Mais qui est-elle ?
Depuis le 1er novembre, la vie d’Andrée Martin, jeune retraitée de 64 ans qui vit à Vénissieux, près de Lyon, a basculé.
Ce jour-là, Andrée est venue manger dans la Drôme avec Lucien, le “père adoptif “de son époux décédé, Flavien.
“Mon mari a eu une vie assez compliquée et découpée, explique Andrée. Il a été placé à l’assistance publique en 1951, à 12 ans, après la mort de son père.
Sa mère, il ne savait pas vraiment ce qui s’était passé, on lui disait qu’elle était très malade...
C’est comme ça qu’il est arrivé dans la Drôme, à Hauterives et au Grand Serre dans la famille d’accueil de Ginette et Lucien.
Trois ans plus tard, à 15 ou 16 ans, il est parti comme apprenti menuisier chez quelqu’un à Valence, mais il a toujours considéré cette première famille comme sa famille et leurs filles comme ses sœurs...“
La seule victime du crash du 11 septembre 1977
En ce mercredi de novembre, Andrée a la voix qui cahote et les larmes qui perlent.
Assise dans un bar de Chabeuil, venue tout exprès du Rhône, elle tente de raconter du mieux qu’elle peut cette drôle d’histoire qui fait partie de sa vie.
“Après la mort de mon mari, dans l’accident du 11 septembre 1977, à l’aérodrome de Chabeuil,
je suis toujours restée en contact avec Lucien et Ginette.
Elle, est morte l’an dernier, et il y a peu de temps, lui m’a dit qu’une femme me cherchait mais qu’il ne connaissait pas son nom...“
À force d’interrogations, au dessert, le vieux monsieur lâche le fin mot de l’histoire.
Si cette femme recherche Andrée c’est parce qu’elle souhaite savoir où est enterré Flavien.
Ensemble, il y a plus de 50 ans, ils auraient eu un enfant.
“Là ça m’a assommée ! Depuis j’ai un trou dans la tête...
Je me dis qu’il faut à tout prix que je retrouve cette femme, que si ça se trouve son fils ou sa fille ont besoin de savoir des choses sur son père, de pouvoir aller sur sa tombe. Et puis il y a toutes les questions que je me pose...“
Son époux savait-il qu’un enfant de lui poussait quelque part dans le Drôme ? Et cet enfant, connaît-il ou non le secret de sa naissance ?
“Ginette savait tout, mais elle a voulu me protéger et s’est tue... Le jour de l’accident, j’ai vu l’avion tomber, J’avais mon fils aîné dans les bras, il a vu lui aussi. Mon mari est mort après plusieurs jours de coma, je me suis retrouvée jeune veuve avec deux enfants en bas âge, il a fallu se battre pour y arriver “.
Se battre et pourtant, Andrée n’a eu de cesse depuis la mort de cet époux de rechercher tout ce qui peut éclairer son parcours.
Ainsi, en 1991, elle a retrouvé Philomène, la mère disparue, dans un hôpital psychiatrique de la Manche.
“Elle avait été internée dans les années 40 par sa famille, qui n’a jamais accepté son mariage avec le père de Flavien. Elle est morte en 1995, et je l’ai faite enterrer dans le caveau familial “.
Là, elle repose désormais près de ce fils, dont elle avait été séparée depuis toujours.
Une autre réparation.
“Pour moi, c’est juste être humain. C’est pareil pour cette femme que je recherche. Elle a le droit de se recueillir sur la tombe de mon mari. Après tout, ça ne me regarde pas, C’est leur histoire”.
Quelques détails
Flavien Martin est né le 22 février 1939 à Morris Algérie
Il se faisait prénommer Albert (prénom de son père)
Il est décédé le 17 septembre 1977 et repose depuis 1980 dans le caveau familial d’Andrée à Charpenay.
Par hasard, alors qu’elle décrochait des images d’un album pour les montrer dans le cadre de cet article, Andrée a retourné une photographie de son mari, alors âgé de 17 ans.
Au dos est écrit, “Souvenir de mon bien-aimé Flavien, le 29 mars 1956 Signée Danièle “...
Est-ce le prénom de la fameuse petite amie de l’époque??
Les dates en tout cas, coïncident, puisqu’Andrée et Flavien se sont connus en 1960.
Où la joindre??
:arrow:: a.as.mart69@orange.fr