L’excès de sel tuerait 35.000 personnes par an

Les dangers de l’excès de sel sont connus depuis 1969.
Les recommandations de l’Organisation mondiale de la santé sont sans appel et enjoignent aux pouvoirs publics deréglementer de façon urgente la réduction du taux de sel dans les aliments issus du secteur agroalimentaire. Pourtant rien...
On aurait cru ces petits grains, empreints de poésie maritime, inoffensifs. Pourtant, au-dessus de 5 grammes de sel par jour et par personne, comme le préconise l’Organisation mondiale de la santé, les risques pour la santé sont avérés : hypertension, maladies cardio-vasculaires figurent en tête du palmarès.
Plus de 10 millions de Français sont concernés par ces pathologies.
Quant à l’excès de sel, « en France, il est responsable de 100 morts par jour, soit plus de 35.000 morts par an », explique Pierre Meneton, chercheur à l’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale).
Cet expert de l’hypertension, qui fut attaqué par le Comité des salines pour avoir dénoncé le poids des lobbies, a obtenu gain de cause le 13 mars au tribunal correctionnel de Paris.
Aujourd’hui, il persiste et signe.


Décès évités

Comme lui, des experts du monde entier tentent de faire entendre leurs voix… alarmées.
En France, en Europe, aux Etats-Unis, environ 90 % de la totalité du sel se dissimule dans les produits alimentaires.
« Toute diminution des apports en sel dans ces pays exige la collaboration de l’industrie agroalimentaire, pour réduire très progressivement les teneurs en sel de tous les aliments auxquels il est ajouté à l’insu du consommateur.
Certains secteurs de l’industrie agroalimentaire sont peu désireux de collaborer, car le sel est un ingrédient bon marché, capable de donner de la saveur aux aliments les plus immangeables pour un coût à peu près nul », explique le Pr anglais Graham MacGregor dans le dernier rapport de l’OMS.
Selon lui, une réduction de moitié des apports en sel « entraînerait une baisse de 24 % des attaques cérébrales et (…) éviterait chaque année environ 2,5 millions de décès ».

Aussi, les données scientifiques existantes devraient fortement inciter « les Etats membres de l’OMS à élaborer d’urgence des politiques en la matière ».
Pour y parvenir, « il est primordial de procéder à l’étiquetage des produits alimentaires transformés », et
« d’élaborer des directives claires sur la conception et l’application des textes réglementaires ou législatifs visant à réduire les apports alimentaires en sel ».
En France, à la suite de ces recommandations, une charte d’engagement nutritionnel a été mise en place en février 2007, sous l’égide du ministère de la Santé, afin d’inciter les entreprises agroalimentaires à réduire l’apport en sel dans les aliments.
Un an après cette initiative, une entreprise est labélisée et douze candidats seulement ont déposé un dossier. Autrement dit, un succès !
C’est aujourd’hui la seule initiative française de sensibilisation à destination de l’industrie agroalimentaire…