Première vague de froid, hier matin.
A 10 heures, devant la gare de Brétigny, des chauffeurs de bus qui ne démarreront que dans quelques minutes font monter leurs passagers plutôt que de les laisser patienter dans le froid.
Une scène banale… qui peut coûter cher.
Quelques heures plus tôt, à 6 h 20, alors que le froid était encore plus cinglant, un conducteur a été verbalisé à cet endroit par une patrouille de la police municipale de Brétigny.
Rachid, employé chez Veolia Transport depuis six ans, s’est vu dresser un PV de 45 €.
Motif : « stationnement d’un véhicule dont le moteur n’est pas arrêté », selon l’article R 318-1 du Code de la route.
Celui-ci stipule que les véhicules ne doivent pas émettre « de fumées, de gaz toxiques, corrosifs ou odorants, dans des conditions susceptibles d’incommoder la population ou de compromettre la santé et la sécurité publiques ».
« Mais je suis là pour rendre service aux gens, répond Rachid, ex-policier municipal à Lisses avant de devenir chauffeur. Il y avait une maman avec son bébé, je n’allais pas la laisser dehors! Il fait trop froid dans le bus si je ne laisse pas le moteur tourner durant les cinq ou six minutes où je stationne devant la gare. »
Une précaution qui vaut plus pour ses passagers que pour lui : derrière son volant, Rachid a prévu le coup et enfilé un jogging sous son jean pour ne pas geler.
Mais à défaut de claquer des dents, elles grincent quand il regarde le PV. Cette amende correspond à peu près à ce que lui rapporte sa journée de travail.
« Aujourd’hui, c’est comme si je bossais gratuitement… »
Car contrairement à un autre chauffeur de la compagnie Athis Car lui aussi verbalisé à la gare, sa société de transport ne devrait pas prendre en charge le PV,
son employeur se retranchant derrière le fait que Rachid n’était pas derrière son volant au moment des faits.
Le conducteur était en effet parti soulager sa vessie.
« Il est descendu, donc il a engagé sa responsabilité sur ce cas-là, estime Anne Brunner, directrice chez Veolia Transport.
Sinon, nous aurions payé à sa place.
Pour cinq minutes, on ne peut pas couper le moteur.
Nous avions reçu des avertissements de la mairie, on comprend que les gens se plaignent du bruit et de l’odeur, mais il faut bien chauffer le bus ! »
Du côté de la mairie, on estime que le temps de la prévention avait assez duré.
« Depuis un an, on demande aux compagnies de cesser ces nuisances à l’arrêt, glisse-t-on au cabinet du maire PS de Brétigny. Durant deux mois, les policiers municipaux sont venus pour l’expliquer aux chauffeurs. Et hier, ils ont organisé un contrôle surprise à une heure où ils ne s’y attendaient pas. Il faut qu’ils comprennent. Les riverains n’en peuvent plus. »
Sauf que les compagnies ne veulent pas être les seules à trinquer.
« On ne va pas payer continuellement, reprend Anne Brunner. Il faut trouver une solution. »