L'Académie Goncourt -dont la vraie dénomination est «Société littéraire des Goncourt»- se réunira pour la première fois le 7 avril 1900 chez Léon Hennique, 11 rue Descamps, à Passy.
D'après le procès-verbal les «Dix» ne sont alors que sept: Joris-Karl Huysmans, Octave Mirbeau, Rosny aîné et Rosny jeune, Léon Hennique, Paul Margueritte, Gustave Geffroy.
Pour compléter l'assemblée, ils éliront Léon Daudet, en remplacement de son père Alphonse, Elémir Bourges et Lucien Descaves.
Il y eut une autre réunion privée le 9 février 1903, cette fois au domicile de Huysmans, 60 rue de Babylone, pour discuter des statuts après la reconnaissance officielle de l'Académie par un décret du président du Conseil Emiles Combes daté du 19 janvier 1903.
Après la disparition d'Edmond de Goncourt en 1896, une véritable bataille juridique avait opposé la famille Huot de Goncourt aux fondateurs de l'Académie.
Me Chenue, l'avocat de la famille, plaidera en qualifiant l'idée d'Edmond «d'oeuvre stérile d'un révolté appelée à devenir dans l'Armée des Lettres une institution qui tiendrait d'un côté de l'Ecole des Enfants de Troupe et de l'autre du Palais des Invalides».
Défendus par un jeune avocat Raymond Poincaré qui sera élu en 1909 à l'Académie française et en 1913 à la présidence de la Troisième République, les fidèles d'Edmond de Goncourt seront reconnus dans leur droit, au terme des procédures, le 1er mars 1900.
Les fameux dîners mensuels réunissant «les Dix», une expression utilisée par Jules Vallès dans un article d'ailleurs hostile à la fondation de l'Académie, peuvent enfin avoir lieu.
Le premier se déroulera le 26 février 1903 dans un «salon pour noces» du Grand Hôtel, près de l'Opéra, où le célèbre Escoffier règne dans les cuisines.