La surdité est un état pathologique caractérisé par une perte partielle ou totale du sens de l'ouïe.
Dans son acception générale, ce terme renvoie le plus souvent à une abolition complète de l'audition.
Dans le langage médical, surdité est synonyme d'hypoacousie.
Pour la perte complète de ce sens, on parle d'anacousie ou de cophose.
Logo symbolisant la surdité
La classification des surdités Surdité de transmission La surdité est qualifiée de transmission quand l'oreille externe ou l'oreille moyenne est touchée, et que l'oreille interne est intacte.
Parmi les principaux problèmes qui entraînent fréquemment des surdités de transmission, notons :
le manque de mobilité du tympan (les causes sont multiples : otite séreuse ou séro-muqueuse, calcification, perforation, cholestéatome ...)
un problème sur la chaîne ossiculaire (ankylose de l'étrier ou otospongiose, luxation d'un osselet, lyse ...)
Surdité mixte La surdité est appelée mixte si elle relève d'un problème de transmission et de perception.
Surdité centrale La surdité centrale se manifeste si les aires auditives du cerveau sont lésées.
Surdité de perception, cette surdité atteint la cochlée ou les voies nerveuses post-cochléaires. L'oreille moyenne et externe est valide.
Barotraumatisme, traumatismes sonores aigus (type explosion) ou chroniques (exposition professionnelle au bruit sur de longues durées sans protection)
Maladie de Ménière
Maladie auto-immune dans certains cas
Neurinome, tumeur des voies nerveuses
Presbyacousie
Prise de médicaments ototoxiques
Syndrome de Waardenburg
La perception auditive est mesurée en décibels (et aussi en décibel HL).
Toute sensation de perte auditive brusque ou dans les heures qui suivent un traumatisme auditif ( de préférence dans les 6 a 12 heures suivant ce dernier) : il est impérativement nécessaire de se présenter à un service d'urgence au plus vite afin qu'un traitement adapté soit appliqué tel que par exemple : hémodilution, oxygénation hyperbare et vasodilatateursPour déterminer le degré de surdité d'une personne, on se base sur les résultats de la meilleure oreille (celle qui a le moins de perte d'audition).
Pour cette oreille, on fait alors la moyenne des pertes pour les fréquences de 500, 1000 et 2000 Hertz.
En dessous de 20dB de perte, l'audition est considérée comme normale.
Pour le reste, on se reporte à la classification établie par le Bureau International d'Audio-Phonologie (BIAP) :
Perte de 20 à 40dB : Surdité légère
40dB représente le volume sonore d'une conversation courante.
La parole normale est perçue mais certains éléments phonétiques échappent à l'enfant.
La voix faible n'est pas correctement perçue. L'enfant peut présenter des signes de fatigabilité, d'inattention, un certain flou de compréhension, des difficultés articulatoires. Au-dessus de 30 dB de perte, si l'enfant est gêné à l'école, l'appareillage est possible.
Perte de 40 à 70dB : Surdité moyenne
60 dB représente le niveau sonore d'une conversation vive.
La parole n'est perçue que si elle est forte.
L'enfant présente des troubles du langage et de l'articulation importants : c'est la compréhension lacunaire.
Entre 55 et 70 dB de perte, les enfants perçoivent la voix forte sans comprendre les paroles : l'appareillage et la rééducation sont alors nécessaires.
Perte de 70 à 90dB : Surdité sévère
80 dB représente le volume sonore d'une rue bruyante.
Certains enfants entendent la voix à forte intensité mais ne comprennent pas les paroles.
L'amplification des sons est insuffisante pour qu'il y ait élaboration spontanée de langage intelligible.
Ces enfants procèdent par désignation de l'objet désiré.
Pour ces enfants, un appareillage, une rééducation et l'utilisation de la lecture labiale sont nécessaires.
Perte supérieure à 90dB : Surdité profonde
100 dB représente le bruit d'un marteau-piqueur ; 120dB celui d'un réacteur d'avion à 10 mètres.
L'enfant n'a aucune perception de la voix et aucune idée de la parole.
