S’endormir au volant, c’est la mort au tournant.
L’an dernier, la somnolence a été à l’origine d’un accident sur trois contre un accident sur six seulement en 1997.
Elle dépasse désormais les deux causes traditionnelles d’accident : l’alcool à l’origine d’un accident sur six et la vitesse excessive qui cause un drame sur dix.
Une étude, commanditée par L’Argus de l’automobile en collaboration avec la Clinique du sommeil confirme le danger que fait courir aux automobilistes cet ennemi insidieux.
Un reporter de la rédaction du magazine s’est prêté à une expérience unique.
Conduire de Paris à Nice (930 km) équipé de 15 électrodes reliées à un boîtier permettant d’enregistrer ses gestes et ses différents états (éveil, somnolence).
Par ailleurs, il était également appareillé, pour la nuit, d’un dispositif spécial afin de détecter d’éventuels signes d’apnée du sommeil.
Les résultats sont effarants : « Un automobiliste dort onze minutes au volant lors de son trajet Paris-Nice sans s’en apercevoir ! »
28 % des conducteurs concernés
Bien qu’il ait accepté toutes les recommandations d’usages pour lutter contre la somnolence au volant (pauses toutes les deux heures, respecter les limites de vitesses, déjeuner léger…), le conducteur s’est assoupi durant son trajet sans s’en apercevoir !
Autrement dit, il a parcouru un total de 24 km, à une vitesse moyenne de 130 km/h, en état de somnolence.
Depuis quatre ans, l’Association des sociétés françaises d’autoroutes (Asfa) se mobilise pour sensibiliser le plus grand nombre de conducteurs au risque de la somnolence au volant.
Elle a mis en évidence que la plupart des accidents surviennent le plus souvent entre 2 et 7 heures et entre 14 et 16 heures, et la moitié sur des trajets de moins de deux heures.
Dans 65 % des cas, le véhicule est seul en cause et fait une sortie de route.
Pour mieux prévenir ce phénomène, l’Asfa a conduit une enquête auprès de 40.000 conducteurs, sous le conseil scientifique du Pr Pierre Philip du CHU de Bordeaux.
Cette enquête révèle que : 28 % des conducteurs ont eu à lutter contre la somnolence au moins une fois dans l’année, 4 % avouent avoir eu un « presque accident » sur l’année écoulée du fait de cet état. Ramené aux 35 millions d’automobilistes circulant chaque année sur autoroute, cela représente environ 1,5 million de conducteurs qui ont été exposés à un « presque accident ».
A la veille des grands départs en vacances, le chiffre fait froid dans le dos.