Après les avoir longtemps soupçonnées, des chercheurs britanniques viennent de prouver l’implication de deux bactéries communes dans les morts subites inexpliquées du nourrisson. Leur découverte, publiée ce vendredi dans la revue médicale «Lancet», permettra de mieux comprendre et de prévenir ce cauchemar de parents.
Première cause de décès chez les bébés
Selon les médecins, le syndrome de mort subite du nourrisson (MSN) «est défini comme le décès soudain d'un jeune enfant, inattendu de part son histoire, demeurant inexpliqué malgré les examens réalisés après la mort.» C’est la première cause de décès chez les enfants de moins de un an.
546 autopsies
De 1996 à 2005, Martin Weber et ses collègues du Great Ormond Street Hospital for Children de Londres (Royaume-Uni) ont autopsiés les corps de 546 nourrissons morts subitement.
Ils les ont ainsi catégorisées en trois groupes selon les cause probables de décès: non infectieuse (insuffisance respiratoire...) , infectieuse (méningite ou autre), et inexplicables.
Les chercheurs ont ensuite recherché la présence dans les tissus des nourrissons de bactéries peu pathogènes.
Bactéries surreprésentées
Ils ont ainsi constaté la présence de bactéries de type Staphylococcus Aureus ou Escherichia Coli dans 24% des cas de mort subite (MSN) attribués à une cause infectieuse; plus étonnant, 19% des cas de mort subite «inexplicables» étaient infectés par l’une des deux bactéries contre seulement 11% des MSN explicables par une cause non infectieuse.
Selon Weber et ses collaborateurs, cette «surreprésentation» de S. Aureus et E. Coli dans les cas de MSN inexplicable indique que ces bactéries jouent un rôle significatif dans ce syndrome.
Mais les chercheurs ne savent pas exactement lequel.
La piste des toxines
Marian Malone, qui a participé à l’étude, suggère que ce sont les toxines produites par les bactéries qui, en s’accumulant dans les voies aériennes supérieures, provoquerait la mort.
Bien qu’elle reste encore à vérifier, cette hypothèse permettrait également d’expliquer pourquoi le couchage sur le ventre –qui augmente la concentration de pathogènes dans les voies supérieures- et le tabagisme maternel –qui diminue les défenses immunitaires du bébé- sont eux aussi des facteurs favorisant la MSN.