" Je ne sais vraiment pas ce que j’ai pu faire au Bon Dieu pour qu’il m’ait comblé de tant de joie et de tant de musique ! ", écrit Offenbach. Créateur incontesté de l’opérette aux yeux du grand public, inventeur du french cancan, inoubliable auteur des Contes d’Hoffman, il a créé la salle des Bouffes Parisiens il y a très exactement 150 ans.
Né à Cologne d’un père musicien
Né en 1819, Jacques Offenbach est le septième des dix enfants d’un professeur de musique de Cologne et chantre de synagogue, originaire d’Offenbach-sur-le-Main.
Une origine allemande dont il lui sera fait reproche au moment de la guerre de 1870, tandis que les Prussiens l’accuseront toujours d’être bien trop " pro Français "… Le père de Jacques détecte très tôt les talents musicaux de son fils, l’encourage à se produire en public et pour finir l’emmène à Paris.
Admis en 1833 au Conservatoire de Paris après bien des difficultés (la prestigieuse école est interdite aux étrangers), il en part dès 1834, trouvant qu’on s’y ennuie et qu’on n’y apprend rien.
Pour vivre, il obtient une place de violoncelliste dans l’orchestre de l’Opéra-Comique et assure sa formation de compositeur " sur le tas ", en écoutant tout ce qui se joue à Paris.
Pas à pas vers l’opéra
En 1837, Offenbach commence à faire jouer ses valses, avec succès.
Il compose aussi avec Flotow des Morceaux de salon qu’il joue dans les hôtels particuliers parisiens et qui assurent sa notoriété.
Il écrit aussi de petites scènes chantées qui plaisent, donne à Londres une série de concerts appréciés (et dont le succès lui permet d’épouser enfin la femme aimée), fait jouer des poèmes chantés…
En 1850, il devient pour cinq ans le directeur musical de la Comédie-Française mais ne rêve que de l’Opéra-Comique, dans lequel il cherche, en vain, à se faire admettre.
Finalement, fatigué de voir cette scène refuser ses œuvres, il commence à rêver d’un théâtre bien à lui.
La naissance des Bouffes-Parisiens
En 1855, au moment de l’exposition universelle, il réussit à obtenir la concession d’une baraque placée sur le parcours des visiteurs de l’exposition.
Il emporte l’affaire en proposant au ministre de créer un nouveau genre de divertissement " de nature à plaire aux intelligences cultivées et à la masse des spectateurs ".
Baptisé " Bouffes-Parisiens ", le théâtre ouvre le 5 juillet. La salle est minuscule, inconfortable mais les pièces d’Offenbach y connaissent un succès fulgurant !
Après la fermeture de l’exposition universelle, Offenbach transfère son théâtre passage Choiseul, dans des locaux plus vastes qui sont toujours aujourd’hui la propriété des descendants d’Offenbach.
Musicien jusqu’à la mort
Cette nouvelle salle est inaugurée fin 1855 avec Ba-Ta-Clan, une " chinoiserie musicale " qui fait un triomphe. Offenbach multiplie ensuite les opérettes tout en travaillant sur Orphée aux enfers, un audacieux projet d’opéra-bouffe satirique.
Triomphe là encore.
Le compositeur acharné de travail publie vingt-trois nouvelles partitions dans les six années qui suivent ! Puis c’est le succès de La Belle Hélène.
Il continue ensuite de produire à un rythme incroyable une alternance de morceaux de divertissement et d’œuvres plus ambitieuses.
Il écrit d’ailleurs : " J’ai un vice terrible, invincible, c’est de toujours travailler. Je le regrette pour ceux qui n’aiment pas ma musique, car je mourrai certainement avec une mélodie au bout de ma plume ".
C’est effectivement en retouchant une ultime fois la musique des Contes d’Hoffmann sur lesquels il œuvrait depuis des années qu’il va s’éteindre.
Le concierge annoncera le lendemain à un ami du musicien " que M. Offenbach est mort tout doucement, sans s’en apercevoir.
— Ah, lui répond cet ami, il sera bien étonné quand il s’en apercevra. "
Opérette ? Opéra-bouffe ? Opéra-comique ?
Le genre inventé par Jacques Offenbach (1819-1880) n’est pas seulement l’opérette, comme on le croit souvent, mais surtout l’opéra-bouffe.
Petit aperçu des nuances musicales :
– l’opéra, tel qu’il existe après la Restauration en France, se montre de plus en plus grandiloquent ;
– intermédiaire entre l’opéra et la comédie, l’opéra-comique alterne les passages chantés et les dialogues parlés, avec au départ une relative simplicité des formes musicales.
Mais au moment où Offenbach arrive en France, les sujets sont de moins en moins comiques et la musique de plus en plus chargée…
– l’opérette (Offenbach en écrira une trentaine de partitions) est une sorte d’opéra-comique sentimental ;
– l’opera-bouffe se distingue de l’opérette par son ton : celui d’une satire sociale.
Il existait en Italie sous le nom d’opera-buffa (bouffoneries musicales, sans dialogues parlés), mais pas en France où Offenbach eut le génie de l’introduire (Orphée aux enfers,
La Belle Hélène, La Vie parisienne, La Grande-Duchesse de Gérolstein, La Périchole, Les contes d’Hoffmann).