Pour une surdité profonde, on recalcule une moyenne des seuils des fréquences 250, 500, 1000 et 2000 Hz, ce qui permet de distinguer 3 sous-catégories :
perte de 90 à 100 dB : surdité profonde premier groupe
perte de 100 à 110 dB : surdité profonde second groupe
perte de 110 à 120 dB : surdité profonde troisième groupe
Pour ces enfants, un appareillage, une rééducation et l'utilisation de la lecture labiale sont nécessaire, ainsi qu'un suivi orthophonique plus rigoureux encore que pour les sourds sévères, car la récupération de données auditives est plus difficile.
Pour les pertes supérieures à 120 dB, on parle de surdité totale ou de cophose : aucun son ne peut être perçu sans appareillage, voire si la personne porte des prothèses analogiques ou numériques.
Dans le cas d'une surdité de perception due à un dysfonctionnement de la cochlée, l'implant cochléaire est souvent l'appareillage le plus efficace pour récupérer le maximum d'informations auditives.
NB : en règle générale, plus la perte d'audition est forte, plus la récupération auditive par le biais de l'appareillage et de la rééducation est difficile, sauf pour les surdités post-linguales (survenues après la constitution d'une zone auditive et linguistique dans le cerveau)
Étiologie de la surdité CongénitaleLa surdité d'origine génétique atteint environ 1 à 3 enfants sur 1000.
Beaucoup de ces surdités n'apparaitront qu'au bout de plusieurs années voire plusieurs dizaines d'années.
Les infections virales ou parasitaires au cours de la grossesse comme la toxoplasmose, la rubéole et la maladie des inclusions cytomégaliques en sont souvent responsables.
Cette dernière maladie est l'infection la plus fréquente chez la femme enceinte en Europe.
Elle atteindrait jusqu'à 2 pour cent des femmes enceintes.
La moitié des fœtus de ces femmes seront atteints par le virus et 10 % des fœtus développeront au bout de quelques années une surdité. Ce virus serait responsable d'un peu plus du cinquième des surdités congénitales.
Les causes génétiques peuvent donner des surdités isolées (un peu moins de la moitié des cas étant dues à une mutation sur le gène GJB2 ou dans le cadre de syndromes malformatifs (syndrome de Waardenburg ou de Pendred).
Parmi les enfants nés sourds, la proportion de gauchers est supérieure à la moyenne.
Ainsi, d'après une étude, la proportion d'enfants sourds gauchers dépasse 20 % alors qu'elle est de 10 % chez les enfants ne présentant pas de surdité.
PostnataleLes maladies comme la méningite peuvent causer une surdité.
La surdité peut être causée par accident : blessure importante à l'oreille ou dégâts dus au souffle d'une explosion. Elle peut également être causée par une exposition à des sons trop intenses sans protections adéquates (barotraumatisme auditif).
Certaines personnes ne sont pas nées sourdes mais le deviennent petit à petit en vieillissant ; c'est ce qu'on appelle la presbyacousie
Par traumatisme sonoreLe bruit entraine une surdité par destruction de l'oreille interne qui survient sous forme d'accident suite à un son de très forte intensité, ou progressivement par exposition prolongée à des bruits trop intenses (avec une corrélation entre le temps d'exposition et le niveau sonore).
Le mécanisme est la destruction progressive irréversible des cellules ciliées de l'organe de Corti dont les premières cellules touchées celles de la perception des sons de fréquence 4000 Hz ce qui explique l'évolution clinique et la nécessité, prévue par la législation d'une surveillance régulière par audiogrammes des salariés qui travaillent au bruit.
L'évolution passe par un stade de fatigue auditive avec une perte auditive dans les 4000 Hz transitoire qui apparait à l'exposition et disparaît au repos.
Puis ce déficit auditif devient permanent et définitif sous forme d'un scotome localisé sur la fréquence des 4000 Hz sans que la personne ne puisse s'en rendre compte car les fréquences de la parole , dites "conversationnelles" sont de 500 à 2000 Hz.
Une troisième phase marque le début de la gêne avec des difficultés de compréhension quand le scotome s'étend et touche les 2000 Hz.
L'évolution se continue par une aggravation de la perte auditive, sans que les fréquences les plus basses soient touchées.
La surdité est reconnue (en France) comme maladie professionnelle au tableau n°42 du régime général de la sécurité sociale et dans le tableau n°46 du régime agricole, dans les deux cas assortie d'une liste limitative des travaux susceptibles de provoquer la surdité reconnue et d'un temps minimum d'exposition de 1 an (réduite à 30 jours pour l'exposition aux bruits violents dans la mise au point des propulseurs, réacteurs et moteurs thermiques). La déclaration et les mesures doivent être fait après 3 semaines de cessation de l'exposition au bruit professionnel et avant 1 an .
La perte auditive doit être supérieure ou égale à 35 dB sur la meilleure oreille, déficit confirmé par une audiométrie tonale et vocale réalisée trois semaines à un an après la cessation de l'exposition aux bruits lésionnels (ce déficit audiométrique moyen de 35 dB est calculé en divisant par 10 la somme des déficits mesurés sur les fréquences 500, 1000, 2000 et 4000 Hz, pondérés respectivement par les coefficients 2, 4, 3 et 1).
Alors que seulement environ 750 surdités professionnelles sont déclarées et reconnues chaque année en France, les enquêtes épidémiologiques pratiquées par les médecins du travail en Europe comme au Québec montrent une atteinte beaucoup plus importante : en France, l'enquête Summer donnait 27% de salariés soumis à un bruit excessif et une autre enquête situe à 21,3% soit 13,5 millions de salariés qui présentent un déficit auditif du au bruit.
Le traumatisme sonore peut agir comme agent aggravant en cas de prise de médicaments potentiellement ototoxiques
Ototoxicité médicamenteuseDe très nombreux médicaments peuvent provoquer des lésions souvent irréversibles au niveau des structures nerveuses de l'oreille entraînant une baisse, parfois sévère, des capacités auditives.
Cette toxicité dépend de la dose et de la durée des traitements et elle est variable d'un sujet à l'autre ; elle est aggravée par une mauvaise élimination du produit incriminé (insuffisance rénale par exemple).
Antibiotiques de la famille des aminosides. Cet effet ototoxique peut survenir après administration parentérale (intraveineuse ou intramusculaire), orale, locale ou par aérosols.
Antibiotiques de la famille des macrolides (érythromycine) quand ils sont administrés par voie intraveineuse : perte d'audition habituellement réversible est fréquemment associée à des acouphènes.
Vancomycine à fortes doses, elle est responsable d'une perte auditive généralement irréversible.
Salicylés et autres anti-inflammatoires non stéroïdiens pris à forte dose et sur une longue durée : acide acétylsalicylique (aspirine), phénylbutazone et ses dérivés, diclofénac, ibuprofène, indométacine...
Diurétiques (furosémide, acide éthacrinique, bumétanide) avec ototoxicité dose-dépendante, habituellement réversible à l'arrêt du traitement.
Chimiothérapie : Cisplatine, vincristine, moutardes azotées, vinblastine, carboplatine, bléomycine ont une ototoxicité importante.
Antipaludéens : quinine et chloroquine sont ototoxiques si la durée du traitement dépasse plusieurs mois.
Autres médicaments plus rarement : antiarythmiques béta-bloquants (propranolol, metoprolol), carbamazépine, acide valproïque, médicaments anti-ulcéreux (cimétidine, oméprazole), certains opiacés morphiniques, antidépresseurs tricycliques, IMAO, anxiolytiques (famille des benzodiazépines).
Handicap mal exprimé De nos jours, en France, il y a souvent des imprécisions sur l'handicap avec sourd et malentendant : Un sourd peut être un ancien entendant et un malentendant, une personne âgée possédant un ou deux appareil(s) auditif(s).
Pour un sourd oraliste, ce n'est pas toujours évident malgré sa parole orale qui fait croire que c'est un malentendant, soit un devenu-sourd que pourrait croire un entendant.
C'est le même cas pour un malentendant.
La déception, la colère inexprimée... dominent souvent le corps d'un sourd.