C’est assez effrayant ce que révèle le professeur Bertrand Guidet.
C’est le président de la Société française de réanimation qui pose, certes en termes réservés, la question suivante : doit-on réanimer les patients âgés de plus de 80 ans ?
Question sous-tendue : est-ce la peine de dépenser autant d’argent pour réanimer les vieux ?
Vu comme ça, on peut y réfléchir.
Si l’espérance de vie continue à s’allonger, le nombre des personnes de plus de 65 ans sera multiplié par trois en 2050.
Et le praticien fait ses comptes : il faudra doubler les capacités de prise en charge à l’hôpital.
En avons-nous les moyens ?
Officiellement on ne pose pas la question qui dérange, mais les faits sont là : 36 % des personnes de plus de 85 ans étaient refusées en réanimation en 2006 contre 23 % des 75-84 et surtout 12 % des 18-44 ans.
Donc priorité aux jeunes.
Autre étude qui fait froid dans le dos et qui portait sur 50.000 personnes de plus de 80 ans dans les hôpitaux de la région parisienne : sur 8 personnes de plus de 80 ans admises aux urgences, deux étaient proposées aux urgentistes et une seule seulement a été admise.
En tenant tout de même compte des paramètres pathologiques de choix, cette sélection drastique qui ne dit pas son nom fait froid dans le dos.
Surtout quand on dépasse soi-même la soixantaine !
Pourquoi cette sélection ?
Réponse des praticiens hospitaliers : manque de places.
La preuve, le cas de cet homme décédé après plusieurs heures d’attente dans un couloir d’hôpital, on n’avait pas trouvé de lit de réanimation autour de Paris pour le secourir.
Aujourd’hui, en fonction de cette sélection clandestine, on peut franchement se demander si admettre en réanimation une personne âgée est une sorte d’acharnement thérapeutique ou au contraire un passeport octroyant quelques années de plus.
Mais à partir de quel âge devient-on l’une de ces « personnes âgées » soumises au couperet de la rentabilité ?
Même seuil pour les hommes et les femmes ?
Avantage aux assurés et aux mutualistes ?
Devrait-on passer devant une commission ayant finalement droit de vie et de mort ?
Aujourd’hui, les médecins urgentistes en ont assez d’être des faucheurs de vie. Avec les moyens qu’on leur attribue, Ils veulent qu’on leur dise jusqu’où aller pour sauver – ou non – les vieux en trop..........