Nombre de messages : 46730 Age : 58 Date d'inscription : 20/02/2005
Sujet: La Traversée de Paris Dim 9 Déc - 21:51:29
La Traversée de Paris est un film franco-italien, réalisé par Claude Autant-Lara, sorti sur les écrans en 1956.
Durée : 82 min Genre : Comédie Dramatique
histoire
En 1943 à Paris, pendant l’occupation allemande, Martin est un chauffeur de taxi au chômage qui gagne sa vie en livrant des colis pour le marché noir. Le soir même, il doit transporter à pied quatre valises contenant un cochon découpé à l’autre bout de la capitale. Il se rend dans la cave d’un nommé Jambier et y joue de l’accordéon pendant qu’on égorge l’animal. Ceci fait, il se dirige avec sa femme Mariette vers le restaurant où il doit retrouver son complice. Il y apprend que celui-ci vient d’être arrêté par la police. Un inconnu entre alors dans le restaurant et, sur un malentendu, craignant qu’il ait glissé un rendez-vous à sa femme, Martin l’invite à partager son repas et travailler avec lui. Ce choix s’avère vite calamiteux, car ce nouveau personnage, un certain Grandgil, est loin d’être docile. Il s’octroie tout d’abord une substantielle augmentation de salaire en terrorisant le malheureux Jambier. Puis, il détruit les bouteilles d’un bar où les deux complices se sont réfugiés de la police et traite les tenanciers de « salauds de pauvres ». Il va même jusqu'à assommer un policier dans le quartier où habite Martin. Et lorsque, fuyant une patrouille allemande, ils finissent par se réfugier dans l’appartement de Grandgil, c’est avec stupéfaction que Martin, découvre qu’il s’agit d’un peintre d’une certaine renommée qui ne l’a suivi que pour se distraire. Poursuivant néanmoins leur chemin, ils arrivent enfin à l’adresse de la livraison mais trouvent la porte close. Ils produisent alors un tel tintamarre que la police intervient. Dans la Kommandantur où ils sont emmenés, un officier allemand reconnaît le peintre Grandgil. Il s’apprête à les faire relâcher lorsqu’on annonce l’assassinat d’un colonel. L’officier allemand ne parvient à sauver in extremis que Grandgil tandis que Martin, lui, part en déportation. Les années passent, Paris est libéré, et nous retrouvons Grandgil sur un quai de la gare de Lyon suivi par un porteur de valises. Du haut de la fenêtre du wagon, Grandgil reconnaît soudain Martin portant, comme toujours, les valises des autres.
Distribution
Jean Gabin : Grandgi
Bourvil : Marcel Martin
Louis de Funès Jambier
Jeannette Batti : Mariette Martin
Jean Dunot : Alfred Couronne
Robert Arnoux : Marchandot
Georgette Anys : Lucienne Couronne
Monette Dinay Madame Jambier
Myno Burney : Angèle Marchandot
Jacques Marin : le patron du restaurant
Autour du film
Le choix de Bourvil pour le rôle de Martin fit l’objet d’une opposition si violente de la part de Marcel Aymé qu’il finit par inquiéter la production. Claude Autant-Lara, qui tenait à son choix, dut diminuer son budget de plus de 50 %, renonçant ainsi à la couleur, pour obtenir toute liberté quant au casting. Marcel Aymé reconnut par la suite son erreur concernant Bourvil, ajoutant de plus : « C'est vraiment la toute première fois qu'on ait fait au cinema quelque chose tiré d'un de mes livres qui soit non seulement bien, mais d'une très grande qualité. Et dans ce cas particulier, ce n'était pas facile ». Avant ce chef d’œuvre, André Bourvil n’avait jamais travaillé avec Jean Gabin. Leur première scène fut justement celle de la première rencontre entre Martin et Grandgil. Lorsque Gabin rentre (de dos) dans le bistrot et lance un ‘Bonsoir’ inquiétant : l’acteur Bourvil était terrifié… L’ équipe technique est visible à deux reprises dans le film. Lorsque Jeannette Batti tend un savon à Jean Gabin au début du film : on peut parfaitement voir, l’espace d’une seconde, l’ombre portée de la caméra sur l’actrice. Lorsque André Bourvil aperçoit Jeannette Batti qui s’apprêtait à le quitter, Gabin sort de l’immeuble seul. Lorsque Gabin quitte le couloir : on voit très clairement qu’un assistant referme la porte derrière lui… Au crépuscule de sa carrière, Claude Autant-Lara réalisera une remake inavouée de La Traversée de Paris. Massacré par la critique, le film sera pourtant excellent … et d’une très grande noirceur. Il s’agit du film Les Patates réalisé en 1969 avec Pierre Perret et Henri Virlojieux. La colorisation d’un film comme La Traversée de Paris est une parfaite ineptie. Le budget serré du film encouragea Max Douy (célèbre chef décorateur) à réaliser des quartiers entier de Paris en studio. Les influences expressionnistes de l’artiste (déjà visible dans d’autres films) explosent dans certaines séquences de La Traversé de Paris. De plus, le film est certainement l’une des visions les plus justes et les plus saisissantes de la période de l’occupation au cinéma. La force du traitement réside évidemment dans la présence d’un noir et blanc très contrasté et inquiétant… Les retrouvailles finales gare de Lyon, minutées par le départ du train de Grandjil, sont d'une très grande émotion. Cette issue désabusée, que Claude Autant-Lara aurait attendu cinq ans avant de tourner (il avait acquis les droits en 1950), se démarque complètement de la nouvelle de Marcel Aymé dans laquelle Grandjil est tué par Martin qui incarne l'honneur du prolétariat contre le cynisme d'une bourgeoisie oisive. Autant-Lara et Bourvil tourneront trois ans plus tard une autre adaptation de Marcel Aymé : la jument verte.
Distinctions
Prix d'interprétation masculine (coupe Volpi) pour Bourvil à la Mostra de Venise en 1956. Prix du meilleur film par le syndicat français de la critique du cinéma 1956. Nomination pour le Lion d'or de la Mostra de Venise 1956 (Cette même année aucun Lion d'or ne fut décerné). Nomination pour Jean Gabin au BAFTA 1957 dans la catégorie « meilleur acteur étranger » (Prix attribué à Henry Fonda pour Twelve Angry Men). Prix Méliès en 1957.