Saint-Germain-de-Pasquier (Eure) peut se targuer d’un record. Ce village abrite le plus petit hôtel de ville de France. Ce qui oblige les élus à quelques contorsions !
C'est une pièce de 8 m2 qui offre l'espace d'une piaule d'étudiant fauché mais peut accueillir, s'ils se serrent un peu, les onze élus du conseil municipal.
« Plus la secrétaire », s'engage Laurence Laffillé, 58 ans, maire (sans étiquette) de Saint-Germain-de-Pasquier.
Cette bourgade de 140 habitants dans l'Eure abrite, rue de l'Église, la plus petite mairie de l'Hexagone comme le certifie le livre Guinness des records et le rappelle un panneau à l'entrée de la commune.
« On y tient beaucoup, c'est notre fierté. Je suis née dans ce village. Cette mairie, je l'ai toujours connue, elle fait partie de nous, on l'aime. Quand on se réunit, on n'a pas l'impression d'être à l'étroit », sourit la première magistrate qui brigue, en mars, un second mandat.
Le casse-tête des mariagesComme la place est chère, tout a été pensé pour gagner le moindre centimètre avec, notamment, l'usage de strapontins. La table centrale est pliable.
Les classeurs sont toujours à portée de main.
Ici, la maire ne dispose pas de bureau à elle.
Lors de la célébration d'un mariage, le nombre de convives est forcément très limité à l'intérieur : les mariés, leurs témoins, leurs parents.
« Et généralement un photographe qui se faufile », glisse-t-elle. La plupart des invités suivent donc la noce dehors, « par la fenêtre ».
Cette drôle de maison communale à la toiture en tuiles normandes et aux murs en briquettes rouges fait aussi bureau de vote.
A la fois bureau de vote et curiosité touristique« Derrière la porte d'entrée, il y a un angle entre les murs dans lequel est intégré l'isoloir avec un rideau. On a un petit meuble à l'intérieur sur lequel trône d'ordinaire la cafetière », décrit l'élue qui, ce soir, présentera ses vœux à ses administrés… à la salle des fêtes de la commune, un peu plus grande, juste à côté.
Avant d'être métamorphosée en modèle réduit de mairie il y a un bon siècle, la bâtisse était une chapelle édifiée au milieu du XIXe siècle, à proximité d'une fontaine à eau baptisée Sainte Clotilde et réputée pour ses bienfaits contre les rhumatismes.
Une source miraculeuse également aux yeux des fidèles catholiques qui venaient en pèlerinage, d'où la construction du lieu de culte.
Mais en 1910, cinq ans après la séparation de l'Église et de l'Etat, celui-ci a été désacralisé puis aménagé en mairie.
« A l'époque, le maire devait réunir son conseil municipal chez lui », raconte Laurence Laffillé.
Au fil des décennies, la maisonnette de trois mètres de long est devenue une curiosité touristique — dont on fait assez vite le tour — bien plus célèbre que le four à pain du XVIIIe siècle.
Les visiteurs n'hésitent pas à frapper à la porte de la mairie lilliputienne pour la découvrir de l'intérieur, gentiment guidés par la secrétaire.
le parisien