel Lafon,19.50 €.
le témoignage de Aaron Ralston : 127 heures au fond d'un canyonIl y a près de huit ans,un alpiniste américain s’amputait d’un bras coincé sous un rocher,après cinq jours de calvaire.
Rencontre,à l'occasion de la réédition de son livre et de la sortie d'un film sur son incroyable aventure.
«Ce caillou,il fait partie de ma vie.
Je n’ai jamais été en colère contre lui.
Maintenant,il est presque de ma famille.»
Beau gosse à barbe de quelques jours,regard franc,saluant d’un petit geste pour ne pas avoir à tendre le moignon équipé d’une prothèse,Aron Ralston se prête sans malaise aux questions réponses sur «l’expérience» qui a changé sa vie en avril 2003 dans les gorges de l’Utah.
Il assure la promo de 127 Heures,le film de Danny Boyle qui relate son épopée.
Au même moment,le récit de son aventure est réédité chez Michel Lafon.
Parler,encore et toujours,de ce rocher qui lui a broyé la main droite qu’il a dû couper pour se dégager fait partie de son quotidien.
Un rocher comme l’allégorie d’une grosse boule d’angoisses qui le poursuivaient depuis sa jeunesse et qu’il a finalement vaincues.
Comme un voyage initiatique au fond d’un boyau de glaise et d’obscurité pour renaître sous la forme d’un autre homme.
Plus fort et plus apaisé que l’alpiniste fou qui enchaînait les 4 000 mètres en solo en plein hiver,plongeait dans les torrents gelés et surfait sur les avalanches,caméra au poing,pour fixer ce moment où la peur et la mort se jouent à un doigt,à quelques centièmes,à quelques centimètres.
A 27 ans,Aron Ralston ne se connaissait pas de limites.
A la manière du héros de Into the Wild,le best-seller de Jon Krakauer popularisé par le film de Sean Penn,il a plaqué son travail d’ingénieur chez Intel pour se consacrer à sa passion du sport et de la nature.
Vivant de petits boulots alimentaires,dormant à l’occasion dans son van,il ne se sent à l’aise que dans cet immense Ouest américain qui a fasciné des générations d’écrivains et de baroudeurs.
Dans les années 2000,déjà bon alpiniste,il se prend de passion pour les sommets de plus de 4 000 mètres et enchaîne les ascensions hivernales en solo dans le Colorado (il en réussira une quarantaine).
Une quête boulimique,insatiable.
Entre deux expéditions,il enchaîne les sports extrêmes.
Descendant des rapides sur un canot en plastique après un pari stupide,plongeant dans l’eau glacée d’une rivière et frôlant la noyade,suffoquant sous une avalanche.
«J’étais arrivé à un point où il me fallait sans cesse frôler la mort pour me sentir en vie,reconnaît-il.
Le risque,c’est comme une drogue,plus vous le pratiquez,plus vous en avez besoin.»
Avec,comme témoin de ses exploits solitaires,son appareil photo ou sa caméra numérique pour immortaliser les plus beaux gadins.
«Aron était une sorte d’idéal masculin,autonome,indépendant et débrouillard,témoigne le réalisateur Danny Boyle,mais il était loin d’être un modèle en tant qu’être humain.»
Une vie comme une fuite en avant qu’il analyse rétrospectivement.
«Je me suis toujours senti à part,intelligent mais ostracisé par mes camarades,jamais intégré.
Alors,peu à peu,j’ai voulu prouver que j’étais le meilleur.»
L’arrogance,comme un pansement sur une blessure.
Sa famille ressemble pourtant à beaucoup d’autres.
Middle class américaine de l’Indiana,sans histoire : des parents présents,quelques déménagements,une sœur qu’il adore.
Mais Aron Ralston,ado mal dans sa peau,grandit avec ce malaise.
Jusqu’à ce 26 avril 2003,où il décide de partir pour un week-end dans les gorges de l’Utah,paradis des fondus de nature.
Une randonnée sans difficulté au regard de ce qu’il pratique d’habitude.
Baudrier,cordes de rappel,quatre litres d’eau…
Aron Ralston s’enfonce seul dans le goulet de plus en plus étroit du Blue John Canyon.
Un bloc gros comme un pneu coincé en équilibre entre les deux parois lui barre le passage.
Il l’enjambe pour poursuivre son chemin en contrebas,quand le rocher déséquilibré par son poids se décroche et commence à rebondir.
Dans un geste réflexe,Aron Ralston lève les bras pour se protéger et se fait broyer le poignet et la main droite par la masse rocheuse qui s’écrase contre la muraille.
Moment de terreur pure,hurlement,douleur,rien n’y fait : il est prisonnier.
Commence alors un compte à rebours contre la mort (personne ne sait où il est,l’endroit est désert) qu’il va gérer avec un impressionnant sang-froid.
Il rationne l’eau,essaye de faire un treuil,se construit un hamac pour la nuit,entame la roche avec son couteau,se prépare un garrot.
Et se filme en permanence pour faire le point sur sa situation.
Après 127 heures d’efforts vains,une ultime hallucination celle d’un petit garçon,son futur fils ? qui le regarde en souriant le persuade qu’il va s’en sortir et cette vision lui donne la force de se briser les os et de se trancher les chairs pour se dégager.
Sauvé.
Une dernière photo du roc sanglant,quelques heures à errer à travers le désert,l’hélico des secours puis l’hôpital,et déjà les médias de tout le pays attirés par le sang et le spectaculaire qui fondent sur ce nouveau héros comme l’Amérique les aime.
Convalescence,agent,shows en prime-time,livre puis film, conférences rémunérées des milliers de dollars.
La nouvelle vie d’Aron Ralston vient de commencer.
Et elle dure,puisque aujourd’hui,l’ex-aventurier reconnaît benoîtement ne pas avoir d’autre métier que la gestion de sa célébrité.
Un business qui l’amène à militer dans des associations de défense de la nature.
Côté politique,il penche pour les démocrates,plus respectueux d’environnement que les républicains.
En fait,la «renaissance spirituelle» n’a pas été immédiate, explique-t-il.
«L’amputation n’avait pas brisé ma vie ni mes obsessions,au contraire,j’en étais même ressorti plus arrogant qu’avant.»
Il va falloir une lente maturation,quelques rencontres décisives dont celle de Jessica,une jeune artiste peintre,étudiante en psychologie,qu’il épouse,et la naissance de son fils Leo,pour trouver enfin la sérénité.
«Cela a été une véritable lutte pour renoncer à l’extrême,mais je crois que j’ai réussi.»
Aron Ralston se dit désormais réconcilié avec lui-même.
Il est retourné sur les lieux du drame.
«La dernière fois,j’ai montré les photos de mon fils qui venait de naître au rocher.
Pour lui dire,à lui qui avait été le témoin de sa première apparition,que le petit garçon entraperçu était devenu bien réel.»
Alors guéri ? On tente la question test.
A-t-il vraiment l’intention de s’attaquer à l’Everest comme l’affirme le dossier de presse ? L’Everest,la mère des montagnes,le grand barnum médiatico-sportif où tous les alpinistes handicapés,asthmatiques,aveugles ou en quête de records viennent tester leur limites pour se prouver qu’ils continuent à vivre à 8 848 mètres à l’heure.
La réponse d’Aron Ralston est claire.
C’est non.
Plus envie de se faire mal,de grimper pour de mauvaises raisons.
Son plaisir,c’est désormais partager son temps entre son fils et sa femme,en vivant de ses rentes médiatiques.
Continuer à parcourir cette nature qu’il adore.
Mais sans excès.
Et profiter de sa nouvelle maison à Boulder,Colorado.
Boulder,«gros rocher» en anglais